L’impact de la vie privée des politiciens sur l’opinion publique et la société
Le public est exigeant envers ceux qu'il élit pour gouverner la nation. Les pouvoirs publics doivent agir dans l'intérêt du peuple qui devient de plus en plus curieux et les choses dites « futiles » prennent le dessus sur la vie politique. La vie privée a plus d'impact et oriente d'avantage le choix politique que le programme établi par le politicien pour gouverner le peuple.
Aujourd’hui la vie privée des politiciens est médiatisée soit à leur insu soit dans leur propre intérêt. Nul doute que le public s’intéresse à ces « ragots » qui concernent la haute société, cette sphère qui n’est pas à la portée de tous. Alors comment le public réagit-il à cette Peopolisation de la vie privée de ses dirigeants ?
Si nous prenons l’affaire Cailloux en 1914, l’affaire Lewinsky en 1998 où l’affaire DSK 2011, on remarque que chacun de ces scandales a eu un impact sur le public. Elles ont choqué, révolté, été jugé, désapprouvé, vues comme une offense et ont suscité des débats à tous les niveaux de la société. Les hommes politiques sont des représentants du peuple et sont censés mener à bien des actions répondant aux besoins de la société. Le public a donc des attentes et des exigences face aux politiciens. Les électeurs veulent être représentés dignement et efficacement, ils veulent des politiciens en qui ils peuvent avoir confiance. Un des exemples à prendre pour illustrer cela serait l’affaire de Bill Clinton qui a beaucoup occupé le centre du débat politique aux États-Unis. En effet, le peuple américain exige beaucoup de ses dirigeants il estime que sa vie privée est une affaire publique car il incarne le peuple et le représente. Les Américains considèrent que la conduite personnelle de leurs présidents est un bon reflet de sa conduite politique. Selon eux, un président américain qui ment à sa femme est plus à même de mentir à ses concitoyens et son infidélité conjugale est assimilée à une trahison du peuple.
De plus, les hommes politiques sont les portes paroles de la loi puisque ce sont eux qui la déterminent mais y sont aussi pliés comme le peuple. Ces hommes politiques doivent avoir un sens moral et un contrôle de soi afin de montrer l’exemple au peuple car c’est lui qui le dirige.
Par exemple, aux États-Unis le président doit être un modèle d’honnêteté et de loyauté, il a la charge de défendre la morale et les valeurs judéo-chrétiennes sur lesquelles sont fondées la nation américaine. En raison de sa position et de l’autorité morale qui émane de sa fonction, le président est censé fixer les règles de comportement du peuple qu’il sert. Il doit par conséquent mener une vie empreinte de pureté, de discipline, de contrôle de soi. La moralisation de la vie politique et la quête perpétuelle de pureté et de sainteté civile s’enracinent dans la confiance que les Américains ont toujours eu dans l’exceptionnalisme et le providentialisme du destin de leur pays : à nation exceptionnelle, des élus exceptionnels. Comment préserver la stabilité et la prospérité de la “nation choisie” si ses dirigeants ne sont pas dotés de sens moral ?
Les faits, les gestes et les actions des dirigeants ont un effet tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. A l’intérieur, les dirigeants doivent répondre aux attentes du peuple, mais à l’extérieur il représente le pays et les citoyens qui y habitent.
La décadence de la haute société a tendance à attirer le public, qui est curieux, et à faire vendre les journaux à scandale. Par exemple, l’affaire du Sofitel de New-York nous en avons tous entendu parler et même commenté. Les images et la chronologie de l’affaire DSK pourraient être issues d’un roman policier. Tous les ingrédients y étaient réunis : l’hôtel de luxe, l’homme de pouvoir à qui un brillant avenir était promis, la femme de chambre pauvre et noire, la fuite en avion, le commissariat de Harlem, la justice américaine implacable, la chute, la prison de Rikers Island, la déchéance, et la thèse du complot… Les rebondissements ne sont pas terminés et l’histoire est si proche d’une fiction qu’elle pourrait avoir été écrite par un scénariste hollywoodien. Les médias ont assouvi la curiosité du public en racontant une histoire vraie qui en plus concernait le président du FMI, un homme au devant de la scène. Cette affaire a d’autant plus attisée la curiosité car cette sphère fermée habituellement était ouverte à tous et montrait la haute société au cœur d’une histoire sordide. L’évènement était tellement sidérant qu’il a passionné, le public était insatiable. Ce sont les nouvelles technologies qui ont permis d’avoir des élément très factuels, le porte-parole du procureur a fait des déclarations dans les premières heures, là où il aurait fallu attendre 48 heures en France. Les informations ont été transmises en temps réel et ont a aussi subit le fonctionnement de la presse américaine « elle a des moyens et ne s'arrête jamais (d'enquêter). On vit au rythme de ses informations, la moindre brève est relayée. Aujourd'hui, un article du New York Post (le quotidien qui a sorti en premier l'affaire, NDLR) est chez nous en deux minutes". La presse, internet et la télévisons ont enregistré de très forte progressions de leurs audiences. Le public s’est « régalé » de cette affaire. L’affaire, DSK a contribué à l’avènement de Twitter comme un outil essentiel de transmission de l’information, complément essentiel à la télévision dans la narration d’affaires de dimensions mondiales comme celle-ci. En accélérant le partage des news, des scoops, des images, des vidéos, les nouvelles technologies qui nous entourent créent une caisse de résonance inédite dans l’histoire.
Quelques chiffres :
1. Les quotidiens nationaux
En moyenne, lundi et mardi, les ventes estimées des quotidiens nationaux ont dépassé d'un tiers les ventes des trois lundis et mardis précédents. Tous avaient augmenté leurs tirages et ont vu leurs ventes flamber en conséquence, notamment lundi :
+113 % pour « Libération »,
+40 % pour « Le Monde »,
+27 % pour « Le Figaro »,
+15 % pour « Les Echos ».
2. L’internet
Sur Internet, la tendance est évidemment la même : « Libération » a quasiment doublé la fréquentation de son site sur la période allant de dimanche à mercredi. Et les recrutements d'abonnés numériques ont été multipliés par quatre. « La hausse de la fréquentation de Libération. fr s'explique aussi par les outils de suivi de l'affaire qui ont été mis en place », explique son directeur, Nicolas Demorand. Lundi, le nombre de visiteurs a flambé sur le site des « Echos », en hausse de 60 %, et un article sur les incohérences dans l'emploi du temps de DSK a été lu plus de 110.000 fois, un record pour le site du journal.
3. Les scores des « JT » explosent
Côté télévision, l'engouement des Français pour l'information a été notable dimanche et lundi, avant que les scores des « JT » ne redeviennent normaux à partir de mardi. Dès dimanche soir, TF1 et France 2 voyaient l'audience de leur « 20 Heures » bondir : 1,2 million de téléspectateurs en plus par rapport au dimanche précédent sur TF1 (8,4 millions en tout), 1,1 million en plus sur France 2 (à 6,4 millions). L'affaire permet ainsi à la Une de retrouver le niveau moyen des audiences de ses JT depuis le début de l'année. Les chaînes d'information en continu ont surtout enregistré un pic lundi après-midi, au moment où Dominique Strauss-Kahn comparaissait devant la Cour criminelle de New York. « Lundi, notre audience a été deux à trois fois supérieure à la moyenne », explique-t-on chez i-Télé. La chaîne d'information du groupe Canal+ a connu un pic d'audience lundi à 19 heures, avec 875.000 téléspectateurs. De son côté, BFMTV indique avoir enregistré son plus fort quart d'heure moyen depuis sa création, avec 1,1 million de téléspectateurs lundi vers 18 h 45. « C'est la première fois que nous dépassons le million de téléspectateurs pour un quart d'heure », se félicite Alain Weill, le président de Next RadioTV, actionnaire de BFM TV.
Le fait que les électeurs suivent d’aussi près l’actualité portant sur la vie privée des politiciens, et se sentent aussi concernés, a des répercussions sur la société et en particulier sur la vie politique.
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