L’Espagne arrivera-t-elle à dresser l’Europe contre le Maroc ? Et la France dans tout cela ?
A un moment où un grand nombre d’observateurs suivent de près l’évolution de la crise entre le Maroc et l’Espagne, bon nombre d’entre eux s’intéressent plus particulièrement à l’attitude qu’ont pris ou vont prendre les différents pays de l’Union Européenne : l’Espagne faisant partie de la grande famille du Vieux continent et le Maroc étant un partenaire très important sur les plans économique et sécuritaire, pour plusieurs membres de la Communauté.
De nombreux pays de l’Europe de l’Est ont fait savoir d’une manière assez nette qu’ils ne désiraient, en aucun cas, prendre des décisions hostiles au Maroc, auquel ils sont liés par des rapports étroits. Citons entre autres la Hongrie, la Tchéquie, la Pologne, la Serbie et la Croatie. D’autres pays comme l’Italie, le Portugal, la Grèce ne souhaitent pas non plus perdre ou ternir l’excellente relation qu’elles entretiennent actuellement avec le royaume. A signaler d’ailleurs que les 397 députés qui ont voté la résolution relative au conflit maroco-espagnol, proviennent en grande partie de l’Allemagne et de l’Espagne, en plus de quelques élus des partis de gauche et d’extrême droite, connus pour haine envers le Maroc.
Il est donc évident que ni l’Espagne ni l’Allemagne ne peuvent entrainer dans leur sillage une Union Européenne aux intérêts divers et variés. A noter également que le dernier vote du parlement européen n’engage en rien les gouvernements du Continent. Qu’en est-il maintenant de la France et de sa position dans ce conflit maroco-espagnol ? Une position pas du tout confortable bien entendu. En tant que membre de l’Union Européenne l’Elysée est tenue de rester solidaire avec l’Espagne, l’un des sociétaires de l’Union. D’un autre coté il est très difficile au pays de l’Hexagone de prendre une décision quelconque contre le Maroc, un pays ami et un partenaire auquel la France est liée par des liens linguistiques, historiques, et économiques.
Paris a tenté une médiation pour une reprise normale des relations entre Rabat et Madrid, sans parvenir à une approche quelconque, étant donné les divergences assez profondes entres les points de vue et les raisons évoquées par chacune des parties dans ce conflit, dont l’épicentre se trouve au Sahara occidental. La position de l’Espagne reste très flou à ce sujet et, disons-le même, assez intrigante, voire ouvertement hostile à son voisin du Sud.
Dans cette affaire du Sahara, la France par contre, ne veut pas précipiter les choses et préfère aller à pas de velours pour ne choquer aucun des belligérants. Sans reconnaître officiellement la marocanité du Sahara, Paris a eu le courage d’exprimer son soutien à la solution d’autonomie élargie, proposée par le Maroc pour ce territoire. La République en Marche, parti du président, n’a pas hésité à ouvrir un bureau à Dakhla, une ville qui est depuis cette semaine reliée à la capitale française par un vol hebdomadaire direct, ce qui correspond indirectement à une reconnaissance de facto.
Lors du dernier vote du parlement européen au sujet de la crise entre le Maroc et l’Espagne, 64 députés français sur 79 ont voté contre le texte défavorable au Maroc ou se sont abstenus. C’est là une attitude très sage et très diplomatique de la France, un pays qui connaît bien tout le passé et l’historique de la région. Ses dirigeants savent bien que la solution proposée par le Maroc est conforma à la réalité de l’histoire
La France considère que le plan d'autonomie proposé par le Maroc constitue "une base de discussions sérieuse et crédible, pour régler le conflit du Sahara qui n'a que trop duré", a indiqué le Quai d’Orsay (21décembre 2020). Le ministre français des Affaires Etrangères a réitéré la même position lors d’un récent entretien en visioconférence avec son homologue marocain Nasser Bourita. La porte-parole du ministère français des Affaires étrangères qui réagissait à la décision américaine de reconnaitre la pleine souveraineté du Maroc sur le Sahara a confirmé le point de vue du Ministre Jean-Yves Le Drian.
Comme on le remarque, l’Europe est donc loin de condamner le Maroc ou de prendre unanimement parti pour l‘Espagne.
12 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON