L’Egypte dans l’impasse
L’Egypte, encore l’Egypte et toujours l’Egypte. Le coup d’état du 3 juillet (parce que c’est ainsi qu’il convient de le désigner), continue de faire la une d’un certain nombre de journaux et d’occuper une part importante des préoccupations de l’opinion publique.
Les avis et les commentaires à ce sujet, très prodigues ces derniers jours, divergent selon qu’il s’agisse de lecteurs impartiaux qui cherchent avant tout à s’informer sur les causes réelles des conflits au Moyen Orient ou d’islamophobes fanatiques qui s’allument et sortent leurs griffes dès qu’il est question de sujets ayant trait à l’Islam et aux Musulmans. Les commentaires souvent agressifs et les notes négatives de ce genre de lecteurs ne sont pas de nature à contribuer à la recherche de la paix dans le monde.
Où en est la situation aujourd’hui en Egypte, deux semaines après par le limogeage de Mohamed Morsi ? Les manifestations persistent, les arrestations se multiplient et l’incertitude s’installe. De nombreux Islamistes ont été interpellés et sont actuellement interrogés dans les locaux de la police. Pendant ce temps les responsables désignés trouvent des difficultés pour former un gouvernement de transition. Les hommes choisis par le nouveau pouvoir ne semblent pas avoir reçu l’agrément des différents partis politiques favorables au changement intervenu dans le pays. Mohamed Baradai, Nabil Fahmy, ancien ambassadeur aux USA, pressenti comme futur ministre des Affaires étrangères, Ahmed Galal ex membre de la banque mondiale proposé aux Finances n’ont pas la cote populaire et sont tous considérés comme des agents proaméricains. Jusqu’à aujourd’hui le premier ministre Hazem Beblawi n’est pas parvenu à former son gouvernement.
L’armée par la voix d’un de ses hauts gradés déclare sa neutralité dans la crise que traverse le pays. « Nous n’avons pas vocation à gouverner précise-t-il devant un groupe de journalistes ». Cela se comprend, les militaires ne veulent pas endosser la responsabilité. Stéphane Lacroix spécialiste de l’Egypte à l’Express analyse la situation comme suit :
« Les difficultés colossales de gestion de ce pays de 88 millions d'habitants au bord du gouffre sur le plan économique ne devraient pas inciter l'armée à garder trop visiblement les rênes du pouvoir. Elle pourrait donc retourner dans l'ombre, après avoir mis en place un gouvernement de technocrates : "Les militaires se contenteraient d'une garantie de conserver leurs privilèges et leurs prérogatives, comme à l'époque de Moubarak »
Pendant ce temps les grandes puissances commencent à s’inquiéter et somment les responsables égyptiens à mettre fin à la répression et à trouver un compromis avec les Islamistes. Le secrétaire d’état adjoint William Burns en visite au Caire a rencontré plusieurs personnalités civiles et militaires et s’est dit profondément préoccupé. Washington, Berlin, Ankara, Tunis demandent la libération de Mohamed Morsi.
Les militaires semblent quelque peu égarés et ne savent plus choisir entre la diplomatie, un art qu’ils ne maîtrisent pas et la répression qui est leur spécialité. Ils ont essayé de jouer la carte des Salafistes du parti An Nour pour diviser l’opposition, mais ces derniers ont refusé de faire partie du gouvernement. Ils ne peuvent pas non plus rétablir Morsi dans ses fonctions sans donner aux Islamistes un pouvoir illimité et créer une situation plus grave encore dans toute la région.
Une situation délicate que le monde entier suit avec attention et vigilance.
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