L’Europe pourra-t-elle remplacer le gaz russe par le GNL américain ?
Le quotidien américain New York Times écrit que les États-Unis sont incapables de remplacer pour les Européens le gaz russe par le gaz naturel liquéfié (GNL) américain, alors que le projet de renoncer aux hydrocarbures russes annoncé par le président américain Joe Biden et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen est symbolique.
Le problème relatif à l'envoi en Europe d'une grande quantité d'énergie réside dans le fait que le gaz, contrairement au pétrole brut, ne peut pas être facilement livré à bord de navires océaniques. Le gaz doit d'abord être refroidi lors d'un processus coûteux dans les terminaux d'exportation, principalement au large du golfe du Mexique. Puis le gaz liquéfié est versé dans des cargos spéciaux. En arrivant à destination, le processus inverse doit être initié pour transformer le GNL en gaz.
Les livraisons ininterrompues de gaz liquéfié des États-Unis en Europe nécessitent la construction de nouveaux terminaux des deux côtés de l'océan Atlantique. Cela prendrait au moins de deux à cinq ans. D'autant que plusieurs terminaux d'exportation américains sont en réparation. Une partie d'entre eux pourront être mis en service seulement d'ici 2026. L'Europe compte dix terminaux inachevés (en Allemagne, en Pologne, à Chypre, en Belgique, en Italie, en Grèce). L'Europe du Sud est la mieux équipée en infrastructure nécessaire pour importer du GNL, mais cela complique la fourniture de gaz dans les pays d'Europe du Nord et de l'Est.
Jusqu'à récemment, certains pays européens, notamment l'Allemagne, ne s'intéressaient pas à la construction de terminaux de GNL parce qu'il était bien moins cher d'importer du gaz russe via gazoduc. Actuellement, Berlin remet sur la table ses projets de construction du premier terminal de réception de GNL sur la côte Nord.
L'ancien conseiller à l'énergie du président George W. Bush, Robert McNally, dit que les États-Unis ne produisent pas suffisamment de GNL pour subvenir aux besoins de l'Europe. Il reconnaît : "À court terme, nous n'avons pas d'autre choix que de supplier un ou deux importateurs d'Asie de renoncer à son gaz au profit de l'Europe."
Le New York Times note que l'approvisionnement de l'Europe avec 15 milliards de mètres cubes de GNL américain est contraire à la politique climatique de Bruxelles et de Washington.
Les États-Unis ont nettement augmenté leurs exportations de GNL en UE cette année : les trois quarts du GNL importé sont d'origine américaine. En 2021, cette part était de 34%. Les déclarations de Washington que la diversification des livraisons de gaz vers l'UE est une réponse aux actions de Poutine en Ukraine ne correspondent pas à la réalité. Cela fait près de dix ans que les États-Unis cherchent à évincer le gaz russe du marché européen. Les événements en Ukraine ne sont qu'un prétexte pour durcir la guerre énergétique contre la Russie.
La Russie est le plus grand fournisseur de GNL au monde. En 2021, sa part avoisinait 45% des importations de l'UE. Dans l'ensemble, l'UE importe près de 90% de son GNL, utilisé principalement pour chauffer les foyers et dans le secteur industriel.
Alexandre Lemoine
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