L’immigration : De l’espoir au cauchemar
Si l’immigration a été considérée longtemps une chance, tant pour les pays de départ que pour les pays destinataires, force est de reconnaitre que de nos jours, les choses sont radicalement différentes. D’une part en raison d’une évidente asymétrie démographique entre les pays de départ (six milliards) et les pays destinataires (un milliard), ensuite en raison des facteurs socio-économiques, l’ensemble rendant l’intégration statistiquement impossible. D’où le cauchemar réciproque, de ceux qui arrivent, et de ceux qui reçoivent.
Le facteur contextuel
Il convient de postuler de l’emblée, que pour être fiable, crédible et légitime, toute analyse, de quelconque phénomène, requiert impérativement la prise en compte du contexte socio-historique respectif.
Ce qui vient à l’encontre des opinions qui persistent à affirmer que de nos jours l’immigration est toujours nécessaire, et toujours maîtrisable, car le contexte actuel est hélas, fondamentalement différent. D’une part, le contexte démographique est radicalement différent rapporté aux intégrations précédentes (1960, 1920) car pour la première fois dans l’histoire d’immigration vers l’Occident, la population potentiellement émigrante est nettement supérieure à la population d’accueil, de sorte que le phénomène prend davantage la forme d’une invasion, que d’une simple immigration. D’autre part, le contexte socio-économique n’est plus le même, car l’Occident n’est plus la principale région productive du monde comme à l’époque de Trente Glorieuses, mais tout au contraire, il est fortement marqué par le chômage de masse.
Or, s’il y a tant de chômeurs, c’est certainement parce que le Marché du travail ne peut pas intégrer tout le monde, ce qui suggère qu’il ne pourrait aucunement intégrer les nouveaux arrivés. D’où par la suite, deux attitudes plutôt antagonistes, une davantage hostile, l’autre quoique immature.
En effet, étant donné le contexte socio-économique actuel, l’attitude d’une majorité d’occidentaux face à l’arrivée massive d’immigrants est devenue plutôt hostile, se traduisant par une prise de position ferme, tant en termes de droits d’asile, qu’en termes d’accueil et traitement. Une attitude inédite et inattendue, qualifiée de populiste par certains commentateurs, mais légitime de par la situation socio-économique actuelle.
Inversement, les protagonistes pro-immigration affichent une attitude plutôt naïve et irréaliste en apportant comme arguments les intégrations précédentes (1960 ou 1920) dans un contexte qui hélas, n’est plus du tout le même. Sachant qu’un contexte différent implique impérativement une réflexion différente, leur obstination à défendre l’immigration reflète plutôt une carence de méthodologie analytique, voire, une immaturité réflexive.
C’est à ce titre qu’il faut prendre avec une grande réserve et précaution tout commentaire et tout débat relatifs au phénomène migratoire, car de par le contexte socio-historique respectif, nul phénomène ne se reproduit jamais de la même manière, parce qu’en réalité, l’histoire ne se répète jamais identiquement.
Le facteur économique
Un deuxième aspect (mais étroitement lié au premier) qui devrait interroger les partisans et les commentateurs pro-immigration, c’est la situation économique actuelle, radicalement différente de celle des années 1960 ou 1920, sachant que de par le progrès technologique, les besoins en matière de main d’œuvre ont nettement diminué de nos jours.
A titre d’info, la mécanisation et la robotisation ont réduit par 5 le nombre de travailleurs agricoles entre 1960 et 2015, et ce, pour la même quantité de denrées produites. De leur côté, les machines industrielles ont remplacé deux tiers d’ouvrières pendant cette même période, tandis que les TIC ont remplacé un fonctionnaire sur deux entre 1995 et 2015, pour la même efficacité.
Donc, même si les besoins ont augmenté en quantité du fait de l’augmentation de la population, la production est largement suffisante. En France par exemple, le même nombre d’actifs qui produisaient en 1960 pour environ 45 millions consommateurs, suffit aujourd’hui pour assurer la demande relevant de 65 millions consommateurs, voire plus.
Puis, étant donné qu’une grosse partie de la production a été délocalisée en Asie, l’ensemble fait que l’Occident n’a actuellement aucunement besoin de main d’œuvre, d’autant qu’il y a suffisamment demandeurs d’emploi d’origine européenne.
Dès lors, l’arrivée d’une main d’œuvre supplémentaire, et moins chère, devient encombrante pour les populations locales, surtout que cela engendre souvent des spéculations (travail au noir, trafic de main d’œuvre), d’où la fermeté occidentale.
Une intégration difficile
Précisons entre autres, que les intégrations antérieures (1920, 1960) ont eu lieu à travers l’activité productive, soit en agriculture, soit en industrie, soit dans les tâches ménagères. Sauf qu’actuellement, cette perspective est difficilement envisageable.
D’une part, parce que le nombre d’arrivés est largement supérieur à la demande locale, que ce soit en agriculture, en industrie, ou dans les services. Ensuite, parce que selon les sondages les immigrés actuels ne visent aucunement le travail agricole, mais plutôt le tertiaire. Puis, parce que le travail industriel requiert des qualifications, à savoir des compétences techniques, que la plupart d’immigrés n’ont pas. Enfin, parce que la demande dans le domaine domestique est satisfaite par les occidentaux-mêmes, ou au pire, par les autres européens, défendus par la législation européenne.
Quant au tertiaire c’est quasiment irréaliste, vu que ce sont les postes le plus convoités par les occidentaux, dont la plupart sont trop qualifiés (Licence, Master), et dont nombreux sont demandeurs d’emploi. Dès lors, sachant qu’ils ont l’avantage de maîtriser parfaitement la langue nationale, qu’ils connaissent davantage le système de normes et règles inhérentes aux administrations d’Etat, qu’ils maitrisent davantage le code social, vestimentaire et comportemental exigé par les employeurs, leurs chances d’être embouchés avant quelconque immigré sont de l’ordre de 99%.
Notons à ce titre, que même l’intégration des spécialistes (comme on entend parfois au sujet des médecins syriens) est difficile, car bien avant d’exercer le métier, ils devraient apprendre la langue, les coutumes, le système de règles et de normes typiques occidentales. Tout un ensemble qui rend la tâche statistiquement impossible, surtout pour quelqu’un qui arrive en Occident à l’âge de 40 ans. Rappelons, qu’en règle générale les immigrés accèdent très rarement aux postes tertiaires (publiques), et presque jamais aux postes de responsabilité. C’est plutôt la deuxième génération, qui du fait de sa scolarisation dans les pays occidentaux, parvient à ce type de poste.
Or, là, il y a plusieurs milliers d’immigrés africains qui arrivent chaque année en Occident, se déclarant étudiants, et visant les postes tertiaires. Néanmoins, étant donné leur nombre, infiniment supérieur à l’offre proposée par le Marché occidental, étant donné l’ensemble de facteurs cités (langue, qualifications, comportement, présentation, code social) leur intégration devient très difficile, voire, matériellement impossible.
D’où, les phénomènes type Jungle de Calais, qui à l’encontre de toute opinion humaniste ou altermondialiste, confirment que malgré toute bonne volonté, le Marché occidental, et particulièrement le Marché français et britannique, ne peuvent plus intégrer ces nouveaux arrivés. D’où, ensuite le désarroi des arrivés, et le cauchemar des populations locales.
L’émergence du populisme
Rappelons ensuite, que 75% d’immigrés arrivés en Europe viennent pour des raisons économiques, et seulement 25% sont de réfugiés politiques. Rappelons entre autres, que les deux motifs de départ découlent, soit d’une explosion démographique radicalement disproportionnée aux ressources disponibles (notamment en Afrique), soit des antagonismes locales (idéologiques, religieuses, politiques, stratégiques autour des ressources), soit enfin, d’une combinaison de tous ces facteurs. Néanmoins, l’ensemble fait que l’Occident est confronté actuellement à une migration de masse, inédite, qui prend les proportions d’une invasion, étant donné le poids démographique des régions de départ.
Or, quand le nombre d’immigrés dépasse un certain seuil, conduisant à l’apparition d’un bidonville, comme la Jungle de Calais, puis, quand les Jungles de Calais se multiplient, esprit de préservation exige, l’Occident change d’attitude, devient rigide, et ferme ses frontières, ce, à l’encontre, et au désarroi, des opinions humanistes ou altermondialistes.
Il revient à dire, que les occidentaux ne sont pas anti-immigration, ni anti-africains, mais ils en deviennent, lorsque le nombre d’arrivés dépasse la limite du raisonnable (comme c’est le cas actuellement à Calais, à Ventimiglia ou à Paris) et surtout, lorsqu’ils se sentent menacés, sachant que juste au sud de la Méditerranée il y a 1,2 milliards d’hommes, dont nombreux visent l’Occident, où la population est de seulement 400 millions. Ce qui suggère que le populisme n’est pas un trait inné chez les occidentaux, mais une construction à la rencontre d’autrui, lorsque l’autrui devient quoique encombrant.
Des arguments incohérents
Il convient de noter ensuite, que l’argument reliant immigration-stabilité démographique-cotisation des retraites n’est aucunement fiable. Rappelons que le système de retraite par répartition est apparu conventionnellement dans un contexte d’industrialisation, ce qui fait que sa portée n’est pas universelle, ni absolue, mais étroitement liée à ce contexte. Or, vu que le contexte a changé, esprit d’adaptation exige, il faudrait tôt au tard remplacer le système de retraite actuel par un autre modèle, en régularisant différemment les facteurs socio-économiques.
Il nous semble en effet, que dans le contexte actuel où la main d’œuvre a été remplacée massivement par les technologies, encourager la croissance démographique via l’immigration est une stratégie dépassée et contreproductive, parce que bien avant de fructifier cette population, il faudrait la nourrir, la loger et l’éduquer, ce qui implique des dépenses énormes, notamment en termes d’éducation et de qualification.
Tout au contraire, l’attitude idéale serait de maîtriser la croissance démographique aux limites de ressources disponibles, afin d’assurer une éducation optimale à l’ensemble de la population, la rendant fortement qualifiée et spécialisée, qui à son tour apportera à travers les R§D suffisamment de capital matériel pour payer les retraites, voire même, un revenu universel. Ce qui se produit actuellement dans les pays Scandinaves.
Un autre argument qui semble incohérent, c’est la justification d’émigration africaine, qui selon les commentateurs est due à la pauvreté et à la misère. Certes, mais d’une part, cela ne justifie aucunement leur intégration, sachant qu’il y a également nombreux occidentaux en situation d’exclusion et de précarité, ensuite, les immigrés africains sont toutefois responsables de leur situation.
Rappelons que lors de la décolonisation, les occidentaux avaient laissé ces régions plutôt prospères, à l’image des infrastructures construites et des Institutions créés. Or, depuis, l’Afrique a régressé, apparemment sous l’impact de deux processus radicalement asymétriques, à savoir, une explosion démographique, accompagnée par l’effondrement économique, vu que toutes les infrastructures construites par les occidentaux ont fini en ruine.
Cela vient à l’encontre de tout savoir de sens commun, car par-delà tout commentaire polémique, la pauvreté actuelle africaine découle surtout d’une synchronisation entre la pauvreté initiale, et la forte augmentation de la population pendant ces dernières 50 années, ce qui relève de la responsabilité de chacun. Sachant à ce propos, que la population africaine est passée de 300 millions en 1970, à 1,2 milliards en 2016.
Certes, l’Occident s’interfère dans les affaires internes de certains pays, mais en principe ces pays sont plus développés que ceux qui sont entièrement souveraines, et surtout sont protégés, sachant que sans la présence occidentale, pays comme Djibouti ou Gabon, seraient immédiatement envahis par leurs voisins pour les ressources naturelles. Ce qui prouve bien, que la pauvreté actuelle africaine relève surtout d’une radicale dissymétrie entre population et ressources.
Un développement démographique nettement supérieur au développement économique, qui a sanctionné en passage le développement social, du fait de l’absence d’Institutions de base (Ecole, Université) indispensables à l’éducation, à la formation et à la qualification de la population.
Des logiques antagonistes
Notons enfin, que le cauchemar éprouvé actuellement tant par les arrivés que par les receveurs, relève des logiques antagonistes inhérentes à chacun de deux camps.
La logique occidentale repose sur le concept de développement personnel, étroitement lié au développement économique et technologique, qui impliquent en passage confort, bien-être individuel, équipements ménagers, loisirs, vacances, mais qui requièrent en amont abnégation, éducation, apprentissage, qualification, frustration, compétition, flexibilité, mobilité géographique. L’accent est donc mis sur l’individu, et non sur la famille, car moins il y a d’enfants à charge, plus il y a des marges de manœuvre pour se rendre attractif sur le marché du travail (d’où la baisse démographique actuelle). Rappelons que cette exigence découle du modèle d’organisation de la société occidentale, et de son système de valeurs.
La logique non-occidentale, et en l’occurrence africaine, est davantage fondée sur la famille, sur le partage, si minimes soient les ressources, d’où d’abord une explosion démographique, puis, l’absence des ressources nécessaires à l’éducation et à la formation professionnelle, car l’ensemble des ressources disponibles sont englouties par la demande alimentaire.
Or, quand ces deux logiques se croisent, comme actuellement en France, ça devient cauchemar. D’une part pour les immigrés, qui après avoir traversé toutes les épreuves dans l’espoir de trouver une vie meilleure, se voient entassés dans de petits périmètres, sans aucun avenir certain, voire pire, menacés d’être renvoyés dans leur pays d’origine. D’autre part, pour les occidentaux, qui voient leur modèle de civilisation menacé, à l’image des lieux publics envahis par les camps d’immigrés, à l’image de l’indécence et de l’insalubrité relevant de ces aménagements ad-hoc, à l’image de l’insécurité personnelle, civique et infrastructurelle, à l’image enfin, de la fermeture des frontières entre pays riverains, synonyme de régression…sociale symbolique, économique effective.
Conclusion
En somme, au dépit de son caractère critique, cet article démontre tout d’abord que l’intégration de nouveaux arrivés est devenue de nos jours, quoique, difficilement réalisable, malgré toutes les opinions pro-immigration. Ensuite, il laisse entendre que le populisme n’est pas un trait inhérent à un type de population, mais une construction issue de la collision entre deux logiques manifestement antagonistes.
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