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Accueil du site > Tribune Libre > L’Effet John Carter

L’Effet John Carter

L'effet John Carter c'est un surprenant décalage entre des éléments objectifs qui auraient dû assurer le succès et un comportement de masse (à travers plusieurs continents) qui vient battre en brèche ces prévisions. Une analyse. 

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Je vais parler du film « John Carter » et la première gageure est de faire comprendre en quoi ce film peut faire débat. Le titre « John Carter » en lui même est un des aspects du problème : personne ne met sous ce nom assez banal la saga épique avec effets spéciaux qui a coûté si cher à Disney. Mon propos est de revenir sur un film qui a reçu de bonnes critiques des professionnels et d'assez bonnes critiques du public en sortie des salles et qui a disparu des salles précocement suite à la désaffection du même public ; ceux qui ne mettaient aucun contenu sous le titre « John Carter ».

Revenons à ce qu'est ce film. Les studios Disney ont confié à A. Stanton (Le monde de Nemo) le soin de réaliser un film à grand spectacle à partir du roman d'Edgar Rice Burroughs (Tarzan) . Voici un résumé de l'action : le film se déroule sur la planète Barsoom, peuplée de tribus guerrières et d'extraordinaires créatures. Tiré du premier livre du « Cycle de Mars » d'Edgar Rice Burroughs, le film raconte le fascinant voyage de John Carter, qui se retrouve transporté sur Barsoom, au cœur d'une guerre mystérieuse entre les habitants de la planète. Parmi tous les êtres étranges qui peuplent cet univers, il fera la connaissance de Tars Tarkas et de la captivante princesse Dejah Thoris. Dans ce monde sur le point de disparaître, Carter va découvrir que la survie de Barsoom et de son peuple est entre ses mains…

 Par rapport à nombre de productions cinématographiques dont le scénario tient sur un timbre poste je dirais que l'histoire (le scénario) n'est pas le point faible du film « John Carter ». D' ailleurs, les critiques ont été plutôt bonnes. Je renonce à reproduire ici les nombreuses critiques très favorables au film qui ont été publiées. Voici, une reproduction des votes sur le site « Allo ciné » :

http://www.allocine.fr/film/fichefilm-137263/critiques/spectateurs/recentes/

Nous sommes à l'époque des sondages et je suis sûr que les candidats auraient été heureux de tels votes.

Pourtant, à l'arrivée la perte financière de Disney tourne autour de 150 à 200 millions de dollars et le patron de Disney, Rich Ross a été contraint de démissionner devant le fiasco. Alors, que s'est-il passé ? Je constate autour de moi qu'il n'y a pas un grand intérêt pour ce cas. Je confesse que mon intérêt pour les affiches m'avait sensibilisé à la sortie prochaine du film (sorti en France début mars) et que c'est sans doute le point crucial : il y a eu ceux qui attendaient la sortie du film et ceux, bien plus nombreux qui seraient allé voir le film si l'existence d'une telle production leur avait été connue et associée au titre « John Carter ».

Bon, j'ai essayé d'être concis. Ce qui m'intéresse c'est ce défaut de fréquentation d'une minorité silencieuse malgré 100 millions de dollars de communication. On est tenté d'applaudir et une certaine jouissance est perceptible sur certains sites qui relatent le fiasco. Je ne m'en satisfait pas. La question posée est celle des vrais relais de l'opinion. Je parle de l'opinion qu'on se fait, analogue à la rumeur.

Je vais tenter un parallèle risqué : il me semble que Sarkozy a commis quelques bévues qui risquent de lui coûter le pouvoir sur une question de relais d'opinion très comparable à ce que j'appelle : l'effet John Carter. Saturés d'informations, saoulés par les sondages (politique) et les critiques (spectacles) nous ne pouvons plus étudier l'offre disponible et nous déléguons. Nous nous méfions aussi de ces sondages et de ces critiques qui, justement, pourraient simplifier nos choix. Qu'est-ce qui détermine donc nos choix ?

Nous sommes très déterminés par un bouche à oreille qui se laisse guider par les marques de nouveauté. Une autre erreur des studios Disney est, en effet, d'avoir voulu jouer sur une sorte d'effet de surprise en refusant de présenter l'histoire et en basant leur communication sur peu de scènes spectaculaires. Ce faisant ils n'ont permis une attente et un buzz que chez les passionnés de films à effets spéciaux ; les autres restant « hors jeu ». Le titre banal « John Carter » ne véhiculait rien de cette nouveauté que je crois cruciale.

http://www.allocine.fr/film/fichefilm-137263/box-office/


 


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9 réactions à cet article    


  • Marc Chinal Marc Chinal 1er mai 2012 15:02

    Bonjour,
    je ne suis pas allé voir le film faute de temps, mais je trouve votre analyse très juste.
    Bravo.


    • yoananda 1er mai 2012 15:30

      peut être qu’on peut invoquer plusieurs raison ?

      • raté de communication
      • saturation de film « grandioses », mais tous sur le même moule, sans aucune originalité, ca fini lasser
      • des choses plus importantes dans l’actualité, comme la crise de la dette
      • disney ne fait plus rêver « par défaut » a force de scénario débiles pour enfants attardés « je suis le gentil, t’es le méchant » ils se font bouffer par les autres

      juste « comme ca », je n’en sais trop rien dans le fond, mais j’ai une certaine jubilation oui, je n’aime pas trop leurs productions.


      • Tiaphael Tiaphael 2 mai 2012 10:10

        « disney ne fait plus rêver »par défaut« a force de scénario débiles pour enfants attardés »


        heu… ça a pas mal évolué ça, surtout depuis l’arrivé de Pixar. C’est pas du David Lynch mais en dehors de quelques ratés (Cars), c’est souvent pas mal écrit pour des films qui s’adressent aux plus jeunes. Les films sont bien plus drôles et les personnages plus aboutis que du vivant de Walt Disney, et ils ont une longueur d’avance sur leur concurrent directe Dreamwork, plutôt tourné vers la pantalonade bruyante et régressive (Shreck). Chez Disney Il y à même des perles que je revois sans complexe, comme Monstre & Compagnie.

        Pour John Carter je pense simplement qu’ils voulaient se tourner vers un public plus adulte et ont délaissé l’habituel matraquage publicitaire (série animée et jouets notamment) qui aurait rendu le personnage plus populaire. et DIsney ou pas les deux monstres qu’on voit sur les affiches n’ont pas du inciter les parents à tenter l’expérience avec leurs gamins, ils devaient se souvenir du traumatisme de Jurassic Park !!


      • fredleborgne fredleborgne 1er mai 2012 19:56

        Les effets spéciaux semblent supers. J’ai lu john Carter enfant, et j’ai dévoré tous les tomes, comme les tarzans classiques et les « Tarzan et Pellucidar ».
        Je n’aime pas la « machine Disney » et je sais qu’elle s’en remettra. Le livre d’Edgar Rice Burrough est toujours aussi bon, l’auteur est mort donc ne gagnera rien au succès ou pas du film.
        Je verrai néanmoins ce film un jour ou l’autre sur une grande télé, peut-être après avoir lu le livre pour apprécier le travail des créateurs informatiques. Mais j’ai bien peur que le scénario soit nase, comme la plupart des scénarios disney, qui a tellement débiliser des générations qu’on avait oublié ce qui se cachait derrière ce « nom banal ».
        C’est quand même sympa d’essayer de sauver les meubles, et c’est vrai, en France, le film, sans vraiment cartonner n’a pas été la débâcle comme en amérique. 


        • diverna diverna 1er mai 2012 20:39

          Je n’ai pas lu les bouquins d’Edgar Rice Burrough mais il a été dit que le film est fidèle. Pas si facile de voir le film maintenant avec le streaming en sursis !


          • lulupipistrelle 2 mai 2012 02:56

            Bien résumé..

            D’autant plus qu’une grosse partie du public ciblé , les geeks, se sont affranchis avec les jeux de Bethesda, et ne supportent plus de la morale gnan-gnan des productions Disney


          • Tiaphael Tiaphael 2 mai 2012 10:18

            non mais sérieux vous confondez pas avec les films de Michael Bay ?


          • mortelune mortelune 2 mai 2012 10:37

            « Sarkozy a commis quelques bévues »

            Le point de comparaison du film avec Sarko est plutôt mal venu car les mots « quelques bévues » ne reflètent guère la réalité de ces 5 dernières années. En fait si le film avait été aussi mauvais que Sarkozy il n’y aurait aucun débat possible pour expliquer l’échec cinématographique. Il aurait été un ’navet’ et c’est tout.
            L’echec du film provient essentiellement non pas d’une insuffisance de contenu mais d’une erreur de nom. Pour Sarkozy c’est exactement le contraire. 


            • diverna diverna 3 mai 2012 14:07

              C’est que vous n’avez pas compris mon propos. Tout le monde n’est pas politisé comme vous semblez l’être ; il y a tout une partie de l’électorat qui, je pense, se décide « autrement » et il est bien possible que ce soit eux qui fassent pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

              Par exemple, le débat a peut être bien été plus favorable à l’un des caandidats aux yeux des spécialistes, de ceux qui suivent ces débats depuis plusieurs mois. Conforter les convaincus n’apporte aucunes voix ; tou va dépendre en fait de ceux qui n’ont PAS suivi le débat.

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