L’effet papillon et notre bonne conscience

Nous avons sur les bras un trou, que dis-je, un gouffre abyssal de 1 218,3 milliards d’euros. Soit 20 000 euros par Français. Pour non-assistance à générations en danger, comment appelle-t-on ces gens qui ont produit cette situation ? Des irresponsables ? Des incompétents ? Des précurseurs de conflits mondiaux ? Des complices de crimes contre l’humanité ?

On parle toujours de catastrophes humanitaires, de dictateurs qui sont arrivés au pouvoir par hasard, des crimes contre l’humanité, de la Shoah et des devoirs de mémoires, mais jamais, au grand jamais, on ne parle des causes qui ont fait ces événements. Et pour cause, dans nos sociétés amnésiques, les responsables, c’est nous-mêmes aujourd’hui avec cette bombe que l’on laisse à nos enfants, et nos ancêtres dans les années 1914 & 1930 par leur inconscience. Dans l’hystérie collective, il y a bien eu de grands hommes comme Jaurès pour s’indigner. Hélas, ils n’ont pas été entendus ou ont été purement et simplement liquidés.

Pour faire simple, au temps de l’esclavage, nous avons, nous Occidentaux, fait notre fortune et notre bien-être sur des vies humaines broyées, humiliées et massacrées. Au temps de colonisation, nous avons pillé les richesses naturelles des pays conquis, toujours pour notre fortune et notre bien-être. Par la contrainte de ces colonies et toujours par souci de ne rien perdre, nous avons substitué à cette colonisation, un système de zones d’influences avec des régimes fantoches. Dans l’indifférence occidentale, les rares soulèvements ont été matés par des guerres civiles fomentées ou des génocides téléguidés. Alors on entend des messages hypocrites d’une ignominie sans bornes : "Mais qu’est-ce qu’on y peut ?", "On ne peut pas prendre toute la misère du monde sur nos épaules", "Ces pays sous-développés n’ont jamais pris leur destin en main", "L’Afrique n’a pas pris la modernité en chemin".
Avec toutes ces richesses spoliées, quelle bonne conscience !

Aujourd’hui, retour de manivelle, notre propre démon, notre cupidité nous a anéantis. Nous avons créé puis mis en orbite une hydre incontrôlable, un monstre sans tête physique car nous sommes tous, quelquefois malgré nous, les rouages consentants, les neurones de cette super intelligence. Nous avons décidé, en votant, en votant mal ou en s’abstenant de laisser nos dirigeants libérer, sans contrôle, les marchés financiers - dans les années "Fric", le PS a eu une responsabilité énorme. N’ayant plus de colonisés à exploiter, en survie avec des pièces jaunes ou des miettes de notre surproduction, étant nous-mêmes colonisés et anéantis par notre bêtise, tremblant devant ce monstre qui se moque des frontières et qui réclame toujours plus de sang frais, nous n’avons plus que l’endettement pour garder notre niveau de vie, notre confort et notre fameux train de vie.

Dans un repli individuel égoïste en faisant l’autruche, avec fatalité, nous refusons de voir la réalité. Nous attendons, béatement, de déluge ou le choc fatal des civilisations. Aussi la politique bipartisane, déguisement de vieux professionnels, gauche-droite confondues à la solde du système, n’est là que pour faire passer la pilule et rassurer ceux qui croient encore au rêve. De surcroît, nos retraités, plus nombreux que les actifs, ont eu pour un grand nombre d’entre eux, des réflexes de survie hystériques en votant pour le premier illusionniste venu.

De même qu’une fourmilière est plus intelligente qu’une fourmi, les marchés sont bien plus intelligents que les sociétés humaines. Si la femme était l’avenir de l’homme, aujourd’hui le marché est l’avenir de l’humanité baignée de progressisme.

Pendant que les grandes âmes s’étripent pour définir la limite entre le "bien" et le "mieux" qui, comme chacun sait, est l’ennemi du "bien", le plus mauvais a un boulevard devant lui.

Alors cette hydre incontrôlable, avec son logiciel "Pensée unique", se rit de nous et épie le moindre geste, la moindre humeur de ses esclaves. Pour mieux nous leurrer, elle envoie les mouvements de masse de ces humains décervelés dans ses pots de confiture "veau d’or des temps modernes". Grâce à ses innombrables serviteurs et à ses charismatiques grands prêtres, elle nous manipule, nous achète pour ne jamais être mis en défaut. Juste un exemple. Si Monsanto avait travaillé pour le bien de l’humanité, qu’attend-il alors pour donner tous ses droits à l’ONU et avoir ainsi la reconnaissance éternelle de la planète ?

Comme l’effet papillon, les leaders "Nonistes" du TCE, en se divisant par idéologie, en se couchant devant les "Ouistes" pourtant vaincu, ont commis la plus impardonnable erreur du XXIe siècle. Pourtant, peut-être pour se racheter, on les entend aujourd’hui crier, protester très fort contre le pouvoir. Ils émettent même l’idée de créer un nouveau parti à gauche du PS. Ils n’ont pas vu que leur irresponsabilité nous a mis dans une situation irréversible nous menant tout droit à une catastrophe inéluctable. Le phénomène Ségolène Royal n’est qu’une conséquence de cette irresponsabilité et par déduction, sans Royal, pas de vote "remords 2002" et pas de Sarkozy. Ainsi la France n’est plus le phare que tous les peuples de la planète attendaient. Elle est tombée, sans violence, comme un fruit mûr bien cultivé, dans les bras de la mondialisation néolibérale grâce son oligarchie déguisée en démocratie. Maintenant, comme le disent les militaires, il faut sécuriser le périmètre et vaincre toute forme de résistance quitte à allumer une guerre civile dans les banlieues.

Comme des fourmis, toutes nos indifférences, tous nos immobilismes, tous nos aveuglements et toutes nos actions ont des conséquences sur le devenir de l’humanité. Le salut du pays n’est plus dans le rapport gauche-droite, mais dans le refus ou non de cet état de fait. Comme esclave, le plus malheureux, c’est qu’on ne cherche même pas à le savoir. Il est facile et hypocrite de pleurer après et de dire "plus jamais cela", "on a été gouverné par des fous". On se détourne avec rejet de toute idée politique qui remettrait l’homme au premier plan devant l’économie. Autant prêcher dans le désert.