L’énergie au quotidien dans les pays riches
Cet article est extrait du livre "Transition énergétique. Ces vérités qui dérangent ! " , sortie en mars 2018 aux éditions De Boeck.
La nuit, la ventilation, la box internet, le congélateur, le réfrigérateur, les réveils, les chargeurs et divers appareils électriques en veille consomment de l’électricité en permanence. Le matin, l’électricité permet de s’éclairer. Il faut de l’énergie, souvent du gaz, pour réchauffer les logements.
La préparation du petit déjeuner, comme celle des autres repas, est consommatrice d’énergie : cafetière, grille-pain, four, four à micro-ondes, plaque de cuisson, lave-vaisselle...
Passage à la salle de bain : on ne se laverait sans doute pas aussi souvent sans une énergie abondante : il en faut pour pomper l’eau vers le château d’eau, et surtout pour la chauffer, il en faut aussi pour fabriquer du savon.
On écoute la radio sur des appareils électriques, qui reçoivent les ondes d’émetteurs électriques, relayant des programmes réalisés dans des studios inconcevables sans électricité. C’est bien sûr la même chose pour la télévision. Les téléphones se sont rechargés à l’électricité. Les emails et données d’internet sont stockés sur des serveurs informatiques dévoreurs d’électricité.
Pour se rendre au travail, il faut, pour la grosse majorité des gens, du pétrole pour la voiture, ou de l’électricité pour les transports en commun. Sur presque tous les lieux de travail on trouve des ordinateurs, de l’éclairage, du chauffage, de la ventilation, divers appareils électriques, voire des engins et machines fonctionnant au pétrole ou au gaz.
Tout ce que l'on achète a nécessité de l’énergie : il a fallu, pour tous les objets qui nous entourent, extraire les minerais de base (généralement avec des engins à pétrole), les transporter, faire fonctionner les usines de transformation et de fabrication (donc utiliser du charbon, du gaz, du pétrole, de l’électricité), les transporter à nouveau.
Tout ce que l'on mange a nécessité de l’énergie : la nourriture est l’énergie fournie aux êtres vivants, mais il ne faut pas oublier la consommation des engins agricoles, la fabrication des engrais, les usines agro-alimentaires, le transport... Nous ne mangerions pas les mêmes aliments si les champs étaient labourés à la force animale, si on ne disposait pas d’énergie pour conserver la nourriture ou pour la transporter.
Nos vêtements ont souvent été fabriqués à partir de pétrole dans des usines énergivores ; il a fallu les transporter souvent sur des milliers de kilomètres dans des bateaux à pétrole.
Bien sûr tous les magasins dans lesquels nous achetons ces biens consomment aussi de l’énergie pour l’éclairage, le chauffage, la ventilation, l’informatique, la manutention, les bureaux associés. Et il en a fallu beaucoup pour les construire.
A l’autre bout de la chaîne, il faut aussi de l’énergie pour transporter les ordures, recycler le verre, enfouir les déchets ultimes, dépolluer l’eau…
Nos logements ne seraient pas ce qu’ils sont s’il avait fallu creuser les fondations à la main plutôt qu’à la pelleteuse à pétrole, s’il avait fallu transporter les matériaux de construction à dos de mule plutôt qu’en camion à pétrole, s’il avait fallu fabriquer les charpentes à la main plutôt que dans une usine énergivore, si l’on ne disposait pas de four pour cuire les briques...
Nous avons la chance de pouvoir nous faire soigner lorsque nous sommes malades : les médicaments prescrits, les verres correcteurs, prothèses dentaires… sont aisément disponibles grâce à des machines et des transports énergivores. Les hôpitaux, très consommateurs d’énergie, sont là en cas de problème plus grave : ventilation, éclairage, chauffage, nettoyage, désinfection, réfrigération, appareils médicaux en tous genres, blocs opératoires… ne fonctionnent pas en claquant des doigts.
Beaucoup d’entre nous ont des loisirs. Nous irions beaucoup moins à la piscine si l’eau n’y était pas chauffée. Les vélos, les chaussures de sports, les raquettes, les ballons, appareils de musculation… ont été fabriqués grâce à l’énergie. Souvent nous utilisons même la voiture pour aller faire du sport. Le cinéma, les salles de spectacle, les salles de sports et les musées consomment aussi de l’énergie pour la ventilation, l’éclairage, le chauffage...
Les rencontres sportives et les spectacles seraient inconcevables sans une énergie abondante : il en faut pour construire les stades et les salles, les chauffer, les éclairer, les ventiler, transporter le matériel, amener les joueurs ou les artistes, faire venir le public, faire la promotion. Même le tour de France cycliste est un gros consommateur de pétrole étant donné le nombre de véhicules suiveurs.
Beaucoup d’entre nous partent en vacances, mais rarement en vélo. Il a fallu des quantités d’énergie considérables pour construire des appartements, villas, hôtels, restaurants, casinos, digues, parcs d’attraction, remontées mécaniques, centres sportifs, musées… Il faut des quantités d’énergie considérables pour faire fonctionner tout cela, et pour nettoyer les plages, faire fonctionner les manèges, les téléphériques, les bateaux, les hélicoptères de secours…
Certains voyagent en train, moins gourmand que la voiture mais néanmoins consommateur d’électricité en grande quantité. L’avion est un gros consommateur de pétrole. Bien sur la fabrication de ces moyens de transport est très énergivore, en particulier pour la production de l’acier.
Beaucoup font attention à leur consommation d’énergie : utilisation de lampes basse-consommation, conduite calme voire marche à pied, extinction des appareils en veille, réglage du chauffage au plus juste… mais tout ça ne représente pas grand-chose à côté du reste.
D’autres, plus rares, souvent plus pauvres, ont un comportement plus vertueux : pas de voiture, pas de vacances, pas de téléphone ... Ils consomment un peu moins mais sont malgré cela très dépendants de l’énergie pour se déplacer (même avec les transports en commun), cuire la nourriture, avoir de l’eau propre chaude, disposer d’un logement, se soigner…
Les trois quarts des salariés français occupent un emploi tertiaire, payés à gérer, administrer, soigner, aider, communiquer, enseigner, chercher, vendre, organiser, développer... Les biens abondent alors que de moins en moins de gens les fabriquent. La nourriture abonde alors que moins de 3 % des salariés travaillent dans l’agriculture. Tout ça ne fonctionnerait pas sans machines, usines, ni transports énergivores. Toute l’organisation de la société est basée sur une énergie abondante. Les seuls qui vivent vraiment avec peu d’énergie sont les habitants des pays pauvres qui mangent surtout ce qu’ils cultivent, habitent un logement rudimentaire, se soignent et se déplacent peu, ont moins accès à la culture et aux loisirs ; un mode de vie semblable à celui des français au début du 19ème siècle qu’ils cherchent généralement à faire évoluer.
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