L’impôt, c’est la liberté !
Le discours voulant que le privé soit plus efficace que le public est sans avenir. On peut parfaitement le prouver. On tout aussi parfaitement prouver le contraire. Du reste, il y a plusieurs exemples de coût plus élevés dans le privé ; les économies d’échelle, cela fonctionne des deux bords. En revanche, il y a un autre discours plus pernicieux dont la capacité de pénétration des esprits est à redouter.
Ce discours, venant de ceux qui souhaitent un État minimaliste, est d’une simplicité désarmante.
Laisser plus de liberté de vivre aux gens, c’est en grande partie leur laisser plus de mouvement. C’est aussi leur laisser plus d’énergie, donc leur laisser une plus grande partie du fruit de leur travail. Et réduire ainsi les taxes énormes qui amputent leur salaires ...
Mais réduire les impôts, c’est nécessairement aussi réduire les activités du gouvernement. Car si l’on veut réduire ses entrées d’argent, il faut réduire ses sorties, ses dépenses. Cela veut dire réduire les programmes gouvernementaux, laisser alors à la nation réelle l’occasion de reprendre l’initiative que (sic) lui avait été confisquée.
Daniel Rabourdin. Cure de minceur pour État obèse. (Les italiques sont de moi.)
Je suis certain que vous avez remarqué, avec votre grande perspicacité, que ce discours repose tout entier sur la culpabilisation.
Le procédé est bien connu. Il s’agit de convaincre non pas par démonstration - ce qui est parfaitement impossible puisqu’une démonstration contraire a autant de capacité de conviction - mais plutôt par sous-entendus tellement grossiers que cela en est presque risible.
Premier sous-entendu : les impôts sont le contraire de la liberté. Puisque nous sommes obligés de payer nos impôts, nous ne sommes pas libre. Peu importe que ceux-ci découlent de choix démocratiques, nous - la nation réelle - ne sommes pas libres.
Ce qui m’amène au deuxième sous-entendu : l’État réduit la liberté des individus par son pouvoir législatif et règlementaire. Ainsi donc, l’État aurait confisqué l’initiative à la nation.
Aussi subtil comme raisonnement qu’un éléphant tentant de passer incognito dans un centre d’achat.
Réjouissez-vous, tous les pauvres et les miséreux du monde sous-développé. Les généreux riches pays donateurs (remarquez au passage le qualificatif généreux qui précède ironiquement celui de riches en un sous-entendu inversé dont vous devez vous délecter) vont faire en sorte que vos dirigeants ne tombent pas dans le panneau de la démocratie.
Un État dont l’action repose sur des choix démocratique, c’est ennuyeux. Alors, aussi bien le mettre sous tutelle quand on en a la possibilité. Surtout que la liberté de faire des choix collectifs va carrément à l’encontre du sacro-saint principe de l’initiative individuelle.
Mais cela va-t-il à l’encontre de la liberté individuelle ? Rien n’est aussi certain. En fait, le contraire risque fort de se produire.
Un exemple : l’hospitalisation qui relève du privé est la plus grande cause de faillites personnelles aux États-Unis.
Quoiqu’il en soit, les choix démocratiques, y compris ceux de prélever des impôts pour pouvoir les mettre en oeuvre, sont au coeur même de nos libertés.
Laisser sous-entendre que le résultat de ces choix, c’est l’oppression des individus, il faut le faire !
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON