L’innocent nourrisson devenu terroriste
Comprendre le terrorisme, c’est comprendre comment un innocent bébé, né dans une maternité française, peut, quelque 20 années après son premier sourire, tirer sauvagement sur des dizaines d’êtres humains, avant de se donner lui même la mort.
A sa naissance, encore vierge de toute empreinte extérieure, ce nouveau-né disposait d’un potentiel infini. Il aurait pu devenir un nouveau Gandhi, un Abbé Pierre, un simple citoyen paisible ou… un djihadiste.
L’Allemagne des années 30 était une usine à nazis et ceux qui y sont nés au début du XXè risquaient grandement de finir par porter la croix gammée. Le monde et en particulier la France contemporains sont devenus des fabriques à djihadistes.
Bien sûr, il ne faut jamais nier le libre arbitre ni la responsabilité individuelle. Mais il faut reconnaître que ces terroristes ne sont pas nés kamikazes sanguinaires. Ils ont été petit à petit façonnés par leur parcours, par la société dans laquelle ils ont évolué, qui est aussi la nôtre.
Et nous en sommes tous responsables.
Le monde est interdépendant et chacun influe directement ou indirectement, à des degrés divers, sur tous les autres.
Essayons de considérer quelques uns des innombrables facteurs ayant mené à cette tragédie.
Ces attaques auraient-elles étaient possibles si nous n’avions pas laissé croître Daech durant des années ? Si l’EI n’étais pas financé au quotidien par l’achat de leur pétrole ? Si les guerres en Afghanistan, Irak et Libye n’avaient pas eu lieu ? Si les fabricants et marchands d’armes avaient renoncé à l’argent sanguinolent coulant des machines à tuer ? Si certaines villes de France n’étaient pas des ghettos emmurés par l’échec scolaire, le chômage, la pauvreté et la violence ? Si le sentiment d’exclusion, du nous contre eux, des “Français de souche vs les Musulmans” n’était pas alimenté chaque jour par des politiques, soi-disant intellectuels et les actes de racisme commun ?
Au niveau individuel, celui qui fut un jour un attendrissant nourrisson aurait-il pu commettre de telles horreurs s’il avait grandi dans une famille stable, saine et aimante ? S’il avait pu recevoir une éducation réellement basée sur la liberté, l’égalité et la fraternité ? S’il n’avait pas baigné dans la violence ? S’il avait pu découvrir une passion valorisante menant à un emploi enrichissant ? Si son cerveau n’avait pas été lavé, ou plutôt sali, par des discours extrémistes, entendus sur internet, dans la rue ou en prison ? S’il n’avait pu rejoindre les camps de Daech ou d’autres lieux de déshumanisation ?
Les horreurs meurtrières que nous venons de traverser sont l’horrible conséquence de ces facteurs, et de bien d’autres encore.
Il ne faut pas seulement voir ce qui peut mener au djihadisme mais aussi ce qui en éloigne.
Je pense à ces modèles de paix et de compassion comme Mère Thérésa ou le Dalai Lama. A ces Imams qui prêchent un Islam tolérant et pacifique. A ces éducateurs et enseignants qui assurent un avenir paisible aux jeunes. A ces animateurs qui transmettent leur passion. A ces familles aimantes dont les membres sont épanouis. A ces amours qui changent la vie pour le mieux. A ces amis qui poussent vers le haut. A ces artistes, cinéastes, musiciens, écrivains, qui construisent, embellissent et égayent la vie. A ces caissières dont le franc sourire apporte un moment de simple bonheur.
Grâce à ces actes d’empathie, de respect, d’amour, grâce à ces héros ordinaires, combien de jeunes ne sont pas devenus djihadistes ? Combien d’attaques évitées, de vies sauvées ?
Nous avons tous une influence, aussi minime soit-elle, sur tout, et notamment sur le terrorisme. Elle peut être négative ou positive.
Toi qui me lis, à ton échelle, tu peux lutter contre le terrorisme. Ta meilleure arme ? La seule arme efficace, décrite par Martin Luther King. “L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité ; seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine ; seul l'amour le peut.”
Reconnaissons notre humanité commune avec tous ceux qui ont en eux le potentiel pour devenir djihadiste, mais aussi la capacité de rester innocent, paisible, heureux et source de bonheur. Faisons preuve à leur égard d’empathie, de compassion, d’amour avant qu’il ne soit trop tard.
Contre la haine et la terreur, c’est notre seule chance.
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