L’essoufflement du paternalisme républicain
Il est risible d'observer que les mêmes qui ont fait leur carrière en tapant comme des damnés sur les religions, soutiennent ce même genre de caporalisme lorsqu'il s'agit de refuser avec véhémence que l'on puisse choisir le travail le dimanche, de choisir les rythmes scolaires pour son enfant, de choisir sa protection sociale, son rapport tarifié ou pas au sexe, de choisir sa solidarité en préférant par exemple l'offrir à des fondations privées qu'à l'impôt punitif (où sont par exemple les centaines de millions d'euros, 1 milliard huit paraît-il, que l'Union Européenne a octroyé à la France pour intégrer lesdits "Roms" ?… où sont-ils ?…).
Ainsi dans nos sociétés techno-urbaines il est à la fois "ringard" d'être religieux pour un Bergé (qui voudrait supprimer toutes les fêtes religieuses sauf Noël parce qu'elle était au départ une fête "païenne" dixit "on refait le monde" sur RTL le 26/09/13) ou de se réunir chez les beaux parents (" je hais les dimanches" dit la chanson) et trop "égoïste" d'aller faire ses courses en solo ou en famille (parce que la semaine est trop chargée pour le faire), assène ce nouveau caporalisme.
Que des centaines de milliers d'emplois soient en cause, que des milliers de touristes soient, paraît-il, envoyés par leur tour operator à Londres le W.E laissent de marbre des syndicalistes qui pensent "moraliser" ainsi la société alors qu'il vaudrait mieux la responsabiliser, jusqu'à par exemple se battre pour que les salariés soient de plus en plus actionnaires comme le prônait le méchant néolibéral Milton Friedman ; mais l'on dira qu'ils "participeraient à leur propre exploitation" alors que d'une part ceci n'est visible qu'à la marge (en ce sens que le bénéfice provient de la vente d'un produit donné et non pas des seules compressions de coûts) et que d'autre part il suffirait de rendre la liberté aux salariés en leur donnant tout leur salaire brut (y compris une partie de la part patronale) pour augmenter le pouvoir d'achat, introduire de la concurrence dans la protection sociale qui combattrait le gaspillage et augmenterait la compétitivité…
Au lieu de cela, et parce que l'État veut justifier sa présence dans des secteurs où il n'a rien à y faire, il prend au lieu de laisser puis rend, et ce sous le prétexte paternaliste qu'il sait mieux que les acteurs quoi faire ; ce qui est terriblement infantilisant ; d'autant qu'il fausse le jeu par des "aides" qui n'en sont pas puisque certaines entreprises au lieu de faire leur métier vont faire la course derrière elles pour éviter les problèmes que l'innovation entraîne lorsqu'il s'agit d'évoluer et d'évaluer en permanence. Résultat : l'économie se grippe de plus en plus dans un monde de plus en plus ouvert (malgré la fausse embellie en matière d'emploi liée essentiellement aux emplois aidés et à des demandes saisonnières).
Or, loin de se demander ce qui ne va pas le caporalisme étatique s'accentue au contraire, et ce de la façon la plus contradictoire puisque d'un côté l'on infantilise donc et de l'autre l'on prétend responsabiliser le citoyen de toute la misère du monde. Prenons les "Roms" : pourquoi n'est-il pas possible de faire comme en U.K en proposant à ceux qui le désirent réellement une scolarisation appropriée, en leur donnant le droit de travailler ? Ce n'est pas possible en France parce que cela voudrait dire rendre plus souple le concept d'école publique, de d formation permanente, de salaire minimum par branche qui devrait être le seul "SMIC" permis. Sauf que "la" République dont tout le monde se gargarise reste en fait toujours jacobine et donc ne veut pas diversifier son école ni permettre aux familles de se voir rétrocéder une partie de leur impôt si elles choisiraient plutôt le privé au lieu de payer deux fois comme elles le font maintenant. En sens parler d'école "gratuite" comme le fait le 1er Ministre est un non sens. L'État impose de plus un volume d'élèves au privé, ce qui fait que les listes d'attente s'allongent au fur et à mesure que ladite "école de la République" s'étiole (alors qu'auparavant on mettait dans le privé ceux qui n'arrivaient pas à suivre dans le public).
Les idéologues transis n'en ont cure de la réalité sommée de se dissoudre, ils "choisissent" plutôt de soigner leur image de belles âmes sans mains comme le disait Kant.
De plus, il semble bien que les gosses interrogés après ce premier mois de changement de rythmes scolaires soient très fatigués parce que l'après midi il s'agit bien plus de garderie dans laquelle ils chahutent jusqu'à saturation, que d'activités "culturelles" difficiles à mettre en place et d'ailleurs imposées… Vincent Peillon, qui n'a que le mot de "République " à la bouche, oublie que ce terme désigne la chose publique, le bien commun, qui doit permettre à tous d'avoir les moyens de son émancipation et de son affinement (car sans la seconde la première n'est qu'égotisme). Sauf que ce n'est pas le cas puisque l'on insiste à oublier que les enfants ont besoin d'une coupure en milieu de semaine d'une part, et que l'on peut d'autre part laisser précisément le choix à chaque école d'expérimenter l'émergence de son propre "rythme".
En fait, le paternalisme pseudo républicain actuel ne répond pas plus aux contradictions du monde techno-urbain que le paternalisme d'autrefois qui a lui aussi échoué en imposant sa verticalité autoritaire d'obéissance non réciproque au sens où les droits et les devoirs n'étaient pas tant que cela partagés équitablement.
S'agit-il pour autant de considérer que la cohabitation des "choix" serait désormais le seul critère ? Non bien sûr puisqu'il ne s'agit pas d'opposer les choix entre-eux, en démocratie, mais de faire en sorte qu'ils ne remettent pas en cause la joie d'être ensemble en voulant s'imposer tout en traitant de "folie" les objections d'autrui. En fait il semble bien que la défiance et la méfiance envers la liberté deviennent les deux mamelles de la France, malgré le désir de responsabilité qu'elle affiche nécessairement puisqu'il n'existe pas de liberté sans limites qui permettent justement d'en définir la forme. Dommage et inquiétant que ce paternalisme, punitif, soit désormais devenu l'alpha et l'oméga de tout le spectre politique….
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