• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > L’homme absurde d’Albert Camus

L’homme absurde d’Albert Camus

L'homme absurde est-il encore d'actualité ? Sisyphe continue-t-il toujours à pousser son rocher ou a-t-il été finalement écrasé sous son poids ? Surprenant destin pour cet écrit d'Albert Camus, datant de 1942, de se voir régulièrement inscrit dans les programmes scolaires...

Quel intérêt oserais-je dire de parler de l'absurdité du monde à des adolescents qui en sont déjà convaincus ? Faut-il aborder ce thème et celui du suicide avec des jeunes gens même si la morale philosophique demeure optimiste : l'homme absurde ne se suicide pas et retrouve l'espoir ?

Mais le monde scolaire s'est approprié l'idée de l'absurde.

Faire démarrer une nouvelle année avec le second trimestre est déjà un peu absurde : pourquoi ne pas faire coïncider l'année scolaire et l'année civile ? Est-ce si triste de retourner étudier les pieds dans la neige ? En fait tout doit être clos avant le mois d'août fatidique car la terre s'arrête de tourner...Les vacances c'est sacré et le sacré éloigne le sentiment de l'absurde

Je me suis toujours demandé ce qu'il y avait de philosophique à dire que vivre est absurde, tout le monde le sait et l'idée est plaisante, mais seul un écrivain pouvait avoir du temps à perdre pour vouloir en disserter. Encore que ce qui est absurde dans la vie, c'est surtout la mort.

 Remarquons que l'entreprise était courageuse à une époque où le collectif l'emportait sur l'individuel. En effet si la société donne un sens à l'existence de l'individu, elle le transforme en rouage d'une machine qui le dépasse. Durant la Seconde Guerre Mondiale, laisser l'individu penser comme une personne comportait un risque... Ce n'est plus le cas à notre époque : chacun reconnaît son importance, justifiée par la consommation. Le Service Militaire exaltait encore, certes très maladroitement, l'idée d'un devoir à accomplir... Maintenant l'homme ne défendra plus des valeurs mais fera son métier ou obéira à Dieu. Pourtant n'était-il pas absurde d'envoyer ses enfants à la guerre ? La résistance à l'oppression donnait un sens à la vie et aussi à la mort, mais à quel prix !

La collectivité d'une part, mais également la mémoire donne un sens à notre existence : encore faut-il avoir vécu suffisamment pour s'en apercevoir. Finalement la vie prend tout son sens si l'on sait attendre.

En attendant, mon jeune ami, passe d'abord ton bac, même s'il est un peu absurde de travailler pour obtenir un diplôme sans grande valeur aujourd'hui. Si l'échec ici n'est pas une catastrophe, il est bon d'avoir ce bout de papier cartonné. Nous vivons une inflation dans le domaine des diplômes dont on aura bien du mal à se remettre.

Etudier longtemps car on vit plus longtemps : tous ceux qui étudient ne trouveront pas forcément du travail et la mort malheureusement frappera parfois prématurément des gens que l'on a voulu inclure dans les statistiques.

Albert Camus avait-il vraiment inventé quelque chose en philosophie et n'est-il pas narquois de le mettre continuellement au programme ? Plus les années passent et plus nous ressemblons à ce bon vieux Sisyphe qui ne pouvait pas se révolter.


Moyenne des avis sur cet article :  2.33/5   (12 votes)




Réagissez à l'article

5 réactions à cet article    


  • pierrot123 27 décembre 2010 10:27

    Vous dites : « Encore que ce qui est absurde dans la vie, c’est surtout la mort. »

    Creusez un peu cette affirmation, et vous sentirez à quel point elle est superficielle.
    (Hé oui, pour mettre en évidence la superficialité, il faut creuser, c’est comme ça...)

    Car, sans la mort, aucune forme de vie n’est possible.
    Passez de bonnes fêtes...


    • sisyphe sisyphe 27 décembre 2010 10:46

      Je me suis toujours demandé ce qu’il y avait de philosophique à dire que vivre est absurde, tout le monde le sait et l’idée est plaisante, mais seul un écrivain pouvait avoir du temps à perdre pour vouloir en disserter. Encore que ce qui est absurde dans la vie, c’est surtout la mort.

      Vous avez raison de parler d’absurde ; c’est ce qui caractérise ce que vous écrivez.
      Lisez et relisez le Mythe de Sisyphe ; ça vous évitera de montrer que vous n’y avez rien compris, et d’enchainer les truismes.

      Parlez de ce que vous comprenez, et évitez le reste : merci, et bonnes fêtes.


      • Bartik Bartik 28 décembre 2010 17:54

        Merci pour vos commentaires constructifs : j’ai beaucoup ri !

        Et merci également à ceux qui ont compris ce pamphlet satirique... je m’interrogeais simplement sur l’avenir et la valeur de nos diplômes...


        •  C BARRATIER C BARRATIER 28 décembre 2010 19:37

          « L’absurde » accepté et même revendiqué n’est plus absurde, il fonde la varie grandeur de l’homme, comme le commémorait la tragédie grecque. Donne du sens à sa vie. J’aime imaginer avec CAMUS « Sisyphe heureux ».
          Les diplômes qui sont des certificats de capacité à s’insérer dans des moules se situent à l’opposé des valeurs des héros qui « sortent du cadre ». Et trop souvent les diplômes montent à la tête des formatés et confirment des prétentieux. On ne connaît pas les diplômes des héros : ils n’en avaient pas besoin.

          J’ai mes vues, - humbles- sur le sens de la vie

          http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=59

          Ce qui me paraît absurde c’est de citer CAMUS dans le contexte de cet article. Une provocation peut être comme il en faut aussi.


          • Bartik Bartik 28 décembre 2010 21:12

            Enchanté de faire votre connaissance Monsieur Barratier et je vous remercie de votre critique modérée et respecteuse du travail d’autrui : cet article qui vaut ce qu’il vaut voulait juster illustrer l’absurdité ( au sens non-philosophique) d’un système scolaire dans lequel je n’ai pas eu d’échec mais dont l’orientation ne me paraît pas sensée et qui dévalorise les diplômes. La référence à l’absurde de Camus est juste due à ce choix, par l’Education Nationale, d’imposer le mythe de Sisyphe et la philosophie de l’absurde comme si finalement le système scolaire était cohérent dans son fonctionnement...il est évident que cela n’a rien à voir...et qu’il y a une exagération à assimiler les deux.
            Je ne prétends pas avoir fait une réflexion importante, un s’agissait d’un essai personnel, un exercice de style, dont je peux admettre l’échec...
            La réputation d’Albert Camus ne sera pas entâchée, et la mienne importe peu... 

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Bartik

Bartik
Voir ses articles







Palmarès