L’enseignement d’une histoire du corps contre la morale laïque et la propagande homophile contemporaine
Devra-t-on enseigner que deux des quelques grands conquérants du second Empire colonial français étaient homosexuels ? Gallieni et Lyautey, en l'occurrence.

Je réponds par la négative.
Futur professeur, je ne tiens pas à détailler ce qui se passait dans le slip de chacun des protagonistes de la « grande histoire ». Si en histoire l'on parle de la préférence supposée de tel ou tel pour des partenaires de même sexe, pourquoi en géographie ne pas parler de la polygamie du président de l'Afrique du Sud, et des scandales qui ont sali tel chef d'Etat ? Pris sous l'angle du détail croustillant, ces informations nous permettent-elles de comprendre un peu mieux les sociétés étudiées ?
Il me semble que l'école doit laisser l'anecdote à la presse spécialisée... Mais pourquoi l'histoire n'enseignerait-elle pas aux jeunes personnes un peu le relativisme, et partant, la tolérance ? Plutôt que d'enseigner une morale figée, passéiste, antagoniste au raisonnement philosophique qui doit faire de chaque homme un individu éclairé, prenons l'histoire comme un outil.
Elle l'est déjà. Aujourd'hui l'histoire enseigne à part égale un récit national tissé autour de grandes figues dont on cache les côtés sombres (les milles fourberies de Voltaire, le faux démocrate Siéyès...) et un récit international dégurgité par bribes incohérentes à l'image de l'enseignement de l'Inde des Gupta ou de l'Empire Monomatapa en classe de sixième et cinquième.
Il n'y a pas d'enseignement plus excellent que l'histoire pour enseigner le relativisme, et partant, la tolérance. La philosophie, si elle nous enseigne à peser à tout propos le pour et le contre, nous invite toujours aussi à conclure et à trancher. L'histoire est un tel bordel qu'il semble impossible d'en tirer quelque chose de définitif.
Pour revenir au(x) débat(s) actuel(s), je propose de créer un enseignement d'histoire du corps et de la sexualité à travers les âges. On pourrait par exemple glisser ce nouveau chapitre en classes de quatrième et/ou de seconde, aux moments mêmes où les élèves découvrent les secrets des organes génitaux et de la reproduction en cours de biologie.
Ce serait le premier et le seul chapitre transversal... Égarerait-il les élèves ? Je ne le crois pas. Il pourrait les intéresser tout à fait spécialement, à des âges appropriés. Ils reverraient un peu la Grèce antique à cette occasion, pour comprendre le rapport rituel entre citoyenneté et homosexualité masculine à l'époque classique (impossible à faire comprendre, je crois, à des sixièmes). Ils découvriraient que la pornographie était présente dans la vaisselle romaine ! Ils apprendraient les origines de l'institution du mariage, le rôle « progressiste » de l'Eglise médiévale luttant contre la polygamie (d'un Charlemagne) et les mariages incestueux entre Grands, la courtoisie, les allers et retours entre mariages d'argent et mariages d'amour dans la société française, étudier la primauté légale de l'homme sur la femme dans le couple et l'histoire du divorce et de la contraception. Enfin, on pourrait terminer ce chapitre par un vaste tour du monde pour découvrir la variété des arrangements des diverses sociétés humaines dans leurs normes familiales et sensuelles. On pourrait parler de l'hystérie violente contre l'adultère et pénalisation des homosexuels dans certaines régions, de la lutte contre l'onanisme de certains cultes, des mariages forcés et des aberrations de la dot en Inde, et en même temps étudier rapidement le cas d'une société polyandre.
Il faudrait prendre soin, dans ce chapitre, à ne pas parler que des classes supérieures en se souvenant de l'invitation de E.P. Thomson à écrire une « histoire par le bas » (history from below). Même si on pourrait très bien dire un mot sur le goût de Louis XV pour la jeune chair. Si l'histoire permet de relativiser, il n'est pas question évidemment de légitimer le viol ou de revenir aux débats des années 70 sur la pédophilie. Pour éviter l'anachronisme, il faudrait d'ailleurs commencer par préciser l'historicité de tous ces termes contemporains qui nous environnent : pédophilie, hétérosexualité, viol, etc...
Je suis sûr que cet enseignement serait salutaire. Je pense qu'il pourrait être un galop d'essai avant de penser à aborder d'autres thèmes transversaux dans l'enseignement de l'histoire dans le secondaire. En tout cas il aurait plus de chance d'apporter quelque chose à nos gamins qu'une tournée des classes d'une ministre en croisade contre l'homophobie, ou d'un enseignement d'une morale laïque désuète.
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