L’escroquerie politique, un mal qui tire l’Afrique vers le bas
L’Afrique est malade de ses hommes politiques. A l’heure où le débat sur le changement de constitution fait florès, certains partis politiques, en quête de popularité, brillent par une attitude non républicaine. Sur l’échiquier politique congolais, des partis en alliance avec la majorité présidentielle ont fait allégeance avec l’opposition radicale, au point de susciter la réaction de nombreux observateurs de la vie politique qui parlent désormais de véritable « escroquerie politique. »
Après la vague des mouvements des conférences nationales qui a occasionné l’avènement du multipartisme en Afrique dans les années 90 après la conférence de la Baule, un autre vent, et pas des moindres, est entrain de souffler dans le continent emportant tout sur son passage. Il s’agit du changement de constitution. Le Burkina Faso a déjà rendu son verdict avec le départ du président Blaise Campaoré chassé par la rue. Au Rwanda, en RDC, au Congo, pour ne citer que ces pays, ils sont dans la même dynamique, mais avec des modes d’emploi différents.
Au Congo Brazzaville, le peuple est appelé à se prononcer par référendum, le 25 octobre prochain. Le tout a commencé par des consultations présidentielles des forces vives suivies du dialogue de la classe politique. La somme des préoccupations enregistrées, selon le gouvernement, sont consignées dans un projet de constitution à soumettre au référendum. Un scrutin avant la lettre qui suscite débat, avec des partis politiques de la majorité soutenant un point de vue divergent sur la question et d’autres qui ont quitté le camp du pouvoir sans pourtant remettre en cause leur alliance préalable. Un véritable imbroglio où il y a à boire et à manger.
Et c’est le peuple congolais qui semble être pris en otage par ces politiques dont chaque camp (majorité ou opposition) tire la ficelle de son côté. Des camps où des scissions se dessinent de jour en jour. A l’opposition par exemple, on ne parle plus le même langage. L’opposition radicale et ses plates formes politiques, telles le FROCAD et l’IDC, qui ont dit NON au référendum constitutionnel jettent l’anathème sur l’opposition républicaine favorable au OUI qui, selon les radicalisâtes, fait le jeu du pouvoir. Cette dernière, à son tour , exige que l’opposition radicale reconnaisse ses droits,car, dit-elle, elle a le droit d'avoir une position en rapport avec ses intérets.
Du côté de la majorité au pouvoir, de nombreux partis ont dit NON à tout changement de constitution, mais qui continuent à gouverner ensemble. Une preuve tangible de la vitalité de la démocratie au Congo. Ce qui étonne un peu dans ce camp de la majorité, il ya des partis en accord avec le principal parti au pouvoir, mais à double tête, une partie à l’opposition radicale défavorable au référendum constitutionnel et une autre partie à la majorité présidentielle favorable au référendum constitutionnel. C’est le cas du MCDDI, du RDPS, du MSD, du CADD, etc.
Au meeting de l’opposition le 27 septembre dernier, le MCDDI, un parti qui a une obédience au sud du Congo, notamment dans le département du Pool, est venu parler au nom du peuple congolais et le 10 octobre au meeting de la majorité au pouvoir, l’autre aile de ce parti est venue soutenir le OUI au référendum. De la véritable prostitution politique qui n’honore pas l’Afrique et qui s’apparente à une escroquerie politique selon de nombreux observateurs. Des partis qui ne respectent pas des engagements pris, mais qui veulent être hissés à la magistrature suprême, incapable d'appliquer l'alternance politique en leur sein, mais sont devenus des grands donneurs de leçons politiques en txant les autres formations politiques de "marchands d'illusions". Quel dommage pour le Congo !
Ce qui est aussi curieux, ces partis dits de l’opposition radicale ont fait du nihilisme une option politique. Ils ont toujours opté pour la chaise vide à tous les dialogues proposés par le gouvernement, mais ces partis s’approprient quand même les conclusions des dialogues de Dolisie, Ewo et Sibiti pour régler les comptes à la majorité au pouvoir, même dans leur dialogue alternatif, ils se sont largement inspirés des conclusions de Sibiti sur la gouvernance électorale. Dialogue qu’ils ont pourtant rejeté à tout point de vue, alors de qui se moque-t-on en Afrique ?
Mais, ces partis de l'opposition les premiers à traiter les autres formation politiques de corrompus et de bas étage, surtout ceux de l’opposition républicaine qui ont toujours répondu présent aux différents dialogues proposés par le gouvernement. C’est grâce à eux que , le recensement administratif spécial est devenu un acquis et à Sibiti, ils ont pesé de tout leur poids pour que la CONEL qui organise et supervise les élections au Congo devienne un organe indépendant. Le mois passé, il a été organisé sur l’ensemble du territoire des opérations d’enrôlement et de vérification de la population en âge de voter pour l’élaboration d’un nouveau fichier électorale. L’opposition radicale a appelé au boycott, alors qu’elle mène un combat acharné pour le départ de Sassou au pouvoir. Une fois, ce combat gagné, comment pourra-t-elle faire pour triompher dans les urnes ?
Comme on le voit, la classe politique africaine comporte encore beaucoup de tares. L’on a l’impression qu’elle fait de la politique sans réelle ambition. D’ailleurs sur le débat en cours au Congo ayant trait au référendum, l'opposition ne prend pas le temps d’expliquer à leur base les faiblesses du projet de constitution à soumettre au vote pour que le NON triomphe aux urnes. Une campagne reférendaire avec pour principale slogan la désibéissance civile por barrer la route au coup d'état constitutionnel. Son ambition, c’est de chasser Denis Sassou N’Guesso au pouvoir. Donc, une opposition radicale et des plates formes affiliées basées sur aucun fondement juridique.Après la victoire tant rêvée sur Sassou N'Guesso, c'est le chacun pour soi et où est la crédibilité des hommes politiques africains ?
Une situation unique en son genre en Afrique et surtout au Congo, mais qui dénote que l’Afrique n’est pas encore mûre pour la démocratie. Que ses dirigeants actuels n’ont pas encore intériorisé les valeurs du développement intégral propres aux grands hommes qui ont marqué l’histoire de ce monde, à l’instar de Sékou Touré, Mahatma Gandhi, Martin Luther King et Nelson Mandela. De véritables visionnaires qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour tourner une nouvelle page de l’histoire de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique. Doit-on, alors, donner raison aux européocentristes qui i ont cru et continuent à croire que la « Raison n’est pas passée par l’Afrique ? »
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