• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > L’intelligentsia prise par labyrinthe Libyen

L’intelligentsia prise par labyrinthe Libyen

On sait que la doctrine de l'ingérence n’est pas 100 % humanitaire : on peut spéculer sur l’intention économique à long terme, de même qu’empêcher une révolution socialiste. Mais à mon avis il y a aussi d'autres facteurs modificatifs qui poussent les pays occidentaux à intervenir militairement ; il y le facteur d’hégémonie géopolitique qui ne calcule pas forcément sur les intérêts économiques. Il y le facteur social poussé par les médias, les organisations de droits de l’homme, des institutions démocratiques et humanitaires qui jouent comme une véritable force d’internationalisme à l'intérieur des pays dits impérialistes. Tous ces facteurs-là peuvent aussi jouer un rôle dans la politique étrangère des pays occidentaux. D’autant plus que le monde multipolaire qui se met en place après la chute du communisme n’a plus besoin des dictateurs moyenâgeux mais plutôt des régimes ouverts à une certaine liberté qui favorisent l’entrée des capitaux.

Sur le spectre politique gauche-droite, l’intelligentsia mondiale semble toujours indécise de trouver une position adéquate et unie vis-à-vis l’intervention militaire en Lybie. Même si l’intervention est autorisée par l’ONU et apparemment demandée par le peuple libyen qui est sous le joug de son dictateur barbare. Certains de tendance de gauche ou islamique voient l’intervention uniquement dans les intérêts de l’ « impérialisme » ou des « infidèles », donc ils la condamnent catégoriquement.

Certains la voient une comme occasion utile qui permettra de sauver le peuple libyen tout en sachant qu’un pays pétrolier comme la Lybie n’est pas sans intérêts particuliers pour les pays occidentaux qui interviennent. Cette tendance « pragmatiste » n’exprime pas une opposition totale à toute intervention militaire mais la conditionne.

Pour les marxistes plus orthodoxes, dit aussi « Marxistes-Léninistes », le changement du régime sera seulement possible par une révolution est un soulèvement conscient du peuple. Quoique soient les conditions objectives, l’ordre de jour s’appelle une révolution contre les automatismes de la société bourgeoise. Bien entendu cet ordre n’est donc pas une sorte d’explosion irrationnelle de mécontentement mais il implique au contraire une rupture fondamentale avec les mécanismes politiques, idéologiques et les rapports de reproduction imposés par l’État capitaliste.

Pour eux, l’État capitaliste aussi bien que son despotisme doit être brisé, il doit céder la place à un régime socialiste. C’est la seule condition sin qua non qui légitime le changement du régime. Ils voient l’intervention militaire pour remplacer Kadhafi par des agents des pays impérialistes comme c’était le cas en Afghanistan et en Irak ou les pions d’impérialisme comme Karzaï et Al-Maliki sont là pour plonger ces pays dans le chaos. Ces régimes dépendants ne poursuivent que les intérêts de l’impérialisme et leurs multinationales.

Ils insistent que chaque peuple a le droit de se débarrasser de dirigeants qui ne lui conviennent pas, mais ce droit n’appartient pas aux grandes puissances impérialistes comme USA, France et Grande-Bretagne. Mais comment faire si les conditions objectives et subjectives dépassent ces conditionnements-là ? Comment faire si l’État arrive à réprimer tout le monde et aucune organisation solidaire de lutte de classe ne pourra s’organiser ? Les marxistes orthodoxes n’y pensent pas selon les problématiques de nos jours mais cherchent dans les volumes classiques du Marx leurs réponses, souvent évasives et idealistes.

Pour parvenir à une révolution socialiste, Marx postulait la nécessité de l’organisation politique préalable du prolétariat en parti politique distinct qui soit une véritable avant-garde. Cela paraissait le meilleur moyen de combattre les vues utopiques de ceux qui niaient en bloc l’utilité des partis et des syndicats. Mais on dut s’apercevoir que cette formule recelait bien les équivoques, d’autres formes de luttes de guérilla s’émergent en Amérique latine. D’ailleurs rien ne garanti la survie d’une telle organisation et puis comment recruter la masse ouvrière et intellectuelle lorsque l’État est totalitaire, islamique, staliniste, ou dans le cas de la Lybie, la structure sociale est encore tribale.

D'une part, on accepte tout détriment de l’intervention impérialiste en Lybie, d’autre part on constate les crimes commis aujourd’hui par Kadhafi. Le problème se pose lorsque on condamne l'intervention militaire « impérialiste », qui est mandatée par l’ONU pour battre les troupes et mercenaires de Kadhafi. En même temps qu’on exige la fin du règne de Kadhafi et une reconnaissance du Conseil national de transition intérimaire, comme le seul représentant légitime du peuple libyen et (qui d’ailleurs demande l’intervention), on condamne également l’intervention. Et comment va-t-on accomplir toutes ces procédures sans une intervention militaire ? Quelle sera l’alternative à l’intervention militaire des pays « impérialistes » ? Partant de là, il ne faut pas oublier que cette intervention a évité une tuerie qui aurait fait bien plus de victimes. Bien sûr, les victimes civiles, ne les oublions pas, cela reste injuste et cruel mais que faire sinon ce qui a été fait par cette intervention ?

On sait que la doctrine de l'ingérence n’est pas 100 % humanitaire : on peut spéculer sur l’intention économique à long terme, du même qu’empêcher une révolution socialiste. Mais á mon avis il y a aussi d'autres facteurs modificatifs qui poussent les pays occidentaux à intervenir militairement ; Il y le facteur d’hégémonie géopolitique qui ne calcule forcement pas sur les intérêts économiques. Il y le facteur social poussé par les médias, les organisations de droits de l’homme, des institutions démocratiques et humanitaires qui jouent comme une véritable force d’internationalisme à l'intérieur des pays dit impérialistes. Tous ces facteurs-là peuvent aussi jouer un rôle dans la politique étrangère des pays occidentaux. D’autant plus que le monde multipolaire qui se met en place après la chute du communisme n’a plus besoin des dictateurs moyenâgeux mais plutôt des régimes ouverts à une certaine liberté qui favorisent l’entrée des capitaux.

Cela n’empêche pas une réflexion sur les effets désastreux des politiques impérialistes américaines mais il faut aussi réagir dans l'urgence pour sauver les civils libyens de la rage de Kadhafi tout en acceptant qu'on réfléchira après lorsque le pays sera libéré. Mais comme la réflexion ne vient jamais à l’esprit des gauchistes orthodoxes, Ils restent éternellement « dans l'urgence » de la révolution socialiste, c'est-à-dire à la traîne du règne de Kadhafi pour le moment !

Certains gauchistes ne proposent d'alternative autre que verbale. Ils parlent d’organiser les masses. Ils lancent des paroles en l'air au nom de la volonté des masses. Il est évident que ce type d'argumentation contre l’intervention ne puisse guère convaincre la population libyenne qui sont les victimes du leur tyran. Il est naïf de penser qu’un tyran comme Kadhafi qui martyrise un pays depuis plus de 42 ans partira avec des seules négociations et sans faire couler le sang.

Il y a aussi une tendance pacifiste qui condamne chaque guerre. On a l’impression que pour cette tendance, aucune guerre n’est juste, même si ce n'est qu’une guerre défensive. Ce pacifisme inconditionnel ouvre un cliché aux contre-arguments de la tendance interventionniste. Nous savons qu’un régime totalitaire ne sera idéalement changé l’attitude. La traduction du sens du pacifisme inconditionnel dépasse la réalité. Hélas, l’espèce humaine n’est pas encore si évaluée pour mériter une paix gratuite. Sous le nom pacifisme absolu, c’est parfois l’abandon de l’activisme, c’est en fait un appel à la passivité et à l’obéissance de statut qua, ce qui favorise aujourd’hui plutôt Kadhafi, les Mollahs, et aurait pu favoriser hier Hitler, Pol pot, Saddam, Milosevic — tous renversés par l’intervention étrangère.

Peut-on dire que le peuple libyen n’avait plus qu’à confier aux aides internationales pour se défendre contre les troupes et mercenaires de Kadhafi ? Sans comprendre cet appel d’aide comme un instinct de la vie, la tendance pacifiste et non-interventionniste semble immorale. Les solutions pragmatiques dans un jeu planétaire avec la dictature ne sont pas forcement de nature de calasse sociale mais celle de toute la population et l’intérêt social. Car un refus catégorique d’intervention sans une solution adéquate risque aujourd’hui un d’être compris comme un aveu d’impuissance, une façon d’aspirer à la lutte de demain sans se donner les moyens de la réaliser aujourd’hui.


Moyenne des avis sur cet article :  1.57/5   (7 votes)




Réagissez à l'article

2 réactions à cet article    


  • dawei dawei 1er avril 2011 14:26

    « Même si l’intervention est autorisée par l’ONU » faux , la resolution 1973 de l’onu (avec le veto de la Chine) n’autorise que l’exclusion aerienne afin de rpoteger les civils et exclue toute intervention au sol. Or les bombardements et les morts de civils et l’armement des rebels (dont on ne connait l’identité ideologique) a commencé par les anglais, americains et français, ce qui est totalement une violation de le resolution de l’ONU susnommée et est donc absolument illégal , en plus d’être immoral .
    Cela annule toute motivation de continuer à lire votre article .


    • xray 1er avril 2011 21:17


      Ce sont les journalistes vendus aux intérêts des américains qui l’affirment. 
      Kadhafi bombarde son peuple ! 
      Et le 9/11, c’était quoi ? 


      Les évènements du Maghreb sont visiblement orchestrés de l’extérieur. 
      Ces évènements démontrent une nouvelle fois que les journalistes sont entièrement soumis aux intérêts des Américains. 

      Le but des Américains est de faire sauter les verrous qui leurs interdisent l’accès direct au fric et au pétrole du Maghreb. (Les « dictateurs » ne sont pas aussi malléables que nos bons élus sans pouvoir du grand bordel européen.) 

      Le réveil des maghrébins risque d’être douloureux. 
      La Libye n’est pas en proie à de simples manifestations ni à des émeutes mais à une véritable insurrection avec de vrais moyens militaires. 

      En Libye, qui fournit les armes ? Qui tue qui ? 

      Les Américains ont trouvé en Europe des cons pour faire le sale travail. 
      Les élus européens sont des carpettes sur lesquelles les Américains s’essuient les pieds. 

      Le bourbier européen 
      http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com 


      Au lieu de faire une affaire personnelle de Kadhafi, le nabot-léon ferait mieux de s’occuper de ce qui se passe en France et de cesser de faire ses saloperies. 

      Un vandalisme institutionnel 
      http://mondehypocrite.midiblogs.com/archive/2009/06/18/un-vandalisme-institutionnel.html 

      Le piège internet (GOOGLE, Blog-spot,  Dailymotion, Le Post) 
      http://echofrance.monblogue.branchez-vous.com/2009/11/21#215760 


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès