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Accueil du site > Tribune Libre > L’identité nationale ou la recherche de la différence

L’identité nationale ou la recherche de la différence

J’ai entendu il y a peu monsieur Joffrin (sur France-info) émettre l’avis que le débat sur l’identité nationale était une “erreur” politique de la part de l’UMP. Que nenni.

Considérer ce débat comme une erreur stratégique, la voilà l’erreur à ne pas commettre.

En réalité, ce débat est une pierre supplémentaire à l’édifice qui est en train de se construire dans bien des pays : le nationalisme.

Les choses sont ainsi faites que la survenue des crises économiques en fait rechercher toujours les causes. Mais plutôt que de vouloir remettre en question un système que nous ne saurions remplacer que par un pire, les gouvernements préfèrent généralement rejeter ces causes sur ce qu’on nomme communément « un bouc-émissaire ». celui-ci se doit d’être soit étranger, soit minoritaire en nombre ou en force. Car il faut que cela soit celui qu’on connaît mal, ou qui ne peut pas se défendre. Mais ce n’est pas tout. Il faut aussi qu’il soit facilement repérable, que ce soit par l’accent, le vêtement ou la couleur de peau. il lui faut absolument une différence, une caractéristique physique extérieure qui puisse aider, en quelque sorte, à distinguer les « gentils » des « méchants » .

Mais, à l’heure où le métissage et le brassage ethnique rendent l’origine ethnique plus difficilement décelables, où la diversité est imposée, où la discrimination positive est créée, où la mondialisation a permis des échanges avec pratiquement toutes les nations, où internet parcourt le monde en une minute, il devient peu à peu plus difficile de reconnaître « un bon autochtone » d’un « mauvais immigré » : si cela continue, il sera impossible de reconnaître un étranger d’un autochtone, un hétérosexuel d’un homosexuel, ou même un homme d’une femme.

Et ce n’est pas tout. Il faut aussi avoir quelque chose à lui reprocher, un comportement, enfin un signe extérieur qui le différencie des autres. Le fait de stigmatiser une certaine partie de la population par son origine ethnique ne suffit plus aujourd’hui, car s’il est très facile de « repérer » un étranger, il est plus difficile de reconnaître sa descendance. Car les enfants d’immigrés sont enfermés de fait dans un paradoxe : désireux de s’intégrer à la population « autochtone », parlant impeccablement la langue du pays « accueillant », de nationalité souvent double, ils sont aussi attirés par leurs origines étrangères, et ne veulent pas les renier totalement.

Alors, noyés dans une identité nationale aussi complexe, aussi diversifiée, aussi multiple, nos gouvernants n’ont d’autre choix que de trouver d’autre critères que ceux physiques pour distinguer ceux que l’on doit stigmatiser. La religion en est un bon, puisque ceux que l’on appelle « les signes ostentatoires » permettent encore de faire des différences. Car c’est bien de différence dont il s’agit, c’est bien elle que l’on recherche à travers le débat sur l’identité nationale. Celui qui ne vit ni ne pense « comme les autres » est du mauvais côté de la barrière, car il est susceptible de nuire à cette identité. Cette idée de nation qui doit représenter l’harmonie, l’union, l’égalité. partant de ce désir nationaliste, et au nom d’une égalité basée sur la similitude, nos gouvernants voudraient nous faire croire qu’en niant les « différences » nous supprimerons l’injustice (tout cela en jugeant par là-même que les différences sont réellement discriminatoires, puisqu’il faut les faire cesser).

On pourrait être tentés de se laisser berner par le discours ambiant sur la suppression de tous les signes extérieurs marquant nos origines, sociales, culturelles ou ethniques, par le métissage constant de nos populations, et espérer que l’on finisse par ne plus faire de différence entre les uns et les autres. Comme si, une fois les étrangers dehors, les musulmans dehors, les homosexuels ou les contestataires dehors, le pays deviendrait un hâvre de paix et d’harmonie, tous égaux parce que tous semblables.

Mais ne plus faire de différence, ce n’est pas nier les différences. C’est respecter les différences sans porter de jugement sur celles-ci. Et ce n’est pas non plus rejeter le différent qui assume ces différences, c’est l’accepter avec celles-ci.

Et c’est justement cela que revendiquent certaines communautés minoritaires : elles ne désirent pas la négation ou le rejet de leurs différences, mais le droit à l’indifférence. L’indifférence n’est pas le contraire de la différence. Le contraire de la différence c’est la similitude, et le contraire de l’indifférence c’est l’attention.Cela signifie que lorsqu’une minorité réclame l’indifférence, ce n’est pas qu’elle souhaite qu’on nie ses différences, mais plutôt qu’elle ne veut pas que l’on porte un jugement de valeur sur celles-ci.

Mais pour répondre à cette demande d’indifférence, les gouvernements préfèrent se réfugier derrière ce rejet des différences. Justifiant la création de fichiers ethniques, politiques ou religieux par la lutte contre les discriminations, ils se disent contraints de repérer ces différences qu’ils veulent soi-disant faire disparaître. Car ainsi, même lorsqu’il sera difficile de reconnaître l’ascendance ou la religion d’un individu, ou bien la couleur politique d’un individu, l’accès à la base de données constituée officiellement pour lutter contre les discriminations permettra de distinguer les minorités qu’ils veulent stigmatiser.

Cela rendra alors un gouvernement capable de repérer, et de faire porter l’attention sur tous les comportements « différents », sans contredire un seul instant sa politique officielle : l’indifférence par rapport aux différences.

 


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5 réactions à cet article    


  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed 9 janvier 2010 10:57

    C’est incroyable !

    Toute cette littérature, tous ces essais plus ou moins motivés qui veulent tous expliquer,
    clarifier pour mieux justifier...

    Alors que j’attends la publication d’un article traitant le sujet, j’ai dit dans mes commentaires précédents ce qu’il fallait dire sur la QUESTION DE L’IDENTITE NATIONALE QUI SE POSE AUJOURD’HUI A LA FRANCE ET A SA SPHERE COLONIALE !

    C’est parce que la France avait détruit les AUTRES IDENTITES NATIONALES qu’elle a fini par perdre ses propres repères ! Marianne est aujourd’hui envahie à cause de sa politique d’ingérence et d’envoûtement qui draine vers elle tous les individus marginalisés par les gouvernement indigènes vassaux de l’Elysée !

    Vous finirez bien par comprendre que les « Intérêts de la France » ne sont pas dans le choix des misérables dirigeants corrompus pour les anciennes colonies mais dans le rétablissement de la vérité historique ainsi que dans la reconstruction des Nations Afroasiatiques ruinées par le terrorisme français !

    Je vous dit : Vous n’avez pas fini de payer les ereurs du Gaullisme ravageur !

    Mohammed MADJOUR.


    • Markoff 10 janvier 2010 23:14

      ......« . le métissage réel est donc très rarement possible, »

      désolé de vous contredire, mais les métissages sont trés nombreux en France, et depuis longtemps.
      Mais on n’a aucune raison de tenir cette comptabilité qui serait, pour le coup, suspecte.


    • Bertrand Du Gai Déclin Bertrand Du Gai Déclin 9 janvier 2010 11:27

      En effet, quand une « chance pour la France », qui devient français par l’obtention de la carte d’identité, se marie avec un ressortissant étranger du bled, l’informatique conclut à du métissage alors qu’il s’agit des mêmes avec les mêmes !

      Sauf que quand un(e) français(e) enfant d’immigré se marie avec un(e) français(e) dit « de souche », l’informatique conclut à du non-métissage alors que c’en est.

      Pourquoi, quand vous dénoncez l’absurdité du système informatisé, n’allez vous pas jusqu’au bout du raisonnement ? Parce que ça ne vous arrange pas ?

      Si ce système était parfait, distinguant clairement les faux métissages et les vrais, il démontrerait exactement le contraire de ce que vous affirmez.
      Alors ne vous plaignez pas de lui.


      • mojo mojo 9 janvier 2010 12:22

        "Car c’est bien de différence dont il s’agit, c’est bien elle que l’on recherche à travers le débat sur l’identité nationale. Celui qui ne vit ni ne pense « comme les autres » est du mauvais côté de la barrière, car il est susceptible de nuire à cette identité."

        -----------------------

        Je n’aurais pas mieux dit, et je remercie l’auteur d’avoir remis le sens des mots à leur juste place.

        En effet la conscience nationale ne se traduit pas par un rapport de force entre civilisation ou religions, mais bel et bien par la mise en avant du ciment de notre république qui est basé sur le respect des modes de de vie et pensées de chacun ; ainsi que des valeurs de tolérance qui permettent de faire face aux évolutions de la vie en société.

        Malheureusement, ce qui est évident pour une majorité de citoyens (donc Français égaux en droits et en en libertés), n’est pas partagé par une minorité beuglante de « petits blanc » ; qui s’imaginent que le respect des valeurs de la république serait prétendument le principal ingrédient d’un déclin imaginaire de l’identité nationale.

        Et bien non.

        C’est tout le contraire, le salut de la nation est dans le respect de la différence voulu par les valeurs universelles de notre république :

        LEBERTE, EGALITE, FRATERNITE, LAÏCITE.


        • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 9 janvier 2010 21:08

          Hakim M. : « Islam m’a tuer »

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