« L’homme qui n’a pas d’étoile »
Quelques jours après les déclarations fracassantes de Patrice Evra dans le nouveau programme télévisé du dimanche matin sur TF1, « Le jour du saigneur », et une fois la pression un peu retombée, il est amusant d’observer les réactions des acteurs du monde du football et d’en tirer des enseignements révélateurs sur son état réel.
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Concentrons-nous sur la personnalité de Patrice Evra et ses déclarations à l’encontre du consultant de TF1 : Bixente Lizarazu.
En effet, je mettrai de côté les accusations portées contre le journaliste Pierre Menes ou les anciens joueurs, coachs et désormais consultants : Rolland Courbis et Luis Fernandez.
La différence entre eux tient juste à la petite étoile qui est portée sur le maillot de l’équipe de France, car aussi illustres soient les carrières de Rolland et de Luis ils n’ont pas conquis cet astre céleste comme Bixente.
Donc Mister Evra qualifie de "clochards" et "parasites" le champion du monde Liza.
Et alors que l’on observe quelques réactions indignées d’une partie de la presse sportive, très vite une étrange alliance voit le jour.
Une partie des supporters, plutôt jeunes d’ailleurs, et qui n’a pas forcément connue Bixente joueur, prend fait et cause pour Evra trouvant en lui une sorte de modèle, mi-grand frère mi-caïd, car elle se reconnait dans son défi lancé à l’autorité, en l’occurrence au pouvoir médiatique soi-disant représenté par le consultant.
Un second étonnement vient devant le déni de réalité des plus hautes autorités du football français. Le président Le Graët qui déclare sur une éventuelle sanction contre le mancunien : « Non, je ne pense pas, on verra comment il va se comporter. Ce n'est pas d'une énorme gravité. C'est Evra en colère que je connais depuis longtemps".
Avant de tenter un rétropédalage peu convaincant en présentant les excuses de la 3F en direct à l’antenne de RTL durant « Le Club Liza » du 21 octobre dernier.
Tout ceci pour déboucher sur l’annonce hier de l’absence de sanction à l’encontre de Patrice Evra et sa mise à disposition auprès du sélectionneur pour les prochaines rencontres.
Lequel sélectionneur, Didier Deschamps, est aussi empêtré dans cette affaire et ne peut que condamner mollement les propos…
La preuve que la fin justifie les moyens et que tout est privilégié pour assurer un résultat sportif quitte à la faire au détriment de la morale. Ou de la dignité. Comme en 2009 avec la main du diable.
Evra devenu le ciment du groupe France, l’on croit rêver ! Le capitaine de Knysna donneur de leçons et distribuant les bons points sous le regard complice de la FFF cela ne choque t-il personne ?
Mais ce n’est pas fini, continuons notre revue d’effectif, voici que s’avance l’UNPF digne syndicat des jouets français qui dans un communiqué parle d’Evra comme « d’un joueur, qui a plus besoin d'être aidé, que d'être à nouveau condamné" (sic !) avant d’en rajouter une diatribe hallucinante sur les médias : « Au nom de la liberté de la presse et de la surenchère générée par les nouveaux médias, certains pensent pouvoir tout dire, sans jamais en assumer les conséquences, sans jamais mesurer le mal qu'ils peuvent faire souvent… »
Mais chers amis de l’UNPF ne pensez vous pas que c’est justement le fait de laisser dire n’importe quoi à des joueurs internationaux français qui est condamnable ? De surcroît juste après un match et en insultant des anciens cadre de l’équipe de France ?
Et que c’est la faiblesse insigne du pouvoir fédéral qui ouvre la porte à tous les débordements ? A tous les règlements de compte ?
Après les syndicalistes, les joueurs eux-mêmes et l’ensemble du club de Manchester United qui fait bloc derrière son capitaine. Si si, vous ne rêvez pas, j’ai bien dit son capitaine, vous savez la fonction qu’occupait Patrice Evra en Afrique du Sud durant la coupe du Monde…
David Moyes : « C'était un grand professionnel, un bon capitaine... En France, on parle souvent de cet épisode malheureux qui s'est déroulé en Afrique du Sud. A l'époque, il était le capitaine et devait représenter ses joueurs auprès du sélectionneur »
Sir Alex Ferguson : « En tout cas, à Manchester, on le tient en haute estime. C'est un super joueur, sur le terrain comme dans le vestiaire, et je ne peux dire que du bien de lui »
Chicharito : « C’est un joueur extraordinaire qui apporte beaucoup au club et qui a "beaucoup apporté à son équipe nationale aussi » Magnifique celle-là non ?
Comme si le combat était désormais, pour les joueurs de football surpayés et infantilisés et les clubs, de continuer à gérer leurs petites affaires entre eux sans plus accepter la moindre critique ou la moindre sanction d’où quelle vienne.
Quand une société déresponsabilise au maximum les agissements de ses membres il n’est pas étonnant que cela se retrouve dans le football, en toute impunité, presque en toute normalité et c’est bien là le drame…
Comme s’il fallait désormais se battre pour rester normal, pour défendre un point de vue frappé du bon sens comme le fait Bixente Lizarazu dans toutes ses interventions de consultant et je mets au défi quiconque de trouver un commentaire désobligeant de sa part sur un joueur attaqué en tant qu’homme…
Mais le plus chouette c’est qu’à cette alliance entre la base, à savoir joueurs corporatistes et supporters sans recul, s’est greffée une frange de la presse dite « intellectuelle » et Dieu sait que je l’adore celle-ci !
Ceux qui viennent écrire sur le football pour donner des grandes leçons de morale en ayant l’air de défendre le joueur mais qui, au fond, le méprise profondément car eux seuls s’estiment capables d’éduquer le bon peuple du football !
Alors pensez donc des consultants anciens joueurs qui parlent : intolérables !
Extrait avec Jérôme Latta, rédacteur en chef des Cahiers du Football dans un article paru sur son blog (Le monde .fr) : « Attaquer le consultanat français est pourtant une mission de salubrité publique, tant ses principaux représentants sont les acteurs d'une vision étroite du football, d'un journalisme de déblatération qui ne sert qu'eux-mêmes : versatilité éhontée, copinage et connivences à peine masquées, déférence envers les forts et virulence avec les faibles, hypertrophies de l'ego, haine démagogique des arbitres et ignorance des règles, culture tactique minimale, mépris des supporters, flemme intellectuelle, omniscience.. »
Vous en voulez encore ? « La solidarité de ceux qui ont quelques prétentions d'analyse et d'écriture avec ces imprécateurs, ceux que Patrice Évra a désignés, est plus significative que tout le reste… »
Et tout ceci se termine par la critique de la profession de journaliste avec une attaque en règle contre le journal l’Equipe : « La démonstration de corporatisme à laquelle nous assistons est infiniment plus consternante que ses propos. Une démonstration que résument à merveille la une et la double page de L'Équipe de lundi, agrémentées d'un éditorial de Vincent Duluc (le meilleur-journaliste-sportif-de-France) qui mène un réquisitoire univoque et se conclut par une généralité consternante »
Voilà donc la réponse à une enquête du quotidien sportif qui essayait juste de mettre en perspective les déclarations d’Evra, de les analyser et de réfuter les approximations et oublis de sa part, notamment dans la comparaison des palmarès.
Ce que n’a pas du tout fait TF1 qui n’a pas proposé le moindre point de vue rédactionnel qui mettrait en lumière les contre-vérités énoncées par le joueur…
Car examinons les faits, juste les faits et la parano de « l’âme des bleus » et ex-capitaine exemplaire apparaîtra.
Tout d’abord nous constatons que Patrice Evra a menti sur son palmarès, s’arrogeant des titres en nombre supérieur à la réalité et minimisant, par ricochet, celui des autres…
Par exemple, il n’a pas été désigné 2 fois meilleur latéral gauche du monde mais une fois, et simplement 3 fois meilleur latéral gauche du pays (en l’occurrence en Premier League) et non pas 4 comme il l’affirmait !
S’il peut donc déclarer : « Personne n’a mon palmarès » c’est plutôt en comparant avec celui de Bixente Lizarazu que le bât blesse, jugez en par vous-mêmes : 1 fois meilleur latéral gauche du monde, 7 fois meilleur latéral gauche du pays, la Champions League, mais aussi entre autres 1 coupe du monde, 1 championnat d’Europe, 2 coupes des Confédérations et 1 coupe Intercontinentale, vous en voulez encore ?
Ces informations sont aisément vérifiables sur le site officiel de la FIFA.
Ensuite, pourquoi ressortir une pseudo histoire de main non-serrée lors de sa première sélection ?
Une première sélection c’est un match joué non ?
Et Patrice Evra a connu sa première sélection face à la Bosnie le 18 août 2004, date à laquelle Bixente Lizarazu avait déjà pris sa retraite internationale, ils n’ont donc connu aucune sélection commune.
En menant une enquête approfondie, nous pourrions parler du rassemblement de l’équipe de France en mai 2004 alors qu’il s’agissait de préparer le Match du centenaire de la FIFA, France/Brésil, du jeudi 20 mai 2004 au stade de France.
Pour ce faire, 31 joueurs avaient été convoqués par Jacques Santini dont effectivement Bixente Lizarazu et Patrice Evra.
Ces 2 joueurs se sont alors peut être croisés de manière fugace, à telle enseigne que sur les 31 joueurs convoqués pour des tests, Patrice Evra repartira à Monaco laissé à la disposition de son club et Bixente Lizarazu repartira lui aussi laissé à la disposition du Bayern de Munich !
Personne ne peut appeler une pré-convocation à un stage une sélection, et Evra ne sera pas du voyage pour l’Euro portugais ni même pour le Mondial allemand 2006.
C’est Eric Abidal qui sera la relève de Bixente Lizarazu en Bleu, Patrice Evra étant titularisé uniquement à partir de l’Euro 2008 de sinistre mémoire, lorsqu’Abidal glissera en défense centrale.
Mais comment se souvenir d’un truc aussi dérisoire que cette histoire de main ? Les faits se sont-ils seulement déroulés ?
Et nos amis de la presse « non sérieuse » se saisir de l’affaire et accuser Liza de mentir péremptoire : « Si il avait croisé Evra en sélection ! » Certes, mais dans quelles conditions ? Et en quelle sélection ? Car il n’y en JAMAIS eu…
Et dans la foulée de ressortir l’épisode de la rixe à l’entrainement du Bayern de Munïch entre Bixente et Lothar Matthäus qui prouverait qu’il ne pourrait pas donner de leçon au motif que lui-même ne serait pas exemplaire…
Mais question : quand l’on vous provoque, que l’on vous met la main sur la gorge agressivement et que l’on vous pousse, vous attendez de vous faire assommer ou vous vous défendez ?
Cette affaire privée entre 2 joueurs hors caméras (car la scène a été filmée à l’insu des 2 protagonistes) n’a strictement rien à voir avec un règlement de compte télévisé drapé dans le survêtement de l’équipe de France…
Et vous seriez surpris d’apprendre qu’après cet incident la majorité des joueurs du Bayern est venue remercier Liza d’avoir osé rabattre la morgue de Matthaüs car personne n’osait le faire au sein du club !
Et l’on se prend alors à rêver qu’un joueur de l’équipe de France actuelle ait le même courage et en fasse de même avec Evra ou Ribéry pour leur faire comprendre, une bonne fois pour toutes, qu’ils ne sont pas les Dieux des Bleus et que leur rôle de caïd étouffant les autres est bel et bien révolu !
Donc, Messieurs les acteurs du football français, avant d’essayer de faire taire les seules voix intègres pour continuer vos petits arrangements entre amis, démontrez sur le terrain que vous êtes à la hauteur de vos aînés.
Et n’oubliez jamais, JAMAIS, que si vous portez un symbole distinctif sur la poitrine, au dessus du cœur, c’est grâce à ceux qui vous l’ont offert pour l’éternité…
Et que si quelques voix se sont manifestées avec grand tapage pour soutenir Patrice Evra, « la majorité silencieuse » des supporters français est indignée par de tels agissements, sauf qu’on ne lui donne pas toujours la parole, mais quand celle-ci la prend cela donne 82 % d’opinions défavorables pour les Bleus dans les sondages…
Pour l’instant, au risque de vous vexer Monsieur Evra, vous n’êtes qu’ « un homme sans étoile »…
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