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L’homme moderne ne comprend plus les ordres de grandeur

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Ordre de grandeur

L’idée m’a traversé l’esprit quand j’ai entendu notre ancien ministre Monsieur Woerth dire à propos de la vente de l’hippodrome de Compiègne que c’était « une bonne affaire pour l’état ». Sans revenir sur la polémique du prix de vente et du « délit de favoritisme », je voulais juste comprendre en quoi récupérer 2,5 millions d’euros pouvait être une bonne affaire pour l’état. Notre gouvernement semble souffrir de l’incapacité de comprendre les ordres de grandeur comme 99% des citoyens qui n’ont pas réagit à cette remarque.

Prenons l’exemple de la dette publique pour faire un exercice sur les ordres de grandeurs. Le montant de la dette est supérieur à 1000 milliards d’Euros, on appelle ça aussi un billion (à ne pas confondre avec le billiard qui vaut 1000 billions ni avec le billard qui n’a que 16 boules). Les intérêts de cette dette coûtent à l’état français chaque année (en gros) 40 milliards d’Euros. Si nous divisons cela par le prix de vente d’un hippodrome de Compiègne, cela fait 16000. Il faut donc vendre 16000 hippodromes par an pour payer juste les intérêts de cette dette pharaonique. Notre brillant ministre du budget a donc buché comme un fou pour nous faire faire une « bonne affaire » en dépossédant l’état d’un lieu prestigieux pour payer 33 minutes d’intérêts. Oui, 33 minutes.

Heureusement que la France détient le record d’hippodrome répertoriés (250). En les vendant tous (s’ils appartiennent encore à l’état), on pourra peut-être payer 5 jours d’intérêts si tant est qu’ils soient tous aussi cher que celui de Compiègne. Il faudra par contre embaucher quelques ministres supplémentaires pour assurer cette tâche d’agent immobilier hippique.

Ma fille de 3 ans sait compter jusqu’à 4. Elle qualifie tout ce qui se trouve au dessus de 4 par « beaucoup ». C’est très rigolo de l’entendre dire « 1, 2, 3, 4, beaucouuuuuup…. ». C’est à peu près pareil avec les Français (mais c’est moins drôle), qui ne savent compter que jusqu’au montant de leur salaire. Tout ce qui est au dessus est qualifié de « beaucoup ».

Vous pouvez utiliser vos collègues comme cobayes, vous dîtes à Patricia à la pause café : « Tu te rends compte, on va payer 40 milliards d’intérêts de la dette cette année ! », sa réponse sera invariablement « ohhhhhh, c’est beaucoup ! ». Mais là où ça sera beaucoup plus drôle, c’est quand vous direz à Nathalie « Tu te rends comptes, on va payer 400 milliards d’intérêts de la dette cette années » et qu’elle vous répondra immanquablement que ça fait beaucoup avant d’enchainer sur la bonne affaire qu’elle à faite avec le taux d’intérêt de son crédit immobilier. Cette pauvre Nathalie n’aura pas vu la supercherie (le facteur 10 pour ceux qui ne l’ont pas vu non plus), et c’est bien normal car elle ne sait pas ce que représente un milliard. Elle n’en a jamais eu ni même touché. Cet exemple n’avait aucun caractère misogyne, cela marchera aussi avec vos autres collègues Paul et Vincent.

Personne ne peut se représenter 40 milliards. C’est énorme. Mais, je crois qu’il faut faire l’effort de comprendre les ordres de grandeur et d’avoir rapidement des repères pour comprendre que l’on se fait déposséder. Si l’hippodrome de Compiègne « vaut » 33 minutes, le Parc des Princes ne vaut que les 90 minutes d’un match de foot. Partez en vacances 3 semaines et les 2,65 milliards qu’on rapportés la privatisation de la poste auront été engloutis pour rien, du néant, que dal ! Combien de temps cela va-t-il pouvoir durer ? Une fois que l’on sait cela, il faut être fou (ou politicien peut-être) pour ne pas comprendre ce qui est en train de se passer.

Notre pays, malgré ce fait qui ne semble inquiéter quasiment personne, a une bonne note des agences de cotation. Ce triple A qui nous assure un taux d’intérêt relativement faible (le quadruple A, c’est pour les andouillettes). Mais quand l’état n’aura plus rien à vendre, plus de retraites ou de sécu à supprimer que deviendra cette note ?

Le débat de la dette dans les médias classiques n’est abordé que par une de ces facettes. On discute de quand ou comment la rembourser, on se déchire sur les moyens : relance, rigueur, croissance, etc... Bref, on fait semblant de se battre pendant que la populace continue de regarder TF1. Mais le réel débat n’est pas abordé, la vraie question n’est pas posée.

Qui finance la dette ? D’où vient l’argent de la dette ?

Quand le peuple aura posé cette question, beaucoup de choses changeront. Quand le peuple découvrira que ces 40 milliards sont payés à des organismes qui créent l’argent à partir de rien, rien ne sera plus pareil. Mais le peuple semble vouloir rester aveugle. Alors, circulez, y’a rien à voir !

PS : pour s’entrainer encore aux ordres de grandeur, 40 milliards ça fait aussi :

  •  70 fois le bouclier fiscal (dont on nous parle tous les jours)
  •  1,3 fois ce qu’il faut pour sauver la planète de la faim (estimé à 30 milliards d’€)

Et un dernier pour la route :

L’ISF représente à peu près 7 fois le bouclier fiscal...... juste pour info pour la petite carotte qui nous attend bientôt.....


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8 réactions à cet article    


  • apami 24 novembre 2010 13:57

    Bof, c’est pas très difficile de se représenter des grandes sommes :

    1 milion = construire quelques maisons ordinaires
    1 milliard = reconstruire une ville moyenne
    20 milliards = dépenses annuelles de construction en france
    4 500 milliard = valeur de toutes les maisons résidences principales de france (24 milions, surface moy 100m2 , 1700€/m2)


    • pingveno 24 novembre 2010 15:42

      Ceux qui tiennent les cordons de la bourse mondiale ne maîtrisent pas d’avantage les ordres de grandeur.
      La dette serait de 1000 milliards de dollars ? Bah c’est à peine 8 heures d’échanges sur le marché Forex par exemple.
      Je me souviens aussi qu’à l’époque de l’affaire Kerviel un trader pleurait pour avoir perdu des milliards en croyant acheter des millions...
      Un de ces jours vous verrez la monnaie sera une valeur logarithmique.


      • Peretz Peretz 24 novembre 2010 17:50

        Tout ceci pour moi ne veut rien dire : la dette n’a qu’un importance de circonstance. En effet tout dépend de son exigibilité. C’est c’est du long terme, on a le temps de la payer. Quant au déficit, c’est simple si on dispose de la fabrication de sa monnaie on la finance avec la planche à billets ! Et alors ? L’inflation et la dévaluation ? Ca ne fait de mal qu’aux banques. www.citoyenreferent.fr


        • Lutin Lutin 24 novembre 2010 18:18

          Dans le même ordre d’idée demandez donc la différence entre dette et déficit.

          Les intérêts du premier creusent le second et représenteront bientôt l’intégralité du montant de l’impôt sur le revenu, puis le dépasseront puisque la dette ne cesse de s’accroître. Les mesures prises pour 2011 ne font qu’atténuer le déficit prévu pour l’année et donc accroîtront la dette, et donc ses intérêts.

          Je ne vous parle même pas de ce qui nous attend si notre note d’andouillette devait être revue à la baisse comme les Irlandais et les Grecs, deux coups en arrière et on double pratiquement les intérêts dus.


          • perlseb 24 novembre 2010 19:37

            L’avenir, tel que Giscard et Pompidou nous l’ont promis en 1973, c’est un monde entièrement privatisé où l’on paye beaucoup d’impôts sans aucune contrepartie (impots payés = paiement d’intérêts sans remboursement de capital).

            Bref, l’eau de la grenouille commence à monter doucement, mais elle ne saute toujours pas : et tout le monde sait par expérience qu’elle va se laisser mourrir.


          • AntoineR 25 novembre 2010 09:39

            Il n’est nullement question d’annuler la dette. Je pense qu’il est important de la maitriser et mieux encore, de la rembourser.
            Ce dont il est question, ce sont les intérêts de cette dette qui sont payés à des organismes privés qui créent cet argent à partir de rien. C’est une rente qui n’est pas justifiée.
            Ce mécanisme a été choisi (en 1973) par nos gouvernements. L’un des objectifs était de limiter la création d’argent par les états pour éviter l’inflation. Or cet objectif n’est pas atteint puisque les banques usent encore plus de ce droit à la création d’argent.
            Le cumul des intérêts qui ont été versés aux banques depuis 20 vingt dépasse le montant de la dette (1300 milliards). Grosso modo, s’il n’y avait pas eu d’intérêts à verser, il n’y aurait pratiquement pas de dette.


          • colza 25 novembre 2010 10:23

            Alors, on arrête de payer les intérêts.

            Les spéculateurs (banques, établissements financiers, hedge funds et autres) vont se casser la figure.
            Ca n’empêchera pas les entreprises de produire, les agriculteurs de cultiver, les petits commerçants de faire du commerce.
            La France d’en bas, qui ne possède rien d’autre que son petit salaire, ses alloc chômage ou sa petite pension retraite, n’a de toutes façons rien à perdre.
            Seuls ceux qui ont trop en prendront plein la tronche et on ne va pas pleurer sur leur sort.
            Et peut-être qu’on va enfin pouvoir créer une nouvelle société plus égalitaire, si on ne s’est pas tous tués avant.



            • Superyoyo 25 novembre 2010 10:47

              J’allais vous signaler qu’un billion était égal à 1 milliard mais après recherche, en fait ça dépend du système :
              http://fr.wikipedia.org/wiki/Billion
              Ils sont cons ces rosbeefs

              Sinon tout à fait d’accord avec l’article. Les gens ne trouvent pas normal qu’un conducteur de TGV gagne 4000 euros par mois mais ça ne les dérange pas que zidane en gagne 1 million.

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