L’épopée des Atlantes, capitale Gergovie
En un seul jour, en une seule nuit, tous les guerriers grecs furent engloutis sous la terre et l'île Atlantide disparut, submergée par les flots.
Non ! Platon, l'Atlantide n'est pas morte. Elle renaît sous le nom de Gaule. Incroyable mais vrai ! Toi, un des plus grands philosophes de tous les temps, comment as-tu pu croire à un tel cataclysme ? Est-ce sur la foi d'un rapport militaire établi par un général vaincu qui n'aurait trouvé que cette excuse pour justifier la perte de son armée ? Est-ce sur la foi du compte-rendu d'une expédition maritime malheureuse qui se serait engagée et perdue dans le marais poitevin ? Il doit bien y avoir une raison. A l'époque où je date ton histoire, dans les années d'avant 509, les volcans d'Auvergne étaient éteints. http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=125469
Bref, si l'on en croit ton témoignage, il nous faudrait donc admettre que tu donnes aux habitants de la Gaule d'avant - 509, le nom d'Atlantes. Il nous faudrait donc admettre que ce n'est qu'ensuite que le nom celte s'est imposé. En effet, si le nom celte apparaît pour la première fois vers - 517 sous la plume d'Hécatée de Millet, il faut remarquer, premièrement, que c'est seulement pour nommer les habitants d'une ville, Bibracte, deuxièmement que ce n'est qu'ensuite que le mot a désigné les habitants au nord du cours supérieur du Rhône et que ce n'est qu'ensuite que le mot s'est généralisé. Wikipédia s'entête à ne pas vouloir tenir compte de mes avertissements. Hérodote (Vème siècle) n'a jamais dit que les Celtes occupaient un territoire depuis le détroit de Gibraltar jusqu'aux sources du Danube. Il a seulement dit qu'il les localisait près de Bibracte (Mont-Saint-Vincent, en Bourgogne du sud). En outre, en donnant aux habitants de Gergovie le nom de Kinèsioi, il nous apprend que les Celtes ne s'y trouvaient pas encore. http://bibracte.com/mon_histoire_de_la_gaule/de_la_veritable_origine_des_celtes.html
Qu'en conclure ? Si l'on raisonne dans la pensée de M.de La Palice, la conclusion est que les habitants de la Gaule étaient connus sous le nom d'Atlantes avant l'an 509, et qu'ensuite, ils prirent progressivement le nom de Celtes.
Or que dit Strabon (Géographie, IV,2,3) : "qu'à l'origine, les Arvernes avaient étendu leur domination jusqu'à Narbonne et jusqu'aux frontières de l'empire marseillais. Ils avaient soumis les peuples jusqu'aux Pyrénées, jusqu'à l'océan et jusqu'au Rhin.” Sous réserve que la phrase de Strabon ait été bien traduite, elle est en contradiction avec ce que dit César, à savoir que "l'autorité antique suprême avait été aux Héduens". Mais l'objection tombe dès lors que l'on comprend que César est dans un temps court et qu'il a choisi de redonner son autorité à Bibracte face à une Gergovie qui la lui avait ravie avec l'élection de Celtil comme druide suprême.
On peut donc conclure, à juste raison, que Strabon rappelle bien les temps anciens de l'épopée atlante qu'évoque Platon, alias épopée arverne, capitale Gergovie, au Crest.
Je vous présente ci-dessus la plus fantastique représentation qui nous soit parvenue de Gergovie. La légende du Louvre dit ceci : Persée (à gauche, portant un chapeau et des bottes ailées, avec la kibisis sur l'épaule) détourne le regard pendant qu'il tue Méduse, représentée ici comme un centaure femelle. Détail d'un pithos orientalisant à reliefs. Date vers 660 av. J.-C. Technique/matériaux terre cuite. Origine : Thèbes, Boétie.
En - 660, nous sommes donc à l'époque de l'Atlantide si l'on suit mon interprétation. La Gorgone, Gorgona, c'est Gergovia (cf. Gorgobina, la petite Gorgone, fille de Gergovie, aujourd'hui le mont Beuvray). Cette tête de Gorgone est celle que les guerriers arvernes portaient sur leurs boucliers (les guerriers celtes/éduens avaient la tête du lion comme emblème). Cette tête de Méduse, autre nom, pétrifiait l'adversaire imprudent qui osait la regarder. La tête de la Gorgone représentée ici correspond à la forteresse qui se dressait sur l'éperon du Crest, la croupe de l'animal au plateau allongé de La Serre. La pointe de l'épée est dirigée vers l'endroit le plus favorable à une attaque, l'endroit sensible, le moins abrupt, celui que César a choisi pour attaquer beaucoup plus tard. Cette image nous révèle également la tenue d'une femme de Gergovie, une robe de laine tissée qu'il faut imaginer de couleur pourpre, la couleur royale des Phéniciens. Remarquez enfin, en haut et à droite, la salamandre arverne, indication et preuve irréfutable.
En haut, à gauche, médaille de Pixtillos, alias Rixtillos, druide suprême de la Gaule, père de Vercingétorix, frappée pour sceller ou renouveller la réconciliation de la cité arverne avec Rome, après la défaite de Bituit (ancienne collection de M. Hucher). On y voit représentée la louve romaine qui allaita Romulus et Rémus, ainsi que la salamandre de Gergovie. En haut, à droite, chapiteau d'une colonie arverne installée à Lavaudieu. La salamandre puise sa nourriture dans le sac de semences du semeur céleste ; sur l'autre face, non visible, elle puise la bonne parole de la bouche même de Dieu. En bas, à gauche, croquis représentant le relief très particulier de l'éperon du Crest et du plateau de La Serre en forme de corps de salamandre... ou de serpent. En bas, au centre, Persée tuant Méduse. Métope du temple de Sélimontée, vers 520 av.J.C. Musée nationale de Palerme. Mon interprétation : soutenus par les cités de Grèce (Athéna, à gauche) les colons grecs supplantent les Phéniciens sur les côtes méditerranéennes de la Gaule. Ils poussent leur offensive jusqu'à tenter un coup de main sur Gergovie afin de libérer les populations éduennes de Chalon (le cheval d'Epona) prisonnières de la Gorgone. Hésiode dit que Pégase (Chalon ou la Gaule nouvelle) serait née du sang de la Gorgone, autrement dit : de cette action de guerre. C'est ce que dit également le diadème du cratère de Vix.
En 520 av. J. C., nous sommes dans le conflit qu'évoque Platon... dans le sens de l'interprétation que je fais de son récit.
Mais alors, si le nom Atlante a disparu pour être ensuite supplanté par le mot celte - qui désigne, au départ, les habitants de Bibracte - ne serait-ce pas le moment singulier où Bibracte l'emporte sur Gergovie, les Eduens celtes sur les Arvernes ? Et cela, bien que le bouclier du musée de New York plaide pour le combat commun.
Mais alors, ce cratère de Vix, daté de vers l'an -510, à peu près à l'époque du traité de - 509 qui mit fin au conflit, faut-il l'attribuer aux Atlantes arvernes ou aux Arvernes bientôt celtes ? En tout cas, certainement pas à une Grèce qui l'aurait envoyée au mont Lassois pour en faire cadeau à un chef de tribu gauloise, comme cela est encore dit. Et les terrifiants lions éduens des chapiteaux de Mont-Saint-Vincent, à droite, et de Gourdon, en dessous, n'ont-ils pas inspiré la tête de lion du bouclier de New York ?
Enfin, ces Atlantes, ont-ils existé ailleurs que dans le texte de Platon ?
De l'origine des Atlantes.
Essayons de raisonner d'une façon logique. Puisque les informations dont nous disposons nous viennent principalement des textes grecs, mettons-nous dans l'esprit des Grecs. Les Grecs ont parcouru très tôt la mer Méditerranée aux flots beaucoup plus calmes que ceux de l'Océan, la grande mer longtemps inconnue. Le détroit de Gibraltar, alias "colonnes d'Hercule" était, pour eux, la porte qui ouvrait sur l'aventure, une aventure risquée, mystiquement risquée. Les anciens Grecs étaient des poètes. Rien de tel pour enflammer les esprits que d'imaginer que cette porte était encadrée par deux colonnes immenses qui, non seulement l'encadraient, mais qui, en outre,
soutenaient la voûte du ciel. Ces pieds de colonnes, ils sont allés les chercher sur le mont Abyle, à gauche, et sur le rocher même à droite. Puis, pour ne pas décevoir le peuple, ils sont allés les chercher toujours plus loin, à gauche et à droite. Et c'est ainsi qu'ils ont remonté, à gauche, la chaîne de montagnes d'Afrique du Nord qui a conservé le nom d'Atlas, et plus tardivement, à droite, les montagnes de l'Europe juqu'au pays des volcans d'Auvergne qui ne l'ont pas conservé. L'Atlas, c'était donc la muraille dressée par les dieux qu'on ne pouvait franchir que par une porte. Et les habitants que les dieux y avaient installés, les Grecs les ont appelés "Atlantes", d'où le nom "Atlantide" donnée au continent de droite et d'Atlantique donnée à l'Océan. Franchir la porte et contourner la barrière divine pour aborder le continent par derrière, c'était, pour ainsi dire, découvrir un autre univers, le pays de la naissance des dieux (des dieux que les Phéniciens avaient amenés, ce que les Grecs de Platon ne savaient pas ou avaient oublié).
Les Atlantes étaient aussi des poètes et comme ils se sont vite rendu compte qu'il n'y avait pas de colonnes - sauf peut-être, plus au nord, en Angleterre - ils ont enrichi la légende et ils se sont représentés, en tant qu'héritiers d'Atlas, soutenant la voûte du ciel avec le secours bienveillant des dieux... énorme responsabilité ! (chapiteau de Mont-Saint-Vincent/Bibracte).
Le combat des Atlantes contre les Amazones.
Les Atlantes habitaient donc de part et d'autre du détroit. Quand, reprenant des textes plus anciens, Diodore de Sicile écrit que les Atlantes d'Afrique étaient les mieux policés de la région, cela concerne les implantations atlantes, à gauche du détroit ; mais quand il précise que ces Atlantes habitaient un pays riche et rempli de grandes villes, cela désigne les Atlantes d'Europe. Quand il ajoute que ces Atlantes prétendaient que c’est sur les côtes maritimes de leur pays que les dieux ont pris naissance, il rejoint et confirme le texte de l'Atlantide de Platon.
Quand Diodore de Sicile situe les Amazones vers les extrémités de la terre, à l’occident de l’Afrique, au couchant d’un lac (Bin el Ouidane ?), au pied de la plus haute montagne que les Grecs appellent Atlas et qui domine sur l’océan, il les rapproche des Atlantes jusqu'au contact des armes. Reprenant les textes anciens, Diodore conclut : les premiers peuples qu’elles attaquèrent furent, dit-on, les Atlantes. Diodore a bien dit : dit-on, ce qui signifie qu'il se réfère à des textes très anciens qu'il ne comprend peut-être pas toujours très bien.
Question : les Atlantes de Gergovie sont-ils intervenus pour secourir les Atlantes d'Afrique contre ces Amazones dont Diodore dit qu'elles ont surpassé toutes les autres par leurs exploits ?... et à une époque qui a précédé de plusieurs siècles la guerre de Troie (cela nous fait remonter très loin dans le temps, livre III, XXVII).
Myrine, reine des Amazones, assembla contre eux une armée de trente mille femmes d'infanterie et de deux mille de cavalerie... Ayant fait une irruption dans le pays des Atlantides, elles vainquirent d'abord en bataille rangée les habitants de la ville de Cercène, et étant entrées dans cette place pêle‑mêle avec les fuyards, elles s'en rendirent maîtresses...
... comme les Atlantes étaient souvent attaqués par les Gorgones, cette autre nation de femmes qui étaient leurs voisines et qui tâchaient d'égaler en tout les Amazones, la reine Myrine voulut bien les aller combattre dans leur pays à la prière des Atlantes. Les Gorgones s'étant rangées en bataille, le combat fut opiniâtre, mais enfin les Amazones ayant eu le dessus, elles passèrent au fil de l'épée quantité de leurs ennemies et n'en prirent guère moins de trois mille prisonnières... Des Atlantes vaincus qui se seraient ralliés aux Amazones pour se retourner contre les Gorgones ? Quelle histoire !
... Les Gorgones s'étant relevées dans la fuite, furent attaquées encore une fois par Persée fils de Jupiter ; Méduse était alors leur reine. Nous revenons ici à l'histoire connue (cf. ma première illustration). Mais enfin cette nation et celle des Amazones furent détruites l'une et l'autre par Hercule lorsqu'étant passé dans l'Occident (idem)...
Enchaînant le livre suivant (livre III, XXIX), Diodore nous relate ensuite l'histoire des dieux selon les Atlantes, une histoire étonnement semblable à celle de Platon.
Note. Je ne doute pas que mes contradicteurs habituels vont m'objecter que tout cela se passe en Afrique. Alors, qu'on m'explique pourquoi Diodore y évoque un fleuve Eridan ; un fleuve Eridan (le Rhône) qui se trouverait en Afrique !!! Bizarre, bizarre.
Tout cela est bien bizarre !
Héraclès combattant les Amazones, détail d'une amphore attique à figures noires, v. 530-520 av. J.-C. musée du Louvre, reproduction wikipédia.
Croquis de l'auteur. Photos de chapiteaux : www.romanes.com et www.art-roman.net. Autres photos : wikipédia. Persée tuant méduse : photo http://madmegblog.blogspot.fr/2008/06/mduse-ptrifie.html
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