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L’Europe s’est-elle tirée une balle dans le pied  ?

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Dans un geste significatif, le Parlement européen a approuvé l’ajout du Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne (CGRI) à la liste noire européenne des groupes terroristes et le renforcement des sanctions contre l’Iran. La décision de l’UE ne l’oblige pas à prendre des mesures contre le CGRI.

Mais elle intervient à un moment où les ministres des affaires étrangères appellent à un renforcement des sanctions contre Téhéran lors d’une prochaine réunion à Bruxelles. La position du Parlement ouvre la voie à cette décision, qui relève uniquement du Conseil européen.

L’inscription du CGRI sur la liste européenne des organisations terroristes nécessite un processus juridique et politique assez compliqué. La réaction de l’Iran montre que l’Europe est très mécontente de cette démarche.

Téhéran a protesté contre cette décision lors d’une conversation téléphonique entre le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, et le Haut Représentant de l’Union européenne, Josep Borrel.

Abdollahian a qualifié la décision d’«  émotionnelle, cruelle, non professionnelle et contraire à la civilisation politique  » et l’a comparée à une balle dans le pied de l’Europe, faisant clairement allusion aux conséquences qui pourraient survenir pour l’Europe si la décision est officiellement adoptée.

La réaction iranienne s’est limitée jusqu’à présent à répondre à la décision du Parlement européen par la voie parlementaire via le Conseil de la Choura iranienne. L’action et la réaction ne sont pas ce qui frappe.

Mais la fermeté exigée par les partis au Parlement européen, indiquant un possible changement qualitatif de la position européenne envers l’Iran, au moins au niveau parlementaire et populaire.

La position du Parlement européen reflète la colère croissante face aux positions et aux politiques du régime iranien, qu’il s’agisse des activités de l’Iran menaçant la sécurité régionale, de la répression des manifestants et de l’exécution de figures de l’opposition, ou de la fourniture de drones à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine - une position qui, dans ce cas, est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

La décision du Parlement européen n’est pas contraignante pour les responsables gouvernementaux. Mais elle constitue une base importante pour une position politique européenne plus dure à l’égard de Téhéran, que ce soit sur la question des IRGC ou sur d’autres sujets.

La résolution parlementaire a été adoptée à une large majorité, 598 des 638 députés ayant voté en faveur de l’ajout du CGRI à la liste des organisations terroristes. Mais ce n’est pas aussi facile que vous le pensez. L’adoption formelle d’une résolution nécessite un consensus de tous les États membres de l’UE, ce qui peut être atteint compte tenu des positions récentes.

Mais il reste la question de savoir comment documenter une condamnation légitime pour des actes terroristes dans les États membres pour éviter qu’un tribunal européen ne suspende ensuite la résolution. La balle est maintenant dans le camp de l’UE. Le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrel, n’a pas assisté à la session parlementaire.

Il continue d’évoquer la possibilité de relancer l’accord nucléaire, alors que la majorité des députés demandent que les efforts pour relancer l’accord soient arrêtés pour punir le régime iranien.

Les capitales européennes auraient désormais une crainte palpable des conséquences d’un affrontement ou d’une escalade avec le régime iranien, d’autant plus que les commandants des Gardiens de la révolution menacent de «  conséquences improbables  » pour les pays européens et qualifient de complot la demande d’inscription des Gardiens sur la liste des terroristes.

Il est possible que la diplomatie européenne s’empare de cette question et utilise la position de l’Union européenne comme levier pour amener le régime iranien à revenir sur le plan de relance de l’accord nucléaire, dans lequel l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France ont joué un rôle déterminant, et à renoncer à ses demandes difficiles, notamment en ce qui concerne le retrait du nom des Gardiens de la révolution de la liste terroriste américaine, une demande à laquelle Washington n’a pas encore accédé.

Il est également possible que la diplomatie européenne opte pour le juste milieu, c’est-à-dire qu’elle reconnaisse que l’inscription des Gardiens de la révolution sur la liste terroriste américaine est suffisante, mais qu’elle impose en même temps des sanctions à certains individus des Gardiens de la révolution sans généraliser la question, et qu’elle considère que cela est suffisant pour maintenir la pression sur le régime iranien si celui-ci accepte les conditions d’un retour à l’accord nucléaire.

Mais la réponse de l’Iran est incertaine. Téhéran a l’habitude de mener une diplomatie de la corde raide dans de telles situations chaque fois que cela est possible.

Il est évident que l’option consistant à fermer la porte avec l’Iran ne permettra pas d’atteindre les objectifs de l’Union européenne, surtout lorsqu’il s’agit d’obtenir des concessions liées à l’accord nucléaire, qui, comme les faits le confirment, est difficile à relancer compte tenu de la situation internationale actuelle.

Bien que les sanctions signées par l’Union européenne contre l’Iran à ce jour signalent un changement qualitatif de la position européenne, le climat actuel augure d’une position plus dure contre Téhéran, que ce soit vis-à-vis du CGRI ou par le biais de nouvelles sanctions économiques plus efficaces.

Compte tenu de l’environnement international créé par la guerre en Ukraine, des inquiétudes concernant une alliance irano-russe menaçant les intérêts et la sécurité de l’Europe, et des préoccupations européennes concernant les conséquences d’une position dure à l’égard de l’Iran sur sa position au Moyen-Orient, notamment au Liban, en Syrie et ailleurs, il est difficile pour l’Europe d’exclure complètement les chances de relancer l’accord nucléaire.

En outre, certaines capitales européennes sont préoccupées par le soutien des CGRI à de nouvelles opérations terroristes en Europe.


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4 réactions à cet article    


  • Sirius paparazzo 6 février 2023 16:33

    L’Europe s’est plutôt fait tirer une « balle » dans le « dos ». Quand n a des amis comme les Etats-Unis, il ne faut jamais se retourner.


    • saint louis 6 février 2023 18:17

      @paparazzo
      L’UE a une balle dans le dos, une quantité incalculable de balles dans le pied et aussi une dans la tête avec l’histoire de l’Ukraine.
      Malgré cela elle n’est pas tout à fait morte, mais il semble que ça devrait arriver à terme.


    • xana 6 février 2023 18:26

      L’UE fait ce qu’elle a à faire en tant que valet des anglo-américains.

      Elle n’a strictement aucun libre arbitre, c’est un état vassal.

      Si les sionistes l’avaient ordonné, tous les présidents européens porteraient des chaussettes bleues.

      Et Salem Alketbi aussi.


      • Eric F Eric F 7 février 2023 14:41

        Bon, ben on ne sait donc pas si l’Europe va escalader les sanctions contre l’Iran, ou s’efforcer de relancer l’accord nucléaire. On va confier le dossier à Macron, spécialiste du ’’en même temps’’.

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