L’explosion de la droite dans deux mois ? Possible !
La défaite de Sarko déclenchera-telle une guerre fratricide ?

La constitution de la Ve République est une constitution fondée sur l’homme providentiel, dans la mesure où le président élu au suffrage universel en est la clé de voute. La situation politique chaotique, comme la situation sociale, avaient créé en 1958 les conditions d’un pouvoir bonapartiste, en même temps que l’exigeaient les intérêts bien compris de la classe moyenne montante. De Gaulle incarnait ce pouvoir bonapartiste, capable de prendre et d’imposer les décisions dictées par les circonstances en fonction des intérêts généraux sans en référer à quiconque.
Le pouvoir de de Gaulle ne dépendait pas, au fond, des partis de la droite, c’est au contraire eux qui dépendaient de lui. Ce fut là la source de cette force d’attraction qui a attiré dans l’orbite de de Gaulle tous les courants disparates de la droite - voire même, pendant une courte période, une partie de la gauche et a fondu ensemble une grande partie de ces courants au sein d’un parti.
Cette force d’attraction s’affaiblit à mesure que, la guerre d’Algérie terminée, les conditions sociales du bonapartisme s’estompèrent. L’unification de la droite naquit historiquement avec de Gaulle. L’affaiblissement de la cohésion de la droite grandit avec sa disparition.
Lecanuet avait déjà porté de son vivant le premier coup notable, à la fois à l’unité de la droite, en quittant avec sa formation la majorité gouvernementale, et à l’autorité du président de la république, en mettant de Gaulle en ballottage, au premier tour des élections présidentielles de 1965.
Le jeu de Giscard, plus tard, sera plus subtil. Sa formation ne quitte pas la majorité gouvernementale, mais en appelant à voter « non » au referendum de 1969, elle fera démissionner de Gaulle. L'homme de Colombey refusa de composer et le paya de sa place.
Pompidou était loin d’être de Gaulle. S’il parvint à la présidence un peu par accident, il ne cessa de composer habilement avec les courants divers de sa majorité.
Par la suite, les présidents de droite élus (Giscard comme Chirac) ne cessèrent de jouer au chat à la souris avec leur soutiens épars, l’un avec les gaullistes – ce qui lui coûtera sa réélection en 81, l’autre avec les centristes dans une sorte de rapport amour / haine permanent.
Si Nicolas Sarkozy perd dans deux mois, ce qui est hautement plausible, quels en seront les conséquences sur sa propre majorité ?
Le mari de Carla a déjà annoncé que si il perdait, il prendrait du champ avec la politique. En sera-t-il capable ? Pas certain. Admettons toutefois cette hypothèse. Le leadership de la droite serait alors laissé vacant et les candidats au fauteuil de capitaine seront nombreux : ils se déchireront, c’est enfoncer une porte ouverte que de le prédire.
Mais, d’une manière plus générale, les problèmes structurels de la droite française vont se poser et ressurgir violemment en cas d’échec Sarkozien.
La droite c’est l’union de centristes au fond très peu éloignés de l'actuel PS - formation politique de notables - de quelques souverainistes antagonistes avec ceux-ci, d’un vaste conglomérat d’hommes de droite relativement modérés, et d’une franche très droitière, réunie récemment sous la bannière de la droite Populaire.
Pour être très schématique, Bayrou et Villepin sont capables d’intégrer un gouvernement de gauche, et les députés souverainistes tel que Dupont Aignan (et, évidemment les ultras de la droite populaire) ne sont pas très loin de pouvoir rejoindre Marine Le Pen, pour peu qu’elle réalise un gros score aux présidentielles et législatives. Ceci ne veut pas dire que cela arrivera bien entendu, mais c’est en théorie possible, depuis le “recentrage”, réussi ou pas peu importe, du FN expurgé des encombrants jeu de mots de son ancien chef.
Si une telle déflagration survenait, ce serait à coup sûr un événement capital sur l’échiquier politique, aux conséquences atomiques. Mais, et c’est le plus surprenant de l’affaire, ce serait là une recomposition absolument pas illogique sur le plan historique, dans la Vème République.
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