L’intervention en Libye ou le succès diplomatique de Sarkozy
L’intervention en Lybie lancée ce week end commence à porter ses fruits, c’est-à-dire repousser l’armée de Kadhafi, et l’empêcher de menacer les populations civiles. Pourtant, cette intervention a bien failli ne pas avoir lieu. Alors, à ceux qui aujourd’hui disent qu’il ne fallait pas intervenir, répondons leur qu’auriez-vous dit si « le guide » avait massacré tous ses opposants de Benghazi ?
Une coupure entre l’Est et l’Ouest de la Lybie
Cette coupure du pays, avec d’un côté les pro-kadhafi, et de l’autre les anti, est vieille comme le monde, ou presque. En effet, regardons deux cartes, qui nous permettront de mettre en évidence quelques éléments :
Coupure de l’Empire Romain Occident/Orient La Lybie
Si vous jetez un oeil à ces cartes, en n’oubliant pas que la coupure entre les insurgés et les pro-Kadhafi se situe à peu près à Ras Lanouf, alors vous constatez que cette coupure existait déjà en 394 lorsque l’empire romain est divisé en deux : l’orient d’un côté (avec Constantinople pour capitale) et l’occident de l’autre (avec Rome comme capitale).
Les différentes réflexions en Lybie peuvent s’expliquer en partie par cela. En effet, lorsque la partie occidentale de l’empire tombe, la zone de Tripoli est alors rattachée à Alger, tandis que la zone de Benghazi reste dans l’empire d’orient, devenu Byzantin. Les deux parties du territoires ont donc évolué de manière séparée, et ceux jusqu’à récemment, avec la colonisation.
Kadhafi, construction de son pouvoir
Le colonel Kadhafi est apparu il y a plus de quarante ans, en s’alliant les services de l’armée, ainsi que l’appui des principales tribus de Lybie. En effet, ce pays a toujours été un pays de tribus, mais pas de bédouins. Mouammar Kadhafi a ainsi, dans la création puis la consolidation de son pouvoir, favorisé les tribus de l’Ouest (dont il est issu) au détriment de celles de l’Est.
Pourquoi ont-ils attendu si longtemps pour se rebeller ? Les lybiens ne pensaient pas possible de s’en débarrasser jusqu’à la Révolution de Jasmin en Tunisie, puis celle d’Egypte. Effectivement, les lybiens considérant les Tunisiens et les Egyptiens comme des « fainéants », se sont donc rendus compte que c’était probablement possible.
Une lente réaction, mais qui arrive à point nommé
Les occidentaux ont beaucoup tergiversé sur la question « doit-on intervenir ou pas ? » Certains, comme la France représentée par Alain Juppé (Ministre des Affaires Etrangères) ont demandés très tôt la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne en Lybie. Mais il a fallu attendre que Kadhafi reprenne le dessus, et soit aux portes de Benghazi (dernière ville résistante) pour qu’enfin les occidentaux votent une résolution de l’ONU pour intervenir par la voie des airs. Une résolution votée, comme le veut la règle, aux deux tiers du Conseil de sécurité (soit dix membres sur quinze) qui est maintenant remise en cause par certains pays : la Russie et la Chine. Mais il est bon de rappeler que leurs réactions sont très hypocrites. En effet, il ne faut pas oublier que ces deux pays avaient la possibilité d’empêcher l’opération : il leur suffisait de la REFUSER ! Et oui, en tant que membres permanents du conseil de sécurité, ils disposent d’un droit de Véto.
Rendons à César, ce qui est à César !
Nicolas Sarkozy a en effet bien « joué » sur cette affaire. Certes, le président se devait de se rattraper après l’échec et la polémique de Michèle Alliot Marie, et de son voyage en Tunisie. Rappelons que la France était passée complètement à côté de la révolution tunisienne, et avait accueilli avec prudence la révolution égyptienne. Mais cette fois-ci, il s’agit véritablement d’un succès diplomatique de la France, et donc du président Sarkozy, qui rappelons le, avant d’obtenir l’intervention, avait été le premier à reconnaitre le conseil de Benghazi comme la seule autorité représentante de la Lybie.
Ce sera probablement l’une des rares fois où je l’écrirais, alors prenez une photo : Bravo Mr Sarkozy pour cette réussite diplomatique.
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