L’héritage, un facteur d’inégalités en Socialie ?
Dans la série "fausses bonnes solutions hexagonales face à un monde en total bouleversement" le CAE (Conseil d'Analyse Economique) s'est auto-saisi pour produire un rapport censé faire trembler les héritiers et les rentiers de France et rétablir la justice sociale. Le problème de ces pseudo-solutions pour lutter contre les inégalités en France c'est qu'elles datent des « luttes » des XIXe et XXe Siècles, quand dans une société industrielle naissante puis dominante il suffisait de déplacer les curseurs entre le capital, le travail et les impôts pour (r)établir équité, égalité ou même la une "justice sociale" se substituant à la justice divine (l’enfer pour les riches, le paradis pour les pauvres).
Dans la société française de ce début de XXIe siècle la presque totalité des citoyens sont des "rentiers"
Qu'est-ce que la rente ?
Rappelons la définition classique de la rente : "c'est soit "un revenu tiré d'un capital ou d'un bien que l'on possède" soit encore "une somme d'argent touchée régulièrement".
La rente (Pinay ou viagère) serait donc honnie par les marxistes en ce qu'elle s'obtiendrait sans travail, juste en se donnant la peine d'être (de naître) dans une bonne famille, un milieu favorisé ou une classe sociale dominante.
Malheureusement (ou heureusement) aujourd'hui dans la société française (et en Occident en général) la rente est partout
- la rente est sociale appelée encore "avantages acquis"
- la rente est universelle : la sécurité sociale, les retraites, les aides diverses et variées sont à la disposition de tous (ou presque)
- la rente est (était) occidentale et liée à l'histoire contemporaine : comment expliquer qu'un bébé à sa naissance en Occident dispose de bien plus d'occasions de se développer, de bien s'alimenter, d'être protégé, soigné et entouré que le même bébé né dans un pays du Sud, qui survivra (peut-être) mais dans un environnement précaire, difficile, parfois périlleux.
La rente n'est plus tant monétaire que culturelle et cognitive
La richesse (tant honnie par certains en France) ne tient plus forcément dans l'héritage financier (des biens, des propriétés, de l'argent) que dans la transmission de valeurs (la probité, le courage, l'amour du travail, l'humilité, l'empathie...). Cet héritage fait à la fois de bienveillance (envers le petit d'homme mais aussi envers les autres), cet héritage est largement immatériel.
L'immatériel est la première richesse dans les sociétés post-industrielles
La moitié du PIB des USA est réalisé dans le culturel, le soft Power (le cinéma, la musique..) et surtout le numérique (les GAFAM), ces producteurs de richesses (qui allègrement siphonnent nos anciennes richesses accumulées durant la société industrielle) démarrent et se déploient souvent sans capital financier (il en fut ainsi d'Apple, de Microsoft, d'Amazon ou de Tesla) mais sur des idées innovantes (disruptives) de services (livraison de livres ou dématérialisation de la musique) qui n'ont besoin pour s'épanouir que d'un environnement favorable (business Friendly), d'une société mobile, rapide et capable de prendre des risques. Tout le contraire d'une société française faite de révérences, de statuts (transposés de l'ancien régime) et d'immobilisme et illusions sociales et économiques (le diplôme et le fonctionnariat pour tous)
L'héritage ne joue plus à la marge pour fonder les inégalités sociales
1- les successions se réalisent de plus en plus tard, très souvent au-delà de la vie active (on hérite en moyenne à 65 ans en France)
2- La richesse n'est plus tant liée au passé (les 200 familles) qu'à la capacité d'individus d'innover, de tisser des réseaux, de bousculer les anciennes hiérarchies (Xavier Niel ou J.A Granjon ou Octave Klaba).
3- L'idée du CAE de faire de chaque jeune habitant de France un héritier (entre 40 et 120 000 €) est elle aussi parfaitement stupide. Le seul héritage qui vaille (et qui vaudra à l'avenir) c'est la richesse qui se trouve dans la tête des habitants d'un pays, leur QI et leur QE (Quotient Emotionnel). Leur patrimoine culturel mais aussi leur capacité à accueillir, imaginer, déployer de nouveaux modèles de développement parfaitement différents (et souvent opposés) aux modèles du passé.
Les Français pourrait siphonner en une ou deux générations tout l'héritage qu'ils tenaient de leurs ancêtres
La France et les Français globalement n'inventent plus aujourd'hui, ils importent massivement non seulement des produits industriels ou culturels mais aussi même notre nourriture (50 % de notre alimentation vient de l'étranger). Nous avons construit globalement (en 50 ans) une société de rentiers qui se reposent à la fois sur le travail et les innovations des autres (Les Iphones mais aussi les services liés), des importations massives et pour financer le tout un endettement croissant et sans doute illimité (il faudra bien que nous nous fassions offrir la prochaine transition environnementale et climatique par les marchés financiers).
Un peuple de rentiers n'a pas d'avenir, juste une histoire, un passé et bientôt des ruines
La rente est donc partout et prétendre qu'en déplaçant un peu les curseurs nous pourrions redevenir un peuple (élu) d'innovateurs, d'ingénieurs, de défricheurs et de laboureurs est un leurre, un mensonge social et un espoir qui sera très vite douché si nous ne remettons pas en cause très vite l'ensemble des rentes françaises (sociales, financières, statutaires, éducatives...)
38 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON