L’Explosion de la Centrale de Fukushima : Le Choc Nécessaire pour Sortir du Nucléaire ?
« Nos solutions pour produire sans CO2 une électricité sûre et compétitive » C’est ce que vous pouvez lire sur la page d’accueil du site web de la firme Areva. Que dire ? Sinon que nous sommes en présence d’un cas d’école de publicité mensongère.
« sans CO2″ : entièrement faux puisque pour construire vos centrales il a bien fallu du béton, des camions etc… et pas qu’un peu. De même, l’auteur imprudent oublie de préciser les différentes émanations lors de l’extraction du minerai comme du recyclage avec du gaz radioactif krypton 85 par notre fabuleuse Centrale de retraitement de La Hague.
« compétitive » : de moins en moins puisque EDF et GDF Suez augmentent leurs tarifs comme bon leur semble. Pour le consommateur final, cela n’a plus rien de compétitif.
« sûre » demeure certainement le terme le plus abject et le plus cynique de toute la phrase.
Comment imaginer une telle expression en voyant des images pareilles ?
Après l’explosion de Fukushima, suite au tremblement de terre au Japon, on pense irrémédiablement à un nouveau Tchernobyl. A raison. Personne ne peut dire à l’heure actuelle, l’étendue des dégâts en terme de fuites, d’émanations de gaz ou de radiations radioactives.
On peut d’ailleurs s’interroger du respect des normes parasismiques comme du choix de l’implantation de la centrale.
Science sans conscience que de construire une centrale près du bord de l’océan pacifique !
Alors « sans CO2 une électricité sûre et compétitive » ne peut qu’au final, nous pousser à penser à l’après-nucléaire et vite. Surtout si on compte sur la cupidité de certaines personnes pour outre-passer les principes de sécurité les plus élémentaires. Étrangement, en France comme en Allemagne, sur une simple décision politique, les centrales nucléaires ont gagné plusieurs dizaines d’année de vie. REN-TA-BI-LI-TE.
Et d’où les tweets cyniques et dénonciateurs : « La mise a niveau des mesures de sécurité anti sismiques à la centrale de Fessenheim prennent fin en juin 2011″ (de @zzzBzzz)
Rappelons-nous aussi des problèmes de l’EPR et de la demande de l’Autorité de Sureté Nucléaire (l’ASN) pourtant souvent laxiste avec Areva et consors, qui avait imposé l’arrêt du chantier pour revoir les fondations du nouvel EPR à Flamanville, entrainant de nouveaux retards. Un comble…
Contrairement aux propos des pro-nucléaires, il ne s’agit évidemment pas d’abandonner le nucléaire du jour au lendemain, ni de faire de la décroissance en revenant à la bougie voire à l’âge de pierre. Qui serait pour ? Personne sauf une minorité infime de fanatiques.
Il faut simplement remplacer cette technologie obsolète et trop dangereuse pour les mêmes raisons qu’on remplace une ampoule à incandescence par une ampoule fluo-compact, elle-même remplacée par une ampoule à LED. Economies d’énergie oui, danger pour l’utilisateur et la planète, non.
Il faut avoir le courage de reconnaître ses erreurs et d’abandonner les anciennes technologies, et de sacrifier du même coup des milliards d’euros d’investissement.
Osons citer Christine Lagarde, qui défendant Sarkozy à propos du bouclier fiscal, s’est permise d’argumenter par la maxime : « Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis ».
En Politique comme en Science et en Finance, puisque le nucléaire est devenu un commerce, ce principe reste vrai. Il faut faire comme l’Allemagne, décidément l’UMP a de mauvaises influences, et s’engager vers un plan de plusieurs dizaines d’années, 20 ans au moins, pour sortir progressivement du nucléaire (plan récemment mis entre parenthèses par la néoconservatrice et physicienne de formation Angela Merkel)
Quant à l’argument de l’indépendance énergétique de ces mêmes pro-nucléaires, les principales sources d’uranium se situant à l’étranger, en dehors des frontières françaises, parfois dans des zones instables politiquement comme au Niger, avec les risques encourus par les salariés d’Areva et de leurs sous-traitants, cet argument peut être balayé d’un revers de main.
La Science s’est toujours basée sur cette logique : essayer maintes et maintes fois, jusqu’à parvenir à un compromis acceptable. Jusqu’à encore quelques années, le compromis face aux énergies fossiles était légitime. Il ne l’est plus, écologiquement parlant. Les requins de la Finance sont passés par là et ont usé et abusé de ce miracle de l’innovation scientifique, maitriser l’atome. Un rêve encore bien éloigné si l’on considère les désastres écologiques lors de l’extraction comme du recyclage des déchets.
Alors on fait quoi ? Question simple, réponse simple : on utilise les technologies les plus prometteuses, les plus innovantes et les moins dommageables pour la planète comme pour les habitants.
Et plusieurs règles seront nécessaires comme « trouver des compromis » et « ne pas mettre ses oeufs dans le même panier ».
Car les éoliennes et les usines marée-motrices de petites tailles ont leurs détracteurs (Riverains, pêcheurs…), des détracteurs qui ont malheureusement raison. (bruits, paraistage électromagnétique, zone de pêches à sacrifier…)
Une des solutions techniquement faisable et rentable (impossible d’oublier ce paramètre) est l’ETM, l’Energie thermique des mers ou énergie maréthermique dont vous nous parlions dans cet article Science sans Conscience en Sarkozia
D’où le raisonnement : toutes les autres pistes autres que le nucléaire doivent être financées, car on ne sait jamais à l’avance d’où viendra l’innovation. De bactéries mangeuses de déchets produisant de l’électricité, de capteurs solaires à haut rendement, qui peut prédire ?
Principes ETM / OTEC
Source Telegraph
Pour en revenir au 3ème drame nucléaire de l’Histoire du Japon, après Hiroshima et Nagasaki, la France peut d’ores et déjà s’inquiéter de ces choix notamment dans l’implantation d’Iter à Cadarache.
Un choix critiqué par la communauté scientifique et notamment par le regretté Georges Charpak qui de part les rallonges budgétaires nécessaires pour construire un site parasismique, voyait un sacrifice financier inadmissible allant à l’encontre des autres domaines de recherches scientifiques (micro-biologie, informatique…) Une hérésie puisque justement contraire au principe : « ne pas mettre ses œufs dans le même panier »
Les différents lobbies, les différents pouvoirs – iter est un projet international – ne voudraient pas s’affranchir de l’industrie nucléaire qu’ils ne s’en seraient pas pris autrement.
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