L’Etat français, actionnaire rapace
Dans son édition du 3 juin 2015, Le Canard enchaîné titre : "Bercy, actionnaire glouton"
" L'an dernier (2014), le Trésor public a encaissé plus de 4 milliards de dividendes. (...)
Le cas le plus étonnant ? GDF Suez qui, malgré 9,7 milliards de pertes en 2013 a dû faire un chèque de 1 milliard à l'Etat. (...)
Près de 98 % de taux de distribution, par exemple, pour Orange, alors que le taux médian se situe à 47 % pour les boîtes cotées au CAC 40.
Ce choix du rendement à court terme, comme le soulignent Les Echos (28/05), a une conséquence : priver ces entreprises des moyens de se développer car, plus elles distribuent de dividendes, moins elles disposent de capitaux pour préparer l'avenir. "
Désargenté, dos au mûr, l'Etat se comporte ainsi comme les fonds spéculatifs auxquels il est reproché si souvent de ne viser que le rendement maximum et à court terme, au détriment d'une stratégie d'innovation et de développement, au détriment donc de la "compétitivité" si ardemment invoquée par ailleurs.
Le temps est bien loin où l'Etat inscrivait son action dans la durée, avec un Commissariat général au Plan inspirant et contrôlant les stratégies à moyen terme (5 ans).
Wikipédia :
" Le Commissariat général au Plan ou Commissariat général du Plan (CGP) était une institution française qui a existé entre 1946 et 2006 et qui était chargée de définir la planification économique du pays, notamment via des plans quinquennaux. Il s'est transformé en Centre d'analyse stratégique (CAS), créé en 2006. Le CAS a de nouveau été transformé en 2013 pour devenir le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP), plus communément appelé aujourd'hui France Stratégie. (...)
C'est avec la fin des plans quinquennaux en 1993 — cette « ardente obligation », pour reprendre la formule célèbre du général de Gaulle — qu'est ébranlée cette identité forte.
En octobre 1986, le ministre de la Fonction publique, du Plan, et de l'Économie sociale, Hervé de Charette, propose de substituer un commissariat de la stratégie au Commissariat au Plan. Les oppositions ont été nombreuses : Pierre Massé dit par exemple que « supprimer le Plan au nom d'un libéralisme impulsif serait priver le pouvoir d'une de ses armes contre la dictature de l'instant ». Bien vu !
C'est donc dans les années 80 que le Commissariat général au Plan commença a perdre son "aura" et son impact sur le devenir du pays et de son modèle de société.
En 2006, lorsqu'il fut remplacé par le Centre d'analyse stratégique, il n'était déjà plus que l'ombre de lui-même.
Il ne vous aura pas échappé que les années 80 furent aussi les années de montée en vogue de l'ultralibéralisme et de la " dictature de l'instant ".
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