L’Art de prendre les gens pour des...
Depuis le 22 avril, Crédit Mutuel et le CIC jouent les Saints-Bernard du Covid 19... ! Et, à grands renforts d’opérations de communication, Théry et Baal sur les ondes ou sur les réseaux, partout dans la presse, font passer le crédit mutuel pour La banque généreuse, altruiste, presque... mutualiste !
A noter, en particulier, le très beau numéro de Tartuffe de Daniel Baal sur RMC avec son ami Jean-Jacques Bourdin.
L’Art du contre-pied...
De quoi s’agit-il ? En plein débat entre pouvoirs publics et assureurs sur la prise en charge d’une partie des pertes causées aux entreprises par le confinement sanitaire, voilà-ti-pas que nos deux apôtres, le cœur en bandoulière et la larme à l’œil, viennent annoncer, prenant à contre-pied toute la profession, que le crédit Mutuel et le CIC allaient débloquer un pactole de 200 millions d’euros pour soutenir leurs clients professionnels et prendre en charge leurs pertes d’exploitation. Boum ! Deux cents millions, comme ça ! Par bonté d’âme...
C’est le Télégramme, journal breton acquis à la cause alsacienne ( eh oui !) qui le dit.
Et ils en sont très, très fiers, les bougres ! Le Directeur général du CMAF et du CIC, ancien pied nickelé de la petite reine, dopé au mutualisme débridé n’en peut plus d’être trop content de lui !
Le grand Art de la carabistouille....
Mais quand même... quand on connaît un peu ces gens, on est comme mal à l’aise devant tant de civisme bruyamment exhibé... Comme dit leur copine Martine : mais il est où le loup ?
Les responsables du crédit mutuel alsacien ont toujours considéré que le mutualisme version bancaire était une propriété privée. La leur. Ils ont ainsi raflé la quasi intégralité des groupes de crédit mutuel régionaux pour les mettre en rangs par deux dans leur compte d’exploitation. Leur manquent le Crédit Mutuel de Bretagne, le Crédit Mutuel du Sud-ouest et celui du Massif central. Pour ce dernier, c’est réglé depuis peu. Il est désormais intégré, au prix d’ailleurs d’un véritable braquage. Pour les deux autres, le processus est en route mais ça coince... Et donc, quand on sait qu’il n’y a pas moins généreux que le CMAF, ça paraît bizarre, cette générosité....
La perplexité n’a pas tardé à être éclairée puisque après que toute la presse nationale, y compris les grandes stations de radio et les principales chaînes de TV a fait larges places au président du CMAF, également président de la Confédération nationale du crédit mutuel, les assureurs gratouillés au portefeuille et passant pour des gens-sans-coeur se sont rebellés observant qu’en réalité cette prétendue générosité était une arnaque.
Et voilà, ce que Patrick Evrard, Président d’Agéa, la Fédération nationale des syndicats d’agents généraux, écrit à l’Etat français et à son « Autorité de contrôle prudentiel et de résolution » (ACPR), en gros, les services de contrôles de la Banque de France.... avec en copie la Présidente de la Fédération française de l’assurance :
« ...nous avons regretté que les communications du groupe Crédit Mutuel-CIC et les messages commerciaux de leurs réseaux respectifs laissent à penser que les garanties de perte d’exploitation seraient couvertes. Même si la lettre, très subtile, du communiqué de ce groupe bancaire pour le compte de leur filiale assurantielle est précise sur cet aspect contractuel. Le discours commercial des conseillers clientèles n’est pas aussi subtil. Nous craignions que cette initiative entraine des actions équivalentes et préjudiciables d‘autres entreprises du secteur bancaire »
et le Président de l’Agéa de poursuivre :
« ...il est apparu que les contrats des Assurances du Crédit Mutuel (ACM) couvriraient bel et bien les pertes d’exploitation. Nous savons que vous êtes saisi de cette situation, qui si elle était avérée, serait moralement choquante et juridiquement extrêmement grave. Si ces faits étaient avérés, le groupe Crédit Mutuel – CIC, sous le vernis d’une communication solidaire exemplaire, serait en train de désintéresser des assurés professionnels de l’application de garanties auxquelles ils auraient droits ».
L’Art du contre-feu...
En réalité, la prétendue générosité et solidarité du CMAF dans le contexte d’une France dans l’angoisse, n’est qu’un habillage pour éviter d’échapper aux conséquences financières très lourdes d’une bévue. En réalité les clauses disent bien qu’en cas de pandémie, les contrats des assurances « Acapulco » couvrent les pertes d’exploitation ... Car elles ne disent pas l’inverse !
En clair, le Crédit mutuel et le CIC aurait monté toute cette opération pour éviter que ses clients et assurés fassent jouer une clause de leur contrat « Acajou » dont l’application se traduirait par des centaines de millions d’euros d’indemnisation, en faisant croire à une disposition solidaire et généreuse... genre « prime de relance mutualiste » ! La triste blague de nos arnacoeurs !
Car, le contrat ACAJOU en son article 17.1 « Garantie de base », précise que l’assureur couvre :
« les pertes pécuniaires que vous pouvez subir du fait de l’interruption ou de la réduction de votre activité »
, même résultant
« d’une mesure d’interdiction d’accès émanant d’autorités administratives ou judiciaires, prises à la suite d’un événement extérieur à votre activité et aux locaux dans lesquels vous l’exercez ».
Or, ni les exclusions de la garantie (article 17.4) ni les exclusions générales (article 29) n’excluent nommément comme savent pourtant si bien le faire les assureurs, les situations de pandémie, d’épidémie ou de risque sanitaire !
Par conséquent, la garantie doit naturellement s’appliquer même si Nicolas Théry, ne craint pas d’affirmer « qu’en droit, la pandémie n’est pas couverte par la garantie perte d’exploitation ». Monsieur Théry, le droit ne prévoit pas cette exclusion. Mensonge ou incompétence ?
D’après les propres déclarations du CMAF, 27 000 clients seraient assurés en perte d’exploitation par le contrat Acajou. Eh bien ! Tous auraient d’ores et déjà reçu un courrier de leur banque expliquant cette bonne fausse bonne nouvelle de l’attribution d’une « prime de relance mutualiste ». Une lettre dont ils doivent accuser réception en la signant, actant sans que cela soit clair, qu’ils acceptent cette prime, en lieu et place d’une indemnisation légitime. Des indemnités légitimes qui d’après les assureurs de la place aurait coûté au groupe alsacien au minimum un à deux milliards d’euros. Allez ! On tope là pour deux cents bâtons ?
Et voilà ! Le mutualisme à l’état pur et en démonstration !
L’Art du trompe-l’œil
Joli tour de passe-passe ! la clause dangereuse oubliée et la cata évitée contre 200 millions... le tout habillé des atours de l’acte mutualiste par une jolie opération de communication.
Alors rien d’étonnant que le même président de l’Agea demande, dans son courrier, à l’ACPR :
« ...de mener toutes les investigations nécessaires pour mettre fin et, le cas échéant, sanctionner ces actions inexactes, déloyales, trompeuses et préjudiciables aux clients des Assurances du crédit mutuel et au secteur tout entier ».
Prolongeant son propos, indigné :
« Au regard des pratiques commerciales, dans la continuité des éléments développés ci-dessus, nous portons à votre connaissance que des agences bancaires du groupe Crédit Mutuel – CIC ont engagé des campagnes commerciales organisées visant à joindre leurs clients professionnels bancaires non assurés auprès des ACM. Des scripts commerciaux sont développés pour indiquer aux clients que les contrats d’assurances des professionnels proposés par les ACM prendraient bien en compte la perte d’exploitation contrairement à leur contrat d’assurance actuel. L’objectif de ces démarches est bien évidemment de préparer un transfert du contrat au profit des ACM. Ces pratiques inexactes, déloyales, trompeuses et anticoncurrentielles doivent cesser ; elles seraient, en temps normal, graves mais, en ces temps de crise sanitaire, elles sont extrêmement choquantes ».
Et concluant :
« Compte-tenu de la gravité des faits, une réponse prompte et publique est nécessaire ».
L’Art de la « faire à l’envers »
Mais revenons à ce qui pour l’instant est la seule vraie préoccupation du CMAF et de sa filiale, la CNCM. Quelle préoccupation ? Faire main basse sur le groupe Arkéa qui regroupe les deux fédérations de crédit mutuel qu’il n’a pas encore réussi à s’approprier. La presse ayant commencer ses jours derniers à faire état de son tour de passe-passe, le CMAF a craint que cela fasse tache ... et comme la meilleure défense c’est l’attaque, faisant fi de toute morale, le collectif des « Présidents lucides du Crédit Mutuel Arkéa « composé d’une petite poignée d’administrateurs du CMB et du CMSO, est, tel un diable, ressorti de sa boîte. Ce collectif, créé et animé par Nicolas Théry, est constitué d’une escouade de promoteurs de la cause alsacienne et affidés de l’organe centralisateur du crédit mutuel. Il émet, anonymement, depuis plusieurs années des pamphlets et fake News contre Arkéa en tentant de déstabiliser ses dirigeants et administrateurs. Et, donc, devant le danger de voir l’image de leurs champions et donneurs d’ordre alsaciens un peu écornée par cette affaire, il a soudainement repris du service en diffusant, toujours aussi anonymement, à tous les administrateurs du Groupe Arkéa trois articles.
Le premier est un billet émis sur le site d’opinion Agoravox. Il est titré, comme c’est étrange ! : « Le Crédit Mutuel de Bretagne (Arkéa) lâche les entrepreneurs bretons ! ». L’auteur anonyme reproche au Groupe Arkéa d’avoir refusé de s’associer à la bonne action du CMAF. Or, d’abord il semble que cela ne lui ait jamais été proposé et... quand on voit la tête de la bonne action, ça fait froid dans le dos !
Le second, est un article du Monde - excusez du peu ! - co-signé par l’économiste Daniel Cohen et le penseur Nicolas Théry qui expliquent la beauté d’un nouveau monde où la coopération et la solidarité seraient reines...
Le troisième est une interview du même Saint Nicolas qui explique modestement le sens du geste généreux du CMAF et du CIC envers les entrepreneurs...
L’objectif de cette belle composition ? Placer un écran de fumée sur les pratiques douteuses du CMAF en dénigrant, en même temps et sans le moindre fondement, Arkéa dont la presse avec moins de tambours et trompettes, c’est vrai, a pourtant fait état des actions, réelles et sérieuses, pour soutenir ses sociétaires ( www.ouest-france.fr/bretagne/coronavirus-le-groupe-bancaire-arkea-deja-accorde-5-000-prets-garantis-par-l-etat-6814905 ). Même le Télégramme le dit aussi. En bref, soit...
C’est ce que l’on appelle de la malhonnêteté intellectuelle.
Ah ! Dernière précision : ces trois articles placés, sous format électronique, en attachement à un mail de ce fameux collectif indigne d’anonymes, ont été numérisés, pour pouvoir donc être diffusés par mail, par... des cadres de la Confédération nationale du Crédit Mutuel !
Des artistes, on vous dit...
Bernard et Jean
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