L’impact démographique, pour le pire à venir ?…
Quand le Président de la république Française a le courage d’évoquer la question démographique, ses détracteurs crient au loup.
Lors du G20 à Hambourg, pour la première fois un Président de la République a enfin le courage de s’exprimer sur la démographie, même s’il n’a pu l’aborder que de façon superficielle et sectorielle, c’est déjà un grand pas d’accompli par le chef de l’Etat dans ce chemin cahoteux qu’est la question démographique. C’est ainsi qu’en conférence de presse samedi 8 juillet, Emmanuel MACRON a déclaré : « « Y a eu plusieurs enveloppes qui ont été données, ça fait des décennies qu’on vous promet des plans Marshall pour l’Afrique et qu’on les a d’ailleurs décidés et faits, donc si c’était aussi simple, vous l’auriez constaté. Le plan Marshall, c’était un plan de reconstruction matérielle dans des pays qui avaient leurs équilibres, leurs frontières, leur stabilité. Le défi de l’Afrique est différent, il est beaucoup plus profond, aujourd’hui, le défi de l’Afrique, il est civilisationnel aujourd'hui, quels sont les problèmes ? Les États faillis ou les transitions démocratiques complexes, la transition démographique qui est l’un des défis essentiel de l’Afrique » et de poursuivre : « Dans un pays qui compte encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien »…
Dans une France où la question démographique reste un sujet « tabou », y compris chez de nombreux écologistes, la déclaration d’Emmanuel MACRON n’a pas manqué de soulever un flot de réactions médiatiques où le président de la République est accusé par une partie de la presse d’avoir tenu des propos maladroits sur la démographie en Afrique. « Quand MACRON s’attaque au ventre des femmes africaines », écrit le magazine de gauche, Les Inrocks. « Sous-développement : quand MACRON s’attaque au ventre des femmes africaines », renchérit Libération. « Interrogé sur le développement de l’Afrique au G20, Emmanuel Macron pointe les 7 à 8 enfants » des femmes africaines comme un problème « civilisationnel », détaille le journal. Les « moralistes » politiques de la mauvaise foi s’en donnent à cœur joie en rappelant que ses propos semblent avoir été appréciés par l’extrême droite, à l’image du site « Nice-Provence Info » qui titre : Démographie africaine : « Merci MACRON ! ».
Qu’en est-il réellement concernant les déclarations d’Emmanuel MACRON par rapport à la démographie Africaine ?
Certains démographes font observer que selon une étude de l’ONG » Population Référence Bureau (PRB) » datée de 2016, le taux de fécondité en Afrique s'élevait à 4,7 enfants par femme contre 2,5 en moyenne dans le monde. En 1950, il était de 6,5. Seul un pays affiche un taux de fécondité proche de celui évoqué par le président de la République : le Niger avec 7,6 enfants. « Les propos d’Emmanuel MACRON ne tiennent pas compte de l’aspect très composite du continent africain », observe Youssef COURBAGE, démographe à l’Institut national d'études démographiques (INED). Selon ce démographe, ancien expert des Nations unies, la déclaration du président ne concerne en fait que les pays francophones de l’Afrique subsaharienne, où la transition démographique n’a pas encore opéré, comme au Mali (6 enfants par femme) ou au Niger qui affiche le taux de fécondité le plus élevé au monde. « Dans ce pays fortement rural, les enfants sont sortis de l’école pour être utilisés comme une main-d’œuvre gratuite ou à bas coût », poursuit Youssef COURBAGE. Selon lui, les pays du Maghreb central, comme le Maroc, la Tunisie, voire l’Algérie, qui affichent respectivement un taux de 2,4, de 2,4 et de 3,1, contre 2 pour la France, ne sont pas concernés par cette déclaration, au même titre que les pays subsahariens Anglophones comme l’Afrique du Sud, 2,4, le Botswana, 2,8 ou la Namibie, 3,6.
Au-delà des chiffres et de leur interprétation, une certitude : La persistance du niveau élevé des taux de croissance démographique menacent de saper les progrès sociaux et de développement qui peuvent avoir lieu en Afrique. Par ailleurs, plus de 335 millions de personnes vivent dans la pauvreté et bon nombre d’entre elles sont laissées pour compte. Les principaux défis auxquels les dirigeants sont confrontés portent sur la manière de gérer la croissance démographique, la réduction de la pauvreté et des inégalités, le renforcement de la résilience des plus vulnérables, et l’amélioration de la vie des populations sans mettre en danger l’environnement ou le bien-être des générations futures.
Les projections de PRB montrent que la population africaine atteindra 2,5 milliards d'ici 2050, tandis que le nombre de personnes dans l’ensemble des pays Amérique augmentera de 223 millions à 1,2 milliard. L'Asie gagnera environ 900 millions à 5,3 milliards, tandis que l'Europe enregistre une baisse de 740 millions à 728 millions. L'Océanie (qui comprend l'Australie et la Nouvelle-Zélande) passerait de 40 millions à 66 millions. Ainsi la population mondiale atteindrait les 10 milliards en 2050… A lire également : http://www.prb.org/FrenchContent.aspx
Présentée par certains comme une opportunité, au prétexte que la croissance démographique de l'Afrique serait une chance pour la croissance économique, grâce à un marché de plusieurs milliards de consommateurs, cette hypothèse relève de la pire des absurdités. Avec une moyenne d’âge inférieure à 19 ans, et une population de plus en plus pauvre qui devrait plus que doubler d’ici à 2050, cette démographie galopante, loin d’y participer va même pénaliser le moindre développement du continent Alors que la population Européenne semblera se stabiliser, voire diminuer, quand la population africaine devrait plus que doubler, aggravé par le dérèglement climatique, la perte de centaines de milliers de km 2 de terres arables on peut imaginer que la Méditerranée sera encore un immense cercueil pour ces pauvres populations qui essayeront de rejoindre l’Europe, sans compter les conflits économiques interculturels et cultuels en perspective.
Il va de soit qu’une maîtrise équitable de la démographie ne doit, en aucun cas, ne se faire qu'au détriment des populations les plus pauvres, notamment en Afrique, où il faut agir avec force pour lutter contre les « kleptocraties », souvent mises en place par les anciennes puissances coloniales afin de mieux profiter et dilapider leurs ressources naturelles et énergies fossiles (La France n'est pas la dernière dans ce domaine). En plus des problèmes démographiques de surpopulation, la misère ainsi entretenue par ces Kleptocraties locale est un terreau fertile pour les criminels islamiste de DAECH et consorts. Dans ce domaine, la France a une lourde responsabilité, par ses politiques passées et présentes par rapport au vécu parfois dramatiquement de ces populations qui sont souvent dans l'impossibilité d’accéder à l’électricité, l’eau, la santé, l’éducation, sans compter les crises alimentaires récurrentes et les guerres locales.
L’Homme agit comme une plante rampante qui compromet l’espace et le territoire par le nombre
Henry LEFEBVRE (1901 - 1991) avait émis l’idée de la triplicité de l’espace, c’est-à-dire la distinction à faire entre l’espace perçu, l’espace conçu et l’espace vécu, bien que selon lui « Une telle distinction doit se manier avec beaucoup de précaution. Elle introduirait vite des dissociations, alors qu’il s’agit au contraire de restituer l’unité productive » ( https://articulo.revues.org/897). Encore que la distinction entre « espace » et « territoire » puisse être faite. Plus que vers une « triplicité », les géographes penchent plutôt pour une dualité espace/territoire, ce qui n’exclut pas la confusion entre l’un et l’autre.
Dans la nature, pour survivre, vitesse, espace et territoire sont indispensable à l’animal. Le prédateur doit disposer d’un territoire suffisant pour y trouver sa substance de survie et disposer d’un espace pour aller toujours plus vite et plus loin pour attraper sa proie qui elle-même devra disposer d’un territoire avec un espace suffisamment important et aller encore plus vite pour échapper à son prédateur. La vitesse n’est pas indispensable à sa survie, l’Homme, bien qu’il s’efforce d’aller toujours plus vite n’en a pas vraiment besoin, contrairement a un territoire, avec un espace et un groupe dans lequel se fond chaque individu. Plus le nombre est important, plus l’espace doit être important sur le territoire, lequel ne va cesser de s’étendre pour son habitat, ses activités culturelles, sportives, économiques… L’animal lorsqu’il ne trouve plus de nourriture sur un territoire donné va le quitter pour aller voir ailleurs, parfois il va y revenir, mais, contrairement à l’Homme, en aucun cas il ne va en transformer ou modifier sa géographie.
L’Homme agit comme une plante rampante qui a besoin de toujours plus de surface. Depuis son origine l’homo sapiens s’est progressivement rendu maître de tout l’espace terrestre. Chaque personne humaine porte en elle-même ce principe de l’espèce, qui consiste à occuper le plus d’espace et de territoire possible faute de pouvoir s’élever. Une stratégie de survie déployée à l’échelle individuelle. L’Homme s’étend d’autant plus en surface qu’il ne peut pas creuser le sol, sauf pour y exploiter les énergies fossiles indispensable à son économie qu’il épuise par ailleurs excessivement et qu’il ne peut étendre indéfiniment son habitat en hauteur.
C’est le nombre qui assure donc la survie de notre espèce, de même que le nombre de sardines dans un même banc protège ses individus contre les prédateurs de par la compacité que présente l’ensemble ainsi constitué. Mais il arrive que le nombre, quand on dépasse un certain seuil par rapport à un environnement donné, se retourne contre l’espèce devenue trop nombreuse mettant ainsi son existence en péril. Les exemples sont légions, c’est ainsi dans certaines régions du grand nord canadien, suite à une forte chute du nombre de loups dans la seconde moitié du dernier siècle, l’espèce des caribous a vu son existence menacée par sa surpopulation, ce qui a entraîné la raréfaction des ressources alimentaires et à terme, menaçait l’espèce entière. Face à cette situation, dans le but de réguler les populations de caribous et, ainsi, d’assurer la pérennité de l’espèce, les autorités canadiennes ont dû procéder à la réintroduction de loups dans des habitats où le prédateur avait pratiquement disparu, victime de l’Homme.
L’écologie Science démontre qu’aucune espèce ne peut donc se développer indéfiniment, comme le fait l’Homme, sans se mettre elle-même en danger…
Nous sommes plus de sept milliards d’être humains sur cette planète, et l’on aura dépassé les dix milliards avant la moitié du XXIe siècle. Le taux de croissance démographique de la planète est de 75 millions d’habitants par an depuis 2007, soit 1% de la population mondiale. Pour prendre la mesure de l’accélération sans pareille de la croissance de notre espèce (une accélération d’autant plus fulgurante quand on la rapporte à l’échelle du temps géologique), quelques chiffres :
De 1900 à 2000, nous sommes passés d’une population de moins de deux milliards d’être humains à près de sept milliards.
En l’an 1000, la population mondiale devait compter autour de 300 millions d’individus.
En 10 000 av. J.-C., on estime qu’il y avait entre 1 et 10 millions d’individus.
En 100 000 av. J.-C., la population mondiale ne s’élevait probablement qu’à un demi-million.
Sombres perspectives
En 2100, selon les projections des démographes, en appliquant la variante haute, la planète devrait compter une population de près de 16 milliards d’individus. En appliquant la variante basse, la population devrait au contraire décliner et se réduire à 6 milliards d’individus. Si tant est qu’elle puisse survivre, Il est fort probable que la variante basse ne reste jamais qu’à l’état d’hypothèse, et que la courbe démographique à venir soit plus proche de la variante haute…
En la matière, il ne sert à rien d’être optimiste, comme certains chercheurs spécialistes dans l’agro-alimentaire, qui assurent qu’on est loin de tirer le maximum des ressources alimentaires de la planète, et qu’on peut faire beaucoup mieux en matière de productivité agricole sans épuiser les sols. Soit. Mais la question alimentaire est loin d’être la seule qui se posera s’agissant d’une surpopulation de 16 milliards d’individus sur Terre. La première question qui se posera sera d’abord celle de la capacité de communautés humaines aussi nombreuses à coexister entre elles sans se détruire. Ce sera évidemment la question de l’espace, car si l’on peut augmenter la productivité de l’industrie agro-alimentaire en exploitant mieux les sols, l’espace terrestre, lui, n’est pas extensible. Or l’espace, est vital. Il est fort probable que si la population humaine atteignait le nombre faramineux des 16 milliards en 2100, on aura dépassé un seuil de tolérance, et que la seule manière de repasser sous ce seuil-là serait d’avoir recours à des conflits de masse des plus violents, ce en quoi l’être humain est passé maître.
Aujourd’hui, par son nombre, avec les énergies fossiles et un pétrole peu cher, s’ensuit un essor économique sans précédent qui fait que l’influence de l’homme a atteint une ampleur, telle, qu’elle précipite l’avènement d’une nouvelle ère géologique. Cette nouvelle ère c’est l’Anthropocène, où l’humanité constitue une force planétaire géologique. Depuis deux siècles, nous sommes en train de nous extraire de l’Holocène, une période interglaciaire commencée il y a plus de 10 000 ans et qui a fourni des conditions environnementales extrêmement stables, permettant le développement mondial que nous connaissons.
L’homme, par son nombre est devenu une force géologique qui précipite une sixième extinction
Au cours des dernières 500 millions d'années, la vie sur Terre a presque totalement disparu à cinq reprises, à cause de changements climatiques : une intense période glaciaire, le réveil de volcans et la fameuse météorite qui s’est écrasée dans le Golfe du Mexique il y a 65 millions d’années, rayant de la carte des espèces entières comme celle des dinosaures. Ces événements sont communément appelés les cinq extinctions massives. Or tout semble indiquer que nous avons très largement franchi la porte de la sixième du nom.
À la différence que, cette fois, nous sommes seuls responsables de ce qui se produit. D’après une étude publiée en juin 2013 dans Science Advances (http://science.sciencemag.org/content/343/6172/709), le taux d’extinction des espèces pourrait être 100 fois plus élevé que lors des précédentes extinctions massives et encore, ne sont pris en compte que les animaux dont nous avons une bonne connaissance. Les océans et les forêts de notre planète cachent un nombre indéterminé d’espèces, qui disparaîtront pour la plupart avant même que nous n’en ayons entendu parler.
Force est de constater que l’optimisme semble prendre le pas et dans ce domaine, nous ne prenons pas réellement en compte la gravité du problème. Il ne sert à rien en effet d’être optimiste mais d’être lucide. L’optimisme est une drogue que nombre d’humains s’injectent dans les veines avec la meilleure conscience qui soit dans le but de percevoir non pas la réalité telle qu’elle est mais telle qu’elle leur convient. Lorsque la population et les responsables politiques prendront réellement conscience de la situation, il est possible que les trois quarts des espèces présentes sur Terre aient déjà disparu. Actuellement de nombreux scientifiques ne cessent d’attirer l’attention et d’affirmer que nous vivons indéniablement une période où les taux d’extinctions sont très, très élevés, de l’ordre de ceux constatés lors d’extinctions massives. Contrairement aux précédentes la sixième extinction ne prendra pas des milliers d’années, mais au rythme actuel quelques décennies.
Peut-on encore stopper cette sixième extinction ?
La seule façon pour y parvenir, c’est la décroissance véritable du nombre d’être humains sur Terre qu’il faudrait opérer. 7 milliards, c’est déjà beaucoup trop. Tous les problèmes de notre époque sont en partie liés avec la question du nombre, les problèmes de d’économie, de pollution, d’énergie, d’alimentation, de gestion de l’espace, de santé, de sécurité, etc. Il faudrait n’être en réalité qu’un milliard d’êtres humains sur Terre pour recréer les conditions d’équilibre entre notre espèce qui ne cessera d’être invasive et notre environnement.
La déclaration du Président de la République lors du G20 d’Hambourg, fut- elle partielle et sectorielle, a eu le mérite de poser la question démographique et devrait faire l’objet de la prochaine COP 23 les 6 – 17 Novembre 2017 à Bonn, comme l’a, à maintes reprises, demandé l’association Démographie Responsable (DR) https://www.demographie-responsable.org/
Pour conclure
L’Homme fait partie intégrante de la nature, il n’en est pas le propriétaire et ne peut donc faire ce qu’il veut comme il a pu trop souvent le penser, enivré par l’idéologie du progrès qui lui a fait croire qu’il en était le maître et qu’il lui était loisible d’exploiter sans compter. Mais la nature n’est pas sa propriété, c’est le contraire, il devrait enfin en prendre conscience. Mais là c’est une autre histoire…
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