L’illusion laïque sur le fait religieux
Des valeurs humaines universelles
Le socle immuable et éternel de la société humaine est constitué d’un ensemble de valeurs fondamentales universelles : liberté, justice, travail, savoir…Ces valeurs sont fondamentales, car elles constituent le fondement de toute civilisation humaine. Elles sont universelles, car elles s’appliquent à toutes les sociétés humaines, qu’elles que soient les origines, les croyances, la culture, le contexte et l’époque.
L’équilibre, l’épanouissement et le progrès d’une société humaine est tributaire de la place qu’elle a su accorder aux valeurs fondamentales universelles dans sa culture et dans son action. Tous les acquis, les succès et les réalisations de la civilisation humaine à travers l’Histoire sont le fruit de l’assimilation par la société humaine, dans son vécu, des valeurs fondamentales universelles. Tous les échecs, les déboires et les drames de l’Histoire de l’humanité sont le produit des carences de la société humaine à incarner ces valeurs.
De l’origine des valeurs
A notre époque, le défilement devant nos yeux ébahis des prouesses et inventions technologiques de toutes sortes donne le tournis. Les progrès, rapides et immenses, de l’humanité sont de nature à nous induire en erreur. Le pas d’une admiration légitime et mesurée à une idolâtrie est vite franchi.
Pourtant, force est de constater que les valeurs fondamentales universelles, qui sont à l’origine de tout progrès humain et technique, n’ont rien à voir avec une invention de l’Homme !
Aucun philosophe ne peut revendiquer la paternité du concept de justice, par exemple. Aucun penseur ne peut prétendre que la notion de solidarité est sa propre trouvaille. Les scientifiques sont encore moins lotis pour avancer des prétentions de la sorte. La liberté n’est pas une invention, comme le transistor que trois ingénieurs américains des laboratoires Bell inventèrent en 1947 ! L’égalité n’est pas sortie d’un laboratoire, comme le vaccin qui fut mis au point par Louis Pasteur au 19ème siècle !
Au risque de choquer plus d’un, il se trouve que la source des valeurs fondamentales universelles se trouve dans les textes religieux. De façon expresse ou implicite, les livres sacrés marquent l’éclosion, dans la civilisation humaine, de toutes les valeurs fondamentales universelles, comme la justice, l’amour, la famille, le savoir, la solidarité…
Une illusion laïque
Sur le plan politique, que de pays réputés modernes brandissent le principe de laïcité comme un acquis historique arraché de haute lutte. La séparation de l’Etat et de la religion dans ces pays est sans équivoque. Mais au-delà du politique, le processus de sécularisation a envahi toutes les sphères de la société moderne, au point de refouler la religion de presque tous les aspects de la vie des individus. Cet état de fait produit dans l’esprit de beaucoup de nos contemporains l’illusion d’une séparation tranchée et irrévocable entre le progrès et la modernité, d’une part, et la religion, de l’autre.
En plus d’être fausse, cette illusion de divorce entre le profane et le religieux est extrêmement préjudiciable. Elle crée des utopistes et des extrémistes dont les idées et les actions concourent à consacrer la discorde.
Entre fanatisme et ingratitude
Une frange de musulmans, quand bien même minuscule et minoritaire, nourrit une haine implacable contre les sociétés occidentales, les musulmans « occidentalisés » ou ceux pas suffisamment attachés à la religion à leurs yeux.
Adeptes d’une pensée binaire, piqués au vif par des évènements ou des politiques qu’ils jugent - à tort ou à raison - injustes envers les musulmans, et offusqués par des épisodes de l’Histoire, ils sont incapables de faire preuve de discernement et de sagesse.
Dans cette atmosphère intellectuellement et émotionnellement étouffante, il est hélas hors de question d’avoir une mesure dans le jugement de l’autre et de reconnaître ses mérites quand il le faut. Il n’est pas non plus question de rechercher et renforcer les points communs ou les valeurs communes. Il est encore moins évident d’envisager un avenir accueillant pour tous.
Le degré d’aversion atteint son paroxysme chez certains individus quand ils versent dans la violence aveugle. Au nom du « Jihad », un concept religieux malmené par la bêtise humaine, des attentats sanglants ont entaché de nombreux territoires dans le monde, notamment l’Europe.
Les utopistes de leur côté tombent, pour les plus prudents d’entre eux, dans une sorte d’ingratitude - peut être inconsciente et involontaire - vis-à-vis de l’héritage religieux et de ses bienfaits pour la vie et pour le progrès de l’humanité. Les utopistes les moins prudents, eux, nourrissent le dédain des religions, voire une hostilité parfois farouche et agressive, envers toutes les religions ou une religion en particulier. Ce sont les extrémistes de l’autre bord.
Pour une nouvelle voie
Plus que jamais, il est crucial de revisiter certains concepts et d’ajuster, dans l’esprit des uns et des autres, la perception de la modernité, du progrès, de la religion et de la laïcité. Reconnaître les valeurs humaines fondamentales universelles comme un héritage religieux authentique est le premier pas pour rétablir d’abord une vérité historique. Il s’agit ensuite de réconcilier des concepts perçus comme antinomiques et de remettre de l’ordre dans les idées et les convictions.
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