
On a appris que Joyandet avait démissionné de son plein gré, paraît-il. Quant à Blanc, il aurait été démissionné, lui, contre son gré, car semble-t-il il n’avait rien à se reprocher !
Ces deux fusibles ayant sauté − peut-être pour masquer une autre affaire, plus grosse encore − la question reste cependant entière. Comment se fait-il que des individus, pris eux-aussi la main dans le sac, soient encore en poste et continuent à être grassement rémunérés ?
Comme se fait-il que l’Etat reste sans rien faire, ou presque, sauf à faire du vent ?
Comment se fait-il que dans le domaine privé, de telles affaires auraient immédiatement conduit ces gens-là en correctionnelle et que la société leur aurait demandé le remboursement des sommes dues, capital et intérêts compris, augmentées d’amendes et de pénalités ?
Y a-t-il vraiment une justice différente pour les ministres, les secrétaires d’Etat, les amis et les symboles ? Aujourd’hui, la réponse est flagrante. C’est l’impunité car, les démissionnés vont retrouver des postes encore mieux payés. Quant aux autres, la belle vie continue… pour l’ami d’enfance de l’Etat qu’est C. Estrosi notamment.
Le seul tort que l’Etat semble aujourd’hui leur reprocher, c’est de s’être fait prendre comme des gosses ! Charge à eux de ne pas recommencer, sinon : "pan-pan cul-cul" !
Plus sérieusement, comment se fait-il que des ministres et secrétaires d’Etat osent prendre aujourd’hui de telles libertés ? Est-ce parce qu’ils sont les amis de l’Etat ou ses symboles ? Ou simplement par mimétisme ?
Quels signaux visibles ou non, ont-ils pu recevoir pour être tombés si rapidement dans la délinquance de la voyoucratie ?
Leur employeur, l’Etat, a-t-il failli dans ses missions d’exemplarité, d’éthique, de morale, d’humilité, de respect des valeurs de rigueur et d’intégrité qu’il est censé promouvoir ?
Si tel est le cas, on peut comprendre que le mauvais exemple venant d’en haut soit repris par les gosses des banlieues en recherche de repères dans une société qui semble les ignorer, mais on comprend beaucoup moins quand il s’agit de ministres, de secrétaires d’Etat, d’amis… personnes salariées par le contribuable et de surcroît, pour certaines, souvent très aisées, voire à l’ISF.
L’Etat serait-il devenu un si mauvais exemple en quelques années, pour que tout soit désormais permis ?
Comment l’Etat a-t-il pu, consciemment ou non, engendrer de telles déviances, tomber aussi bas ?
L’Etat a-t-il eu tort de proclamer qu’il fallait briller par son cercle "d’amis" riches, par sa présence sur des yachts, par le fait qu’il fallait porter une Rolex dès 50 ans si on ne voulait pas être considéré comme un perdant, etc. ?
L’Etat a-t-il failli quand il a cru bon de parler le langage de la rue pour mieux se faire comprendre par certains de ses sujets qui refusaient de lui serrer la main ou bien de descendre vers lui pour faire le coup poing ?
L’Etat a-t-il failli quand il a voulu accrocher à un croc de boucher rouillé, un ancien premier ministre ?
A-t-il failli en commandant, en pleine crise budgétaire, un nouvel Airbus à 180 millions d’euros, dont 42 millions de réaménagement intérieur de facture ultra-luxueuse ? Soit l’équivalent de 15 000 années de SMIG !
A-t-il failli quand il a offert des repas à 5 000 euros par tête, lors du sommet pour l’Union de la méditerranée au Grand Palais à Paris ?
La liste des faiblesses et de gamineries de l’Etat, encore immature, serait longue depuis 2007. Et, même si c’était pareil avant, la différence c’est qu’aujourd’hui, l’Etat semble s’enorgueillir de valoriser l’opulence des gens qui travaillent selon ses nouvelles valeurs.
L’Etat semble avoir oublié un vieil adage du philosophe chinois, Lao Tseu : "On a toujours les collaborateurs qu’on mérite" !
Sachant désormais cela, l’Etat, quand il redeviendra respectueux et porteur de valeurs dignes, verra que par mimétisme, positif, ses sujets lui emboîteront rapidement le pas. S’il poursuit en ignorant cela, il promeut la chienlit comme disait le "Grand Charles", Charles de Gaulle, premier président de la 5e République !