L’enjeu du vote UMP au second tour
Le danger pour la France n’est pas Nicolas Sarkozy mais l’UMP. L’objectif de cette dernière est l’hégémonie. C’est un parti qui n’admet aucune diversité, aucune contradiction. Un parti où tout le monde doit être d’accord avec le chef, où la diversité de parole semble ne pas exister si elle n’émane pas du chef. C’est cette structure même de fonctionnement qui représente aujourd’hui le risque majeur pour notre pays.
C’est un parti antidémocratique où le seul courant qui existe est celui
du chef pour le chef. Les divergences n’existent pas, les différences
d’appréciation non plus. Un parti où le chef peut changer de propos ou
d’engagements sans que ça ne provoque une seule réaction dans ses
rangs. Un parti aux dirigeants violents et brutaux dans leurs pratiques
politiques.
Un parti qui recrute ses nouveaux députés par pressions et menaces
électorales. François Bayrou a très bien analysé ce danger de
l’extérieur et auparavant Nicolas Dupont-Aignan l’avait subi. C’est un
danger pour le pluralisme démocratique.
C’est un parti qui compte la quasi-totalité des grands dirigeants des
médias. Un parti qui contrôle déjà tous les pouvoirs institutionnels
mais aussi financiers. Un parti où toutes les limites de la déontologie
et de l’éthique, de la vocation politique, mais aussi, et c’est bien plus
grave, de la démocratie, ont été abolies. Un parti qui souhaite créer non
seulement un pôle centriste, ce qui peut se comprendre, mais dorénavant
aussi un pôle de gauche qui serait animé par un député débauché.
Débauché en pleine campagne dans le seul objectif de déstabiliser
l’adversaire le plus probable. Un parti qui absorbe ses concurrents
pour les dissoudre dans la plus pure traduction d’une stratégie
commerciale à la Microsoft. En contrepoint il s’agit d’un parti dont le
président fut aussi nommé numéro deux du gouvernement au ministère de
l’Intérieur, après une présence ininterrompue dans les exécutifs. Un
parti issu du pouvoir qui « contrôle » non seulement le peuple par
l’intermédiaire de son parti mais aussi toutes les forces de l’ordre du
pays, y compris une force militaire comme la gendarmerie. Un parti que
Nicolas Sarkozy veut rendre unique. Il veut associer tout droit
individuel à un devoir ; qu’en sera-t-il du droit de vote ? On approche
là dangereusement les bornes de la démocratie et de la liberté d’un
peuple : la combinaison du parti unique et du vote obligatoire.
Le souverain n’est pas le président mais le peuple. Le calendrier
électoral donne à l’élection présidentielle un poids tel qu’on doit se
poser la question de savoir si l’on souhaite donner de nouveau tous les
pouvoirs à l’UMP. Il faut inscrire ce second tour dans le même moment
que les législatives. L’UMP doit être combattue en tant que telle, pas
en combattant uniquement Nicolas Sarkozy à sa tête. Toute attaque
contre sa personnalité sera repoussée par la stratégie de défense de
l’UMP de la diabolisation.
Le danger d’une structure comme l’UMP est la concentration de tous les
pouvoirs en un seul. La boîte de Pandore a été ouverte par Jacques
Chirac en permettant à un président de parti d’entrer au gouvernement à
la place qui a été la sienne de surcroît. Il en porte évidemment
l’écrasante responsabilité. Dans la forme qu’a pris L’UMP en tant que
parti politique on comprend mieux l’enjeu national du prochain scrutin.
L’État de Nicolas Sarkozy sera l’UMP.
Les électeurs indécis et centristes doivent aussi se poser la question
suivante : voulons-nous accorder tous les pouvoirs à l’UMP en imaginant
que Nicolas Sarkozy en garderait le contrôle direct ou indirect en cas
d’élection ? En en connaissant le mode de fonctionnement et les
pratiques ? C’est une question qui se pose au delà du PS, des partis à
sa gauche et du centre.
C’est une question qui se pose à l’immense majorité des électeurs qui n’a pas voté pour Nicolas Sarkozy au premier tour.
Les Chinois ont évolué en ouvrant la doctrine d’un parti unique
antidémocratique au dogme d’un capitalisme national pratiquant un
néolibéralisme débridé inhumain. Les Français amorceraient alors la
même évolution dans le sens contraire : le capitalisme national le plus
inhumain et antidémocratique imposerait au peuple son parti unique en
concentrant tous les pouvoirs dans les mains d’un seul homme. Toutes
les dérives deviennent alors possibles, y compris les pires de
l’Histoire.
Il ne s’agit pas ici de juger de la personnalité du candidat Sarkozy.
Il est question d’imaginer ce que de telles concentrations de pouvoir
et de puissance peuvent produire comme résultat sur une nation où les
fractures sociales sont aussi fortes. Il est question de se demander
quels seront les contre-pouvoirs indépendants qui subsisteront après
l’élection de son chef.
François Bayrou, Nicolas Dupont-Aignan ou Azouz Begag ont compris que ni Nicolas Sarkozy ni l’UMP n’en laisseront aucun.
Voilà l’enjeu du vote de ce second tour : nos contre-pouvoirs.
Voterons-nous pour l’UMP ?
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