L’enfer sur terre - l’enfer des rues désertes de Stepanakert
Il est toujours difficile d’imaginer ce que l’enfer représente… si cet enfer auquel font référence les textes religieux de toutes les obédiences et de tous les continents, existe réellement, ce dont, personnellement, je doute...Mais, là n’est pas mon propos.
Cependant, même s’il est difficile de définir l’enfer de l’au-delà (toujours avec le bémol qui concerne son existence) il est facile de le trouver sur terre.
Je ne vais pas faire, ici, la liste de cet enfer. Cependant :
*Il est présent dans le regard vide des enfants malnutris qui meurent à petit feu ;
*Il est présent dans le regard sans expression des enfants qui travaillent comme des esclaves dans les usines insalubres des tréfonds d’Asie et d’Afrique, mais pas que ;
*Il est présent dans les yeux apeurés de ceux qui prennent la mer pour chercher un avenir meilleur, loin de leur pays en guerre ;
*Il est présent dans les yeux de ceux qui, sur les berges de la Seine, de toutes les Seines d’Europe et d’Amérique, rêvent d’avoir un toit au-dessus de leur tête ;
*Et il est présent dans les rues désertes de Stepanakert, car ses habitants ont osé braver la volonté de l’autocrate de Bakou…
Je lisais cette après-midi, dans le quotidien Le Monde[1] que les bombardements de l’Azerbaïdjan contre l’Artsakh (Haut-Karabagh), avaient pour unique objectif de semer la peur et le trouble chez les civils (en plus des morts, bien évidemment).
Le quotidien cite un observateur étranger présent depuis le début des hostilités qui, rappelons-le, ont débuté par l’agression sauvage de l’Azerbaïdjan contre ce petit territoire arménien, le 27 septembre 2020 : « Les premiers jours du conflit, au-delà des objectifs militaires, l’armée azerbaïdjanaise a utilisé des armes destinées à terroriser les habitants, telles que des bombes à fragmentation. L’objectif était semble-t-il que la ville se vide, avant un éventuel assaut en cas de succès éclair de l’offensive ».
J’imagine déjà les scènes dans les rues sombres de Stepanakert, à la tombée de la nuit, au moment où tout prend une dimension différente. La centrale électrique de la ville a été ciblée par les drones turcs dès les premiers jours du conflit.
Plus de lumière, plus de chauffage (sauf en utilisant le bois ou le charbon), plus de télé, plus de liaison internet, plus rien… Que la peur qui s’installe de plus en plus, au fur et à mesure que la ville devient ruine…
Le peu de monde resté encore sur place, se faufile à travers les ruelles encombrées des gravats du dernier bombardement, cherche une cave un sous-sol pour s’abriter ;
Car, même les monuments religieux qui ont servi au début du conflit d’abri, ont été bombardés et détruits…
La peur, le noir, le vent, pas un bruit si ce n’est, celui incessant des drones turcs qui lancent leur cargaison funèbre sur la ville martyre…
Les mots sont inutiles, ils ne sont pas à la hauteur de l’horreur, ils ne sont pas assez forts pour décrire cette horreur…
Les pétrodollars qui ont remplis les poches du président à vie de la dynastie des Aliev et celles de ses proches, ont permis à ce régime s’armer. Parallèlement, son « ami », le néo-sultan et aspirant calife, Erdogan, est déjà armé jusqu’aux dents… Ces deux régimes se voient maîtres de la région (enfin, surtout l’autocrate d’Ankara) allant de la Méditerranée à la Chine, dont d’ailleurs une partie est dans le collimateur du président turc. Et les Arméniens en font, encore une fois, les frais… Mais, pas que…
Erdogan et Aliev ont tout misé sur le nationalisme, ce fléau qui avec le néolibéralisme effréné, mâtiné d’islamisme a conduit la Turquie et l’Azerbaïdjan dans l’obscurantisme du Moyen Age et les peuples de ces deux pays dans les pires méandres de l’obscurité religieuse que leurs chefs leur imposent, avant de tenter de les imposer à la région et au monde.
Le moindre bruissement prend une ampleur infinie dans le cœur apeuré des habitants martyrs de Stepanakert.
Et la corruption règne en maitre à Bakou et à Ankara, où l’on, construit des palais à la gloire des chefs mégalomanes et jamais satisfaits…
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