L’intelligence artificielle pour mettre fin à la fraude fiscale en France ?
Afin de lutter contre la fraude fiscale, - qui plombe les finances publiques de la France depuis de nombreuses années -, le ministère de l’économie et des finances a déployé de nouveaux outils numériques, intégrant notamment une dose d’intelligence artificielle.
L’objectif de ces outils est de débusquer les fraudeurs, qui cherchent à dissimuler leurs revenus ou leur patrimoine, et ce, dans l’optique de payer moins d’impôts.
Au cours de l’année 2021, la lutte contre la fraude fiscale a rapporté environ 10 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat.
Cette lutte passe notamment par des contrôles fiscaux plus ciblés.
Comment s’y prend aujourd’hui l’administration fiscale pour débusquer les fraudeurs ?
L'administration fiscale utilise de plus en plus la big data et le datamining pour affiner ses contrôles fiscaux.
Jusqu’à une période récente, ces technologies étaient l’apanage des startups du numérique, et des grands groupes (en particulier dans le domaine de l’e-commerce).
Depuis la période 2017-2018, l’administration fiscale a pris le cap du numérique 3.0 pour combattre la fraude fiscale.
En pratique, la big data permet à l’administration fiscale de faire des recoupements à l’aide d’algorithmes sophistiqués.
Un algorithme analyse une masse de données très importante (la « big data »), et à partir de ces analyses, un autre algorithme se charge de dénicher des incohérences entre les revenus déclarés par un contribuable, et ses éléments de train de vie.
Il faut bien comprendre que l’administration fiscale dispose d’une masse de données très importante sur les contribuables français.
Ces données peuvent provenir de diverses sources, qu’elles soient bancaires, sociales (URSSAF), ou encore cadastrales.
L’administration dispose également d’informations qu’elle peut croiser, selon les déclarations faites par des contribuables distincts.
A titre d’exemple, si une SCI fiscalement translucide, avec deux associés à 50-50 déclare 50.000 euros de loyers dans sa déclaration n°2072, l’administration fiscale s’attend à ce que ceux-ci déclarent 25.000 euros chacun. Si l’un le fait et pas l’autre, cela attire l’attention des services fiscaux, et cela peut ainsi déclencher un contrôle sur pièces, voire un ESFP.
En réalité, plus rien ou presque n’échappe aujourd’hui aux « robots » de l’administration fiscale.
Si un simple croisement de données génère une suspicion, un contrôleur « humain » en est alerté, et cela peut déclencher un contrôle.
Bien entendu, ce ciblage devient de plus en plus précis et efficace.
Depuis quelques mois, certaines personnes se plaignent sur internet d’une prétendue violation de la vie privée par les services fiscaux, sachant que ceux-ci sont autorisés, depuis un décret de février 2021, à recueillir des données provenant des réseaux sociaux (Instagram, Facebook, Snapchat, et consorts), de sites de petites annonces (Ebay, Airbnb, Le Bon Coin), ou même de Google Maps.
Ces critiques ne sont pas vraiment fondées, sachant que l’administration fiscale ne peut pas tout faire à ce sujet.
Elle est en effet limitée aux données en accès libre sur les réseaux sociaux.
Ainsi, tout ce qui relève de la sphère privée (publications non rendues publiques) n’est pas consultable, ni utilisable, par les services fiscaux.
Quoi qu’il en soit, la détection de piscines par l’administration fiscale, - via l’outil de cartographie de Google Maps, couplé à l’intelligence artificielle -, a fait couler beaucoup d’encres ces derniers mois.
Certains contribuables avaient en effet omis (sciemment ou non) de déclarer leur piscine, ce qui leur avait permis de régler moins d’impôts locaux, et d’éviter la taxe d’aménagement.
Cela a déclenché des contrôles fiscaux, avec de substantiels redressements à la clé.
Les fraudeurs ne peuvent donc plus tricher aussi facilement que par le passé.
L’administration fiscale est dotée d’outils puissants pour surveiller les comportements suspects.
A noter qu’en dehors de ces outils numériques, l’administration fiscale gère un certain nombre de services, qui lui permettent de déceler de potentiels fraudeurs : le FICOBA (fichiers des comptes bancaires), le FICOVIE (fichiers des contrats d’assurance-vie) ou encore le TRACFIN (organisme chargé de la lutte contre tout ce qui a trait à la délinquance financière).
Toutes ces données mises ensemble permettent à l’Etat de traquer la fraude fiscale, et de récupérer chaque année des sommes très significatives.
Il est fort à parier qu’avec le développement des nouvelles technologies, - notamment mise au point par des startups talentueuses -, le combat contre la fraude fiscale s’appuiera de plus en plus sur l’intelligence artificielle, et deviendra de plus en plus ciblée et efficace à l’avenir.
L’ère de la big data et de l’intelligence artificielle mettra-t-elle un point final à la délinquance fiscale en France ? L'avenir proche nous le dira.
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