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L’individualisme, le cancer de l’humanité

Il est en chacun de nous une identification culturellement induite au soi. Nous développons dès notre plus jeune âge une conscience de notre individualité. Notre mental est replié sur lui-même et à conscience de son existence. Il s’agit là du « je pense donc je suis » de Descartes, un procédé d’identification à notre mental. Par ce procédé-là, nous nous identifions donc à la somme de nos expériences, ce que j’ai vécu définit ce que je suis et me permet de projeter également une image mentale de ce que je veux être, image à laquelle j’aspire et que je suis aveuglement. Cette représentation du soi qui s’inscrit dans une dimension temporelle prend toute la place dans notre for intérieur. Elle nous consume et nous absorbe entièrement. Il s’agit de l’illusion. Cette image du soi, ce mental que nous créons est en faites un simple mécanisme de défense.

La peur s’apprend, il faut s’être blessé pour craindre le danger. La peur agit comme un mécanisme de défense ayant pour but d’éviter que la situation désagréable ne se reproduise. En nous identifiant à nos expériences passées nous, nous identifions à nos mécanismes de défense, nous devenons nos peurs, nos doutes et vivons sous leur contraintes. Cette identification mène à la séparation du soi et du reste, c’est la conscience de l’individu. Le problème est que cette conscience du soi, cet individualisme engendre un décalage entre le soi et les autres. Notre perception se réduit au spectre de notre conscience seule et à terme, n’est plus capable d’appréhender celle d’un tiers.

 Ce décalage de l’individu face à la société en fait un élément dissident, absorbé par sa seule conscience, obnubilé par sa propre sauvegarde, il devient dangereux pour le reste du groupe. Il s’accapare toutes les ressources à sa portée pour se rassurer, renforce ses positions dès qu’il en a l’occasion, même au détriment de ce qui l’entoure. Identifié à ses propres peurs, seule sa survie compte. Il n’a plus conscience de l’ensemble, son champ de perception est ramené à son unique personne ou à ses rares proches dont il dépend restant un animal social. L’analogie peut être faite avec une cellule cancéreuse. Cette dernière, se détache du reste du corps, elle devient individualiste, seule sa propre survie compte, elle se met à s’accaparer toutes les ressources disponibles et se multiplie au détriment de ce qui l’entoure afin d’assurer sa seule survie. Si on la laisse faire, à terme, elle détruit le système qu’il l’héberge et meurt elle aussi.

 Tout n’est qu’une répétition de la même chose à une échelle différente. Imaginez un instant que les cellules au sein de votre corps se comportent comme les humains au sein de l’humanité. Vous seriez simplement malade et mourriez rapidement. L’échelle de temps est pour l’humanité différente que pour celle d’un seul organisme humain, le principe est le même, nous n’avons juste pas le recul nécessaire pour voir l’humanité malade. Etendre sa conscience, prendre conscience de notre appartenance au tout, dépassé le champ restrictif du soi est une voie vers la guérison. L’homme ne doit pas nécessairement être un loup pour l’homme, comprendre ça, c’est assurer notre survie à long terme.


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4 réactions à cet article    


  • Maître Yoda Castel 2 janvier 2013 10:22

    L’individualisme, un problème ? à mon avis, le vrai problème est le gâtisme. On peut être individualiste et agir avec intelligence pour la société. On peut être individualiste et apporter quelque chose de beau aux autres.

    Le gâtisme, lui, a des conséquences plus facheuses puisqu’il explique le manque de solidarité entre les individus d’une société.


    • L’Ankou 2 janvier 2013 11:18

      Merci Yann, et bonne année à vous comme à tous nos lecteurs.

      Je crainds que vous ne caricaturiez un peu trop l’individualisme dans le but de mieux faire admettre son antithèse.

      En revanche, lorsque vous dites que notre culture nous induit à nous indentifier à nous même, Je souscris volontiers à cette approche. Mais justement : c’est parce que cette identification est culturelle, c’est parce qu’elle passe par des mots et des concepts acquis de la collectivité, que nous développons cette conscience de notre individualité en lien avec les autres, et non de façon reliée sur elle-même.

      Même le cogito carthésien ne s’exprime qu’en mots, lesquels sont des conventions sociales acquises en société. De même, si nous nous identifions comme le résultats de nos expérimentations, la plupart d’entre elles sont sociales. Mieux encore : nous sommes en théoris totalement libre de changer, de ne pas tenir notre parole, de ne pas être fidèles à nos engagements, de considérer à chaque instant que les perspectives d’un confort immédiat ou futur méritent qu’on rompe cette fidélité à nous mêmes. Ce qui nous y retient, ce qui nous limite, cette volonté de rester « identiques » à nous-mêmes, bref, notre identité même, c’est justement que les rapports sociaux ne sont possible et stables que si le jugement qu’on a des gens et l’estime qui nous les fait accepter dans le groupe supposent aussi une stabilité de la personnalité. Pour que « Je » pense, il faut non seulement que la société ait fourni les mots de la pensée, mais qu’elle ait aussi instillé à travers cette transmission des mots le goût de rester semblable à soi-même et d’inspirer confiance dans cette permanence de soi.

      Et c’est encore plus flagrant que je projette ce que je suis, quand je ne me définis plus par mon passé mais par mon futur, car alors la fixation de ses buts s’imprègne de la volonté de reconnaissance sociale que je tiens des mots mêmes employés pour formaliser ce projet.

      Bien sûr que cette représentation du soi « prend toute la place dans notre for intérieur (...) nous consume et nous absorbe entièrement. » Bien sûr qu’il s’agit d’une illusion, ou mieux encore, d’une construction artificelle socialement induite. Mais l’essence collective, la matière culturelle, l’imprégnation sociétale de cette représentation de soi fait que cet individu est dans un état perpétuel de séparation communicante avec la société qui le produit.

      Le décalage entre soi et les autres n’exclut aucun pont, et autorise notamment la communication verbale propice au partage des idées, des sentiments et des opinions. Par les mots qui transitent pas ces ponts, nous ne pouvons peut-être pas être les autres, mais nous pouvons au moins appréhender sa consience, (sauf à verseer dans une pathologie solipsiste).

      L’individualisme ne se réduisant ni à l’autisme, ni à l’égoïsme, et concernant au contraire des personnes socialement construites, façonnées de collectif, on peut dépasser l’accaparement des ressources, néfgocier sa propre dangerosité contre sa propre sécurité dans le groupe, et assouvir l’impérieuse nécessité de sa propre sauvegarde dans des relations à autrui, plus souvent collaboratives que conflictuelles. Ceci permet de dépasser ses peurs, et de se raisonner en acteur social de son propre devenir au sein d’un devenir collectif. Ceci permet la conscience de l’altérité, les rencontres entre deux singularités dissemblables et, notamment, l’amour.

      Bien sûr, il existe des cas pathologiques d’enfermement sur soi, où l’isolement force les pensées à tourner en boucle, ce qui est d’autant plus dramatique pour ceux qui disposent d’un vocabulaire restreint. Lorsqu’une telle pathologie vire à l’accaparement des richesses et des ressources, il arrive nécessairement un stade où l’autre est lésé et vous fait retour de l’illégitimité de votre attitude. Les nécessités de la conservation de soi vous obligent en principe alors à rectifier votre comportement. Cette pathologie sociale s’autorégule donc la plupart du temps dans le rapport à l’autre.

      Là où les choses sont dangereuses, c’est moins l’égoïsme pathologie d’un individu que l’alliance des égoïstes pour constituer autour d’eux un milieu atteignant la masse critique nécesaire pour assurer la survie collective du groupe d’égoïstes se légitimant mutuellement. Comme par exemple, les promotions de Science-Po Paris ou les membres du conseil d’administration des entreprises du CAC 40. Parce qu’alors, il n’y a plus d’autorégulation possible. On vire à un système communautariste, ou de caste, ou de classe sociale, où l’individu se définit par une appartenance à un groupe exclusif des autres, au lieu d’une collectivité inclusive. C’est typique des société sur-hiérarchisées. C’est d’ailleurs par cet individualisme de groupe que votre analogie avec le cancer prendra le maximum de son sens.

      Bien à vous,
      L’Ankoù


      • robin 2 janvier 2013 11:51
        L’individualisme, le cancer de l’humanité

        Certes, et il a été savamment développé par les thuriféraires de la future dictature mondiale pour casser les mouvements du genre des indignés.

        • jacques lemiere 2 janvier 2013 23:07

          Simpliste, l’homme est à la fois individualiste et altruiste...ça permet de s’adapter.

          il est violent et doux etc etc...


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Yann


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