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Accueil du site > Tribune Libre > L’enfer c’est les uns !

L’enfer c’est les uns !

Sur 10 crimes commis, 9 le sont par un proche de la victime : un conjoint, un ami, un collègue, un voisin…quelqu’un de familier, quelqu’un à qui il est inutile d’ouvrir la porte blindée, après avoir neutralisé le système de vidéo surveillance, puisqu’il est a priori déjà à l’intérieur.

On a donc peu de chance ou plutôt de malchance, d’être violé, agressé, spolié, détroussé par un inconnu, un étranger, un autre, à moins d’être au mauvais endroit au mauvais moment et d’avoir gagné au loto mais à l’envers.

C’est au sein même de la famille que la violence, 9 fois sur 10 surgit. Violence conjugale, drames familiaux, incestes, crimes passionnels, jalousies, ressentiments, vengeances, carnages…Particulièrement les soirs de noël, l’alcool aidant, nous dit-on !

Si l’on est trahi, cela ne peut être que par l’un des siens, vu qu’il est assez rare que l’on accorde sa confiance à quelqu’un de l’extérieur. L’autre n’est donc pas forcément l’ennemi, (qui est sot, puisque comme le disait le regretté Desproges, il croit que c’est nous l’ennemi alors que c’est lui) et finalement en allant jusqu’à l’absurde, il ne pourrait le devenir qu’à partir du moment où il devient notre ami.

On ne tue bien que ceux qu’on aime. Pourtant dans cette nauséeuse campagne électorale on compte sur les uns (et pour compter on compte) tout en dénonçant les autres, la faute de l’autre, le danger de l’autre, le risque de l’autre…

A cause de l’immigré, le musulman, le chinois, le grec, l’allemand, le sans papier, le chômeur, l’assisté, l’improductif, le pauvre, voire même le riche. Comme si être riche ou pauvre était une identité. Il y a toutes sortes de riches et toutes sortes de pauvres et bien des manières honorables ou pas de dépenser son argent ou de ne pas en gagner. Le problème n’étant pas le statut de riche mais le partage et la redistribution. Le problème n’étant pas le statut de pauvre mais les conditions de l’évolution sociale.

Le syndrome fort Alamo, c’est concevoir son espace (Schengen par exemple) en vue de se prémunir des autres. Sauf qu’à s’enfermer comme ça, se refermer sur soi, c’est précisément prendre le risque en crevant de peur que le danger vienne de l’intérieur, jusqu’à cet ironique fait divers où l’on retrouva un riche propriétaire mort dans sa ‘panic room’ inviolable.

Comme ces gens de ma propre famille (que je ne fréquente pas rassurez-vous) possédant une maison de vacances avec une vue superbe et imprenable et s’étant privé volontairement de balcon et de terrasse par peur du cambriolage. (Fallait y penser). Et pourquoi pas comme le propose ce crétin de Klarsfeld, au sujet de la maison Europe, mettre des barbelés autour et des miradors.

Etrange tournure d’esprit du pavillonnaire que de se priver pour toujours d’un plaisir quotidien à cause d’un déplaisir éventuel. Un peu comme s’empêcher de vivre de peur de mourir.

A vivre reclus entre soi, à se réduire en se barricadant, à opter pour l’enfermement, à établir des camps retranchés, des bunkers, c’est choisir volontairement de s’asphyxier, de se bouffer de l’intérieur, jusqu’au pétage de plombs de l’heureux proprio, versus de Ligonnès, quand le père dépressif en instance de divorce, dézingue méthodiquement la famille entière.

Nous sommes sans doute notre propre ennemi intérieur, et la plaie et le couteau et la victime et le bourreau, tant on n’est jamais aussi bien asservi que par soi-même.

C’est bien pourquoi, plutôt que de faire contre les autres, il serait sans doute plus enthousiasmant d’avoir pour projet de faire avec. Les uns avec les autres, ensemble. Je préfère une vue sur la mer, plutôt que sur un coffre-fort.

Article original parue sur "rue-affre"

http://2ccr.unblog.fr/2012/04/26/lenfer-cest-les-uns/

Lire également : INSECURITE, INCIVILITE ET INDIFFERENCE


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7 réactions à cet article    


  • Gasty Gasty 28 février 2013 09:28

    Je ne sais pas si la peur du gendarme peut en faire parti ?

    Le nombre de fois ou je me suis fait contrôlé par un gendarme qui ne fait pas parti de mes relations se chiffre sur les doigts d"une main. Tout comme les agressions par des inconnus ( agression physique).

    On vit dangereusement !


    • asterix asterix 28 février 2013 09:43

      Bonjour Robert,
      J’avais déjà plussé ton article en modération et, depuis, il m’a fait pas mal réfléchir. Pour peu que tes statistiques soient exactes, te voilà remettre en cause un des axes les plus fondamentaux de nos sociétés qui remettent sans cesse la violence sur le compte de l’autre, sous-entendu, celui qui ne fait pas partie du cercle des siens, mais qui vient l’embêter jusque dans son chez-soi le plus intime.
      Une superbe provocation, je voudrais bien y croire à 100 %...


      • Bubble Bubble 28 février 2013 10:01

        Complètement d’accord avec l’article !
        Et on peut faire le même constat pour les auteurs de crimes et de délits : combien ont agi en se justifiant par un sentiment de « légitime défense » plus ou moins direct ? Exemples : je vole à l’étalage parce que « la société m’exploite » quand j’ai de quoi vivre correctement ; je fraude le fisc parce que « la société m’exploite » alors que je resterais riche après avoir payé mes impôts ; je tue ma femme au taser dans le noir « en croyant que c’était un cambrioleur ».

        Voilà je pense la signification du message « n’ayez pas peur » de JP2 : un appel à se libérer de ses angoisses internes, source de notre individualisme maladif (individuel par peur de l’autre) qui amène les gens à s’enfermer (isolement de la société) voire à la criminalité (isolement des règles de la société).

        Les médias nous refilent de l’anxiété en abondance, donc c’est pas gagné... quelque part, parce qu’on aime ça aussi, voir le danger qui ne nous atteint pas, ça nous conforte dans notre position d’enfermement. Mais ça rend malade en même temps.


        • rocla (haddock) rocla (haddock) 28 février 2013 10:12

           L’autre n’est donc pas forcément l’ennemi, (qui est sot, puisque comme le disait le regretté Desproges, il croit que c’est nous l’ennemi alors que c’est lui)


          donc le tueur c ’est nous et pas l’ autre .

          • rocla (haddock) rocla (haddock) 28 février 2013 11:51

            et le moinsseur l’ autre ... smiley


            • Yvance77 28 février 2013 12:57

              Salut,

              Ce billet est en trompe-l’œil car ce qu’il pointe ce sont les crimes qui effectivement sont surtout le fait d’un entourage proche dans la majorité des cas.

              Par contre, ce que subit la population le plus ce sont des faits caractérisés d’incivilité avec une graduation de la violence (ressentie et/ou subie) et là c’est effectivement l’enfer et n’est pas le fait de proches, mais de toute une délinquance qui ne dit pas son nom.


              • Maître Yoda Castel 28 février 2013 17:03

                Je trouve que l’article démontre l’inverse de la thèse qu’il défend. Le titre est très mal choisi : l’enfer c’est les uns, un article qui démontre qu’au contraire, les gens vivent difficilement avec l’altérité, probable reflet de nos propres faiblesses.
                La plupart du temps, les couples perdurent pour des petits intérêts limite sordides, rarement lié au cœur ou à un désir sincère d’évoluer, c’est pourquoi Sartres avait quelque part raison en disant que quand les rapports humains vont mal « l’enfer, c’est les autres ! ».
                Je pensais par exemple à ces couples qui font des enfants très rapidement de peur que le couple casse les jours où les mois qui suivent. C’est un réflexe de pauvre gens mais il y en a des tas comme cela. Si les humains étaient plus intelligents, ils vivraient l’autonomie d’une manière beaucoup plus sereine.

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Robert GIL

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