L’invention du mensonge publicitaire
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Vous achetez un produit d'un très bel aspect, au goût agréable. Bien sûr, depuis quelques années, une étiquette écrite en caractères minuscules contient la liste des ingrédients. Mais vous ne la lisez pas, par flegme, ou parce que les noms sont incompréhensibles. Puis, un jour, en feuilletant un magazine sur la consommation, vous découvrez que votre produit contient toutes sortes d'additifs très mauvais pour la santé, voire des ordures dont le goût et l'aspect ont été changés par des produits chimiques. Conclusion : vous vous êtes fait avoir en beauté.
On pourrait faire un parallèle avec l'histoire du “roi” David de l'Ancien Testament :
« Les portraits du roi David, polis pendant des millénaires par des armées de théologiens et professeurs de religion, ont fait de David le personnage le plus aimé de toute l'Écriture juive, et le plus important dans le domaine théologique. Mais que savons-nous vraiment de cet homme ? »
« Les sages du Talmud et les Pères de l'Église ont essayé de faire de David un saint en dissimulant, niant ou expliquant les péchés et les scandales que la Bible révèle. Dès l'Antiquité, par exemple, les rabbins ont décrété que les histoires les plus salaces de David ne devaient pas être traduites ou lues dans la synagogue. 1 » [KIRSCH, Commentateur du Talmuddans le magazine communautaireTablet]
[NOTE : malgré mon respect des règles fournies par un ancien auteur, je n'ai pas pu obtenir de lien hypertexte sur les notes de bas de page.]
Le déiste Peter ANNET contemporain de Voltaire – donnait en 1766 une explication à cet aveuglement :
« L’histoire de David est incomplète, rapportée par ses admirateurs hébreux, et il n'est pas facile de vaincre les préjugés précoces que l'éducation [chrétienne] en faveur de l’histoire des Hébreux a soigneusement inculqués tôt dans notre enfance, empêchant notre vision sous un bon éclairage : de sorte que des récits qui choqueraient l'humanité s’ils concernaient l'histoire des profanes, sont lus ici sans aucune émotion autre que le respect […] Il ne serait pas facile de trouver une période de toute l'Histoire qui soit plus sanglante ou plus riche en cruautés de diverses sortes que celle qui fait actuellement l'objet de l'attention du lecteur.2 »
David est un personnage très important dans les trois religions monothéistes :
– pour le judaïsme,« la piété de David était si grande que ses prières pouvaient ramener les choses du ciel sur la terre. » Ce deuxième roi d'Israël dirigea « un pays s'étendant duNil et l'Euphrate » ;
– les Chrétiensen font un ancêtre de Jésus, « fils de David, fils d'Abraham. » Dans son Dictionnaire, Bayle écrivait :« C’est un soleil de sainteté dans l’église : il y répand par ses ouvrages une merveilleuse lumière de consolation et de piété... »3
– les Musulmans considèrent « le Prophète Daoud [comme] l'un des cinq Messagers mentionnés dans le Coran à avoir communiqué un Enseignement émanant de Dieu. » Le Coran précise même :« Ô David, Nous avons fait de toi un calife sur la Terre » (Sourate XXXVIII-26)
D'après le bibliste Steve McKenzie, David est le personnage occupant le plus de place dans toute la Bible, devant Moïse et Jésus.
S'il fut pris comme modèle par la monarchie française « comme idéal de justice, figure de pureté et de désintéressement, »son image s'étendait au-delà puisque, en Angleterre, la reine« Victoria se serait mis en tête que ses enfants descendaient de David ; tous les princes [jusqu’à Charles] auraient été circoncis pour cette raison jusqu’à ce que Diana y mette un terme.4 »
Son profil grec fut immortalisé par un Michel-Ange distrait quioubliade le circoncire dans sa célèbre statue de taille “goliathesque” (4,3 m de haut).
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Portraits officiels de David
Voici comment l'auteur cité en introduction les présente dans une biographie assassine : « Les portraits modernes du roi David le dépeignent comme un jeune garçon au courage inégalé, un homme pieux et humble…, un grand roi dont le cœur était dévoué au Seigneur et en comparaison duquel tous les autres monarques font pâle figure. Il est décrit comme l’ancêtre d’une dynastie qui règnerait un jour sur le royaume de Dieu sur terre. Beaucoup voient en lui le premier homme de la Renaissance : un poète à l’esprit et l’intelligence rares, un musicien de renommée nationale, un diplomate au talent consommé, un homme politique de grande sagesse, un brillant stratège militaire, un maître des armes de guerre, un théologien qui définit les bases de la pensée juive, et un inventeur des pratiques et institutions religieuses du judaïsme.5 »
Jusque là, pas un seul mot sur ses nombreux assassinats, pillages, traitrises et autres gentillesses qui l'ont amené au pouvoir.
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Naissance
Selon la Torah écrite(DEU 23:3), ce descendant de « Ruth, une Moabite » (cf. V. Hugo) produit de l'union de Loth avec l'une de ses filles, n'aurait pas pu devenir roi d'Israël ; mais c'était compter sans la Torah orale, bien connue des savants, qui permit de régler le problème.
Bayle rapporte son origine :« Le père de David aimait sa servante, et après l’avoir cajolée plusieurs fois, il lui dit enfin qu’elle eût à se tenir prête à coucher cette nuit-là avec lui. Elle, n’ayant pas moins de vertu que de beauté, se plaignit à sa maîtresse qu’Isaïe ne lui donnait nul repos dans ses sollicitations. L’épouse légitime va discrètement prendre la place de la servante pendant 3 nuits de suite. chose fréquente dans la Torah.
Quand l’épouse se révéla enceinte, alors qu’il ne couchait plus avec elle depuis longtemps, le mari l’accusa d’adultère et envoya son rejeton parmi les pâtres à la campagne. » [p. 403].
« Son père avait l'intention d'épouser son esclave femelle préférée, mais sa femme prit la place de cette esclave : le résultat de cette union fut David, considéré comme le fils de l'esclave, raison pour laquelle il fut berger au lieu d'être élevé avec ses frères. »[Jencyclo]
Le thème du roi "berger" de son peuple était un motif passablement éculé à l'époque du supposé roi David. "Vrai berger" (sipa.zi) était un titre commun des rois sumériens puis mésopotamiens ; on trouve des traces de cette expression dans les plus anciennes inscriptions : En-sipa-zi-ana, est le sixième roi antédiluvien de Sumer. On peut citer aussi "Dumuzid, le berger... Etana, le berger... Lugalbanda, le berger...6" , mentionnés dans la Liste royale sumérienne. Voir aussi Jésus"Je suis le bon berger..." [Jean 10:11].
Contrairement à Wiki.fr qui évoque son « corps sculptural, » Dom Calmet rapporte que « les docteurs juifs du Talmud disent qu’il avait une physionomie peu avantageuse... qu’il était roux comme Esaü... Ils accusent ce prince d'avoir donné dans les folies de l'astrologie et dans la magie, et même dans l'idolâtrie, et d'avoir désespéré de son propre salut. »
D’après les “maîtres”, David « était pauvre et parfait, il naquit circoncis » (LeDavid mikhtam). Une loi obligeant obstétriciens et sages-femmes à déclarer de tels cas permettrait de gagner du temps.
Ses pouvoir divins étaient cependant reconnus : « Quand David regardait quelqu'un de travers, il le rendait lépreux : c'est ainsi qu ['il regarda] Goliath et le front de ce géant fut aussitôt couvert de lèpre.7 »
Dans la littérature rabbinique8, on apprend que, « en un jour, David étrangla de ses mains quatre lions et trois ours. Il fut une fois en grand danger quand il tomba sur un unicorne [?] endormi tellement gigantesque qu’il le prit pour une haute montagne et essaya de l’escalader, » confirmation scientifique de l'extinction de certaines espèces animales. Pour lui permettre d'en descendre, Yahweh envoya un lion, roi des animaux devant lequel l'énorme bête se prosterna.
D'après le Midrash Tehillim xxii. 22, un cerf est venu, que le lion a immédiatement poursuivi, de sorte que David s'est échappé à la fois du monstre et du lion.
Pour les ignares, les midrash sont « une méthode d'exégèse herméneutique, comparative et homilétique, et sont longuement cités par le Talmud,le fondement de la loi juive. »
David consacrait beaucoup de temps à l'étude de la Torah et à la prière car il se contentait d’un sommeil d’environ4 minutes [“soixante respirations”]. Réveillé par le son de sa harpe – fabriquée avec les boyaux du bélier qu’Abraham avait sacrifié à la place d’Isaac, d'après les “savants talmudistes” –, il commençait à étudier la Torah.
Interdit de rire devant la science rabbinique !
Dieu lui envoya plusieurs fois de l’aide sous forme d’animaux (araignée, grenouille, lion) mais il lui envoya aussi Satan déguisé en oiseau et en cerf.
On notera que c'est vers l'époque où son histoire fut créée, que Platon inspirait des ouvrages beaucoup moins comiques que ces fables... Récement, BHL proposa aux Musulmans un Talmud, preuve de l'importance que ce riche « homme de gauche » accorde à ce livre…
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David et le roi Saül
Le roi Saül – tiré au sort – était tombé dans une noire mélancolie, dont le démon se servait pour l'agiter (1Sam16:15-16) : « Que tes servants cherchent un habile joueur de harpe, et quand le mauvais esprit d’Elohim sera sur toi, il jouera, et tu iras bien. »
Par son talent, David guérit Saül, au point que celui-ci lui proposa une de ses filles comme épouse, mais à une condition. Lorsque le roi Saül exigea de David qu'il lui ramène 100 prépuces d'ennemis en échange de la main de sa fille, le vaillant petit soldat lui en amena 200. [Foreskin Follies]
À cette époque, pour compter les ennemis tués, les cruels Égyptiens faisaient couper en général leur main droite, ou leur phallus pour dénombrer les étrangers non circoncis. Dans les textes de Medinet Habu9, par exemple, on relève sur une inscription : “Total phalli : 12 535” et “12 860”. Le délicat travail de coupe des prépuces était donc un net progrès, mais le texte ne dit pas si David anesthésia préalablement les amputés.
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David et Jonathan
« La description de la première rencontre en 1 Samuel 18 est quelque peu surprenante. Imaginons un prince héritier qui spontanément se dépouille de tous les attributs de son rang, puis de tous ses habits pour les offrir à un jeune et bel inconnu [...]Selon la conception du Proche-Orient ancien, un homme de haut rang ne peut en aucun cas se dénuder.... Le geste de Jonathan révèle du coup un sentiment personnel et dans doute érotiqueà l'égard de David.10"
À la mort de son ami Jonathan, fils de Saül, David s'écria :« Jonathan mon frère ! Je suis dans l'angoisse pour l'amour de toi ; tu faisais tout mon plaisir ; l'amour que j'avais pour toi était plus grand que celui qu'on a pour les femmes. »[2SAM1 :26]
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La soif de pouvoir
Voici un passage qui donne un aperçu des amis de david : « Un joueur de harpe pour qui l'Eternel avait pris une tendre affection, s'est fait sacrer roi pendant que Samuel vivait encore ; il se révolte contre son souverain, il ramasse quatre cents malheureux, &, comme dit la sainte écriture, tous ceux qui avaient de mauvaises affaires, qui étaient perdus de dettes & d'un esprit méchant. »11
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« La » faute de David
Très courageusement, wiki.fr évoque un seul épisode malheureux du héros : l'histoire de Bethsabée, l'épouse de Urie, un soldat très pieux (bien que hittite). Décidé à voler cette jolie femme, David envoya son mari au front pour le faire tuer : « Placez Urie au plus fort du combat, et retirez-vous de lui, afin qu'il soit frappé et qu'il meure. »
De nos jours, une telle abjectionvaudrait à son auteur de passer le reste de sa vie derrière les barreaux, et toute carrière politique future lui serait définitivement interdite.
La suite va montrer que cet exploit fut loin d'être le seul de notre roi.
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Biographie sous un autre angle
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Historicité
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Dans l'un de ses nombreux livres, l'auteur du Dictionnaire amoureux du judaïsme écrit : « David et Salomon, dont l’existence historique est établie12... » Personne ne saurait douter une seconde de la fiabilité des informations dont dispose Attali, qui se déclare « croyant ».
Côté biblistes et archéologues, le constat est un poil différent.
« Historiquement, nous n'avons pas la moindre preuve archéologique ou textuelle contemporaine de David montrant que lui et son fils Salomon aient même jamais existé. Ni David, ni Salomon, ni le royaume d'Israël sur lesquels ils régnaient, n'apparaissent dans l'une des inscriptions récupérées de l'époque de leur règne, pas plus en Canaan que chez les nombreux peuples et nations avec lesquels ils interagissaient ou sur lesquels ils auraient régné. » « Aucune découverte archéologique ne peut avec certitude être mise en relation avec lui,13 » affirme le professeur Steven Mckenzie, spécialiste réputé auteur d'une biographie.
Au lieu « des découvertes archéologiques » de wiki.fr, une seule, la stèle de Dan, évoque une bytdwd ("maison de dwd"). Au maximalisteYosef Garfinkel, affirmant que la stèle de Dan prouve l'existence du célèbre roi, un spécialiste remet les pendules à l’heure en précisant que la stèle ne mentionne que bytdwd, expression qui ne se rencontre nulle part ailleurs dans les langues sémitiques de l'ancien Proche-Orient (pas plus que le nom dwd). On peut au mieux en déduire que cette maison était une chefferie14(à cette époque, Jérusalem n'était qu'une petite bourgade), opinion partagée entre autres par Niels Peter Lemche : « On ne peut pas avoir ensemble “le grand roi” de la Bible et un chef de bandits errant dans les montagnes de Juda. »
Quant à son fils Salomon, aucune découverte archéologique n'est venue confirmer l'existence de cet important personnage, dont le « royaume » s'étendait du Nil à l'Euphrate.
Tout ce qui concerne ces deux personnages ne repose que sur des hypothèses.
Mais admettons qu'un personnage de ce nom ait existé...
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Crimes de masse contre les civils
C'est un épisode assez sombre de la vie du héros que Wiki.fr a choisi d'ignorer alors qu'il est mentionné sans ambiguïté dans laTorah. Voici comment le résumait un célèbre écrivain : « Chez les alliés de son bienfaiteur Achis, […] à la tête de six cents bandits, [...] [David] pillait tout, il égorgeait tout, vieillards, femmes, enfantsà la mamelle. Et pourquoi massacrait-il les enfants à la mamelle ? “C’est, dit le texte [1SAM 27:9-11], de peur que ces enfants n’en portassent la nouvelle au roi Achis”... David s’empare de tout le royaume ; dans la ville de Rabbath, il fait mourir tous les habitants par des supplices assez extraordinaires ; on les scie en deux, on les déchire avec des herses de fer, on les brûle dans des fours à brique. [2SAM12-31]
Après ces belles expéditions, il y a une faminede trois ans dans le pays. Pourquoi ? La réponse était fort aisée : dans un pays qui à peine produit du blé, quand on a fait cuire les laboureurs dans des fours à briques et qu’on les a sciés en deux, il reste peu de gens pour cultiver la terre.
David dit aux Gabaonites qu’il est juste de punir la race de Saül ; et il donne aux Gabaonitesseptpetits-fils de Saül à pendre, lesquels furent pendus parce qu’il y avait eu famine.15 »
Le verset 2SAM 12:31rapporte que David ne se limita pas à la seule ville de Rabbath :« il traita de même toutes les villesdes fils d'Ammon. »
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Falsification de la Torah
Bien que les « exploits » de David soient connus depuis longtemps, comme le montre Voltaire, certains « traducteurs » ont cru bon de les déformer totalement.
Voici la version Louis Segondde la Bible en français traduite entre 1874 et 1880 :
« Il fit sortir les habitants, et il les plaça sous des scies, des herses de fer et des haches de fer, et les fit passer par des fours à briques. »
On trouve le même sens pour les versions anglaises de la 21st Century King James Version(KJ21), et l'American Standard Version (ASV), entre autres.
Mais ces descriptions d'exactions répétéespiresque celle d'Oradour sur Glane ont dérangé quelques pieux traducteurs religieux qui ont cru bon de « corriger » le texte.
Exemples :
– 2 Samuel 12:31 version Segond 21après 1945 « éditée par la Société biblique de Genève et publiée à partir de 2007 » :
« Il déporta ses habitants et les affecta au maniement des scies, des pics de fer et des haches de fer, ou encore les fit travailler au moule à briques. »
– La Bible du semeur, parue en 1992, « s'attache à traduire le sens des phrases plutôt que de respecter une correspondance exacte entre les mots du texte original et ceux du texte traduit » :
« Quant aux habitants, il les emmena et les affecta à diverses corvées pour manier la scie, les herses de fer et les haches de fer[a]. Il en établit aussi comme mouleurs de briques. »
Il est donc bon de corriger ces abjectionsen donnant une versionqui expose le texte hébreu, le sens des mots, et la traduction anglaise :
« He also brought out the people who were in it, and set [to put, place] [them] under saws, sharpiron instruments and iron axes, and made them pass through the brickkiln. »
Ce qui donne :
« Il a également amené les gens qui s'y trouvaient, les a placés sous des scies, des instruments de fer tranchants et des haches de fer, et les a fait passer à travers le four à briques. »
À ma demande, des professeurs de latin et de grec ont traduit les passages de la Septante (ca–270)et la Vulgate(vers 400) : le résultat est quasiment identique à celui de Voltaire.
Dans la biographie16qu'il lui consacre, Jonathan Kirsch rappelle que David« était aussi capable de grande tromperie et de violence sanguinaire » (« Saül a tué des milliers, Et David des dizaines de milliers » [1Sam:18-7])
Greenberg (op. cit.) se fait évidemment un plaisir de souligner ses nombreux crimes.
« Dans un nouveau roman biblique par l'auteur israélien Yochi Brandes, Kings III, David est décrit comme un guerrier sanguinaire...qui massacre sans pitié ses ennemis.17 »
Bien que ces massacres soient décrits dans la Torah,non seulement Wiki.fr n'évoque pas une seule fois ces atrocités qui rappellent celles commises par les nazis, mais « la référence » fait encore mieux en présentant deux fois ce criminel de masse comme un... « maquisard ». mot qui évoque en France un opposant aux nazis…
Yaweh ne reprocha pas ces crimes atroces à l'homme qu'il avait« choisi selon son coeur »[1SA 13:14] :« David avait fait ce qui est droit aux yeux de l'Éternel, et il ne s'était détourné d'aucun de ses commandements pendant toute sa vie, excepté dans l'affaire d'Urie, le Héthien. »[1RO 15:5] Donc encore une preuve que l'Éternel approuve les crimes contre l'Humanité.
À la décharge du roi David, Calmet déclarait qu'il lui arrivait d'être « abandonné de l'esprit de la grâce » ; mais en dehors de ces moments d'égarement, il relevait chez lui « un cachet de douceur, de tendresse, de générosité qu’on chercherait vainement [ailleurs]. »
Le très respectable site Lamed écrit de ce pillard criminel sadique : « c’est surtout sa grandeur spirituelle qui resplendit. »
Il faut reconnaître que Yahweh, le “maître” de David, avait de quoi inspirer son élève :
« Je suis toujours étonné de voir combien de fois ce Dieu ordonne le meurtre de personnes innocentes même après que les dix commandements aient dit « Tu ne tueras pas ». Par exemple, Dieu tue 70 000 innocents parce que David a ordonné un recensement du peuple (1Ch 21). Dieu ordonne également la destruction de 60 villes pour que les Israélites puissent y vivre. Il ordonne le meurtre de tous les hommes, femmes et enfants de chaque ville, et le pillage de tous ce qui a de la valeur (Deut 3). Il ordonne une autre attaque et le meurtre de “toutes les créatures vivantes de la ville : hommes et femmes, jeunes et vieux, ainsi que des bœufs, des moutons et des ânes” » (Josué 6). Dans Juges 21, Il ordonne le meurtre de tous les habitants de Jabesh-gilead, à l'exception des filles vierges qui ont été emmenées pour être violées de force et mariées. Quand ses sbires voulaient plus de vierges, Dieu leur disait de se cacher le long de la route et quand ils voyaient une fille qui leur plaisait, la kidnapper et la violer de force et en faire leur femme ! Presque toutes les autres pages de l'Ancien Testament évoquent Dieu tuant quelqu'un ! Dans 2Rois 10:18-27, Dieu ordonne le meurtre de tous les adorateurs d'un dieu différent dans leur propre église ! Au total, Dieu tue directement 371 186 personnes et ordonne le meurtre de 1 862 265 personnes supplémentaires.
Le Dieu de la Bible autorise également l'esclavage, y compris la vente de sa propre fille comme esclave sexuelle (Exode 21:1-11), la maltraitance des enfants (Juges 11:29-40 et Ésaïe 13:16) et le fait de tuer les bébés en les frappant contre des rochers (Osée 13:16 & Psaumes 137:9). [Evil Bible]
On pourrait ajouter aux exploits de David :
– deux histoires contradictoires dans la Bible, sur la mort du roi Saül, toutes deux tentant de surmonter le fait que David a été trouvé en possession de preuves incriminantes le liant à la mort de Saül.
– David devint roi de Juda alors que Saül était encore roi d'Israël, et allié de Juda avec les Philistins contre Israël.
– David est devenu roi d'Israël seulement après avoir mené une guerre civile de deux ans contre, le fils de Saül et le roi légitime d'Israël après la mort de Saül.
– Une rébellion militaire populaire contre le roi David l'a temporairement retiré du trône et une seconde rébellion populaire a menacé de faire la même chose. [Greenberg, op. Cit.]
D’après la Kabbale et l'école de rabbi Rashba (“l'un des savants les plus remarquables de la communauté juive médiévale”), le démon Asmodée serait né de l’union du roi du David et de la succube Agrat Bat Mahlat.
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David exorciste
Cet aspect plus amusant, mais pas trop raconté, est indiqué dans la Torah. Contrairement à wiki.fr affirmant que « l'esprit de [Saül] se troublait, » le saint Livre affirme qu'il était victime d'un sort envoyé par Yahwehlui-même. Flavius Josèphe décrivait Saül, « envahi par des démons,... tourmenté par les mauvais esprits,... trouble où le jetaient les démons, chaque fois qu’ils s’emparaient de lui.18 »Muni de sa lyre ou de sa harpe, David chassait ces mauvais esprits par la musique.
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Goliath
Comme avec tous les ennemis réels ou supposés des Hébreux, les “docteurs” du Talmud ont recours à l'insulte : d'après R. Johanan, « il était fils de 100 pères et d'une mère »(donc d'une prostituée) : d'après R. Rab, un autre “savant”, tous les hommes avaient des rapports avec la mère de Goliath par derrière [Soṭah 42b]. Afin de montrer le sérieux de ces docteurs, on peut citer R. Ḥanina, pour qui l'équipement de Goliath pesait 60 tonnes, alors que, d'après R. Abba bar Kahana, il pesait 120 tonnes. [JENC].
« Dès que David regarda le géant Goliath ce dernier fut frappé par la lèpre et ancré au sol de sorte qu'il ne pouvait pas bouger. Lorsque David lui dit ”je donnerai ta chair aux oiseaux du ciel,” Goliath leva la tête, ce qui permit à David de frapper le front exposé du géant. »
Les savants musulmans divergent sur l'origine des pierres utilisées par David pour tuer Goliath : pour certains, ce serait celles qu'Abraham jeta sur le diable qui voulait l'empêcher de tuer Isaac...
L'exploit le plus connu du berger David abattant d'un coup de fronde le champion philistin Goliath commence à être sérieusement mis en doutepar les spécialistes, car un verset très connu (2 SAM 21:19) prétend qu'un certain Elchanan fut le vainqueur de Goliath. Après avoir longuement étudié cette affaire et les rivalités entre différents clans de prêtres au cours des siècles, un historien de la Bible à l'Université de Tel-Aviv conclut : « Ainsi, il est clair que 2Sa 21:19 représente la couche la plus ancienne et la plus précisede la tradition, et donc Elhanan de Bethléem fut probablement le guerrier qui tua Goliath.19 »
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Qui a rédigé les Psaumes ?
David est surtout connu pour ces textes qui occupent les livres des Psaumes. Mais là encore, patatras ! « Bien que de nombreux savants pensent qu'au moins quelques-uns, voire peut-être beaucoup de psaumes, datent de la période préexilique (avant –586), aucun ne peut être daté, sur des bases linguistiques, au 10e siècle BCE, la période de David.20 »
Le Psaumes 68:21-23 aurait été parfaitement en accord avec cet homme plein de douceur :
« Oui, Dieu brisera la tête de ses ennemis, Le sommet de la tête de ceux qui vivent dans le péché. Le Seigneur dit : Je les ramènerai de Basan, Je les ramènerai du fond de la mer, Afin que tu plonges ton pied dans le sang, Et que la langue de tes chiens ait sa part des ennemi » [Psaumes 68:21-23]
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La curieuse étoile de David
De tous les pays dont le drapeau s’orne d’étoiles, Israël est incontestablement celui qui affiche en plus gros ce symbole. Or, d’après Jonathan Kirsch (déjà cité), « le terme hébreu pour idolâtre est oved kochavim =serviteur des étoiles. » (On rencontre aussi l’expression contemplateur des étoiles). L’étoile serait donc le symbole-type des adeptes d’“abominations” !
D’après Wikipedia hébreu, cette étoile à six branches « apparaît aux côtés du sceau de Salomon et d’une croix gammée dans un certain nombre d’antiques synagogues en Israël pendant la période du Second Temple... » [Wiki.he]
L’Encyclopédie Juive précise qu’elle n'est pas mentionnée dans la littérature rabbinique, et qu’elle semble avoir été utilisée comme amulette ou talisman ; elle aurait pris dans certains groupes juifs une importance telle que le “savant” Yehuda Ben Eliyahu Hadassi (XIIe s.) aurait dénoncé « ceux qui ont fait de l'étoile de David un culte. » [Wiki.he]
Cette étoile pourrait être aussi un lointain souvenir de « Kiyyun, votre idole, l’Étoile de votre Dieu que vous vous êtes confectionnée »[AMO 5:26] (Kiyyun était un dieu des païens.)
Quelle que soit son origine – on la trouve à Sumer et en Inde –, elle relève incontestablement de l’idolâtrie, ce qui pourrait incommoder Yahweh qui n’avait déjà pas dû apprécier de voir « un petit-fils du divin Moïse – juste Dieu ! – premier chapelain d’une tribu idolâtre !21, » et encore moins Mical, l'épouse de David, se promener avec un théraphim, idole de taille humaine.
Pour clore cette parenthèse,l’origine des couleurs du drapeau israélien (blanc et bleu) se trouve dans le livre d’Esther [8:15], où Mardochée sort de chez le roi « avec un vêtement royal bleu et blanc. » Ces couleurs d’Israël ont donc été empruntées aux Perses. Si l’on ajoute que l’hymne national israélien est emprunté à la célèbre Moldau du Tchèque Bedrich Smetana, cela fait beaucoup d’emprunts pour un peuple auquel Yaweh ordonna de n'en point faire.
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Richesse de David
Dans une vidéo22rendue célèbre par les deux histoires juives qui l'introduisent (la première rappelant le principal critère de jugement, la deuxième pouvant être qualifiée d'antisémite si elle était racontée par un non-Juif), Jacques Attali note un invariant de la Torah : tous les patriarches hébreux se sont enrichis. Des chapitres précédents ont montré que ces enrichissements résultaient de pratiques peu recommandables : prostitution, vol, escroquerie, assassinats, pillages.
David ne manqua pas de respecter cette tradition en laissant quelques économies de ses pillagesà son fils Salomon :3 000 tonnes d’or(plus que les réserves de la France) et 30 000 tonnes d’argent [1Ch 22:14], ce qui permettrait de bâtir une modeste masure d'environ 400 m2 sous 4 m de plafond avec des murs, cloisons et plafond en or massif, dans un parc entouré d'un mur en argent massif de 3 mètres de haut sur 5 kilomètres de long (environ 200 hectares).
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Punition divine
Yahweh s'irrita contre David, mais pas à cause de ses crimes (Yahweh est miséricordieux). Le roi avait ordonné un recensement des Hébreux, ce qui déplut à l'Éternel qui lui laissa le choix entre « trois fléaux que je vous prépare ; ou votre pays sera affligé de la famine pendant sept ans, ou vous fuirez durant trois mois devant vos ennemis, ou la peste désolera vos états pendant trois jours. David choisit la peste ; et dès le lendemain ce fléau commença, et il mourut pendant les trois jours soixante et dix mille personnes. » [2SAM24.15]
Au lieu de perdre de l'argent à analyser et combattre les prétendus virus du Sida ou de la Covid19, ne serait-il pas préférable d'invoquer le pardon de Yahweh ?
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Mort de David
D'après les “docteurs” cités par Calmet, à la fin de sa vie – « soixante-dix ans, âge qui lui fut assigné par Adam »–, il obtint de Yahweh de ne mourir que le soir du sabbat, à la suite de quoi il se plongea dans la lecture édifiante de la Torah. « Le diable attendait le moment qu'il cessât de lire la Loi pour le frapper de mort ; mais comme il n'en discontinuait pas la lecture, Satan s'avisa, pour le distraire, d'aller abattre des pommes dans le jardin du roi : David accourut au bruit ; et comme il descendait précipitamment par une échelle de bois pour découvrir le voleur, le diable tira l'échelle, le roi tomba et se tua.23 »
Sic transit...
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Conclusion au choix
Voici la version de Greenberg [op. cit.], basée sur la simple lecture du texte et quelques éléments empruntés à des spécialistes : « David était un mercenaire corrompu et ambitieux qui trahit Israël en travaillant avec ses ennemis pour s’emparer du trône du roi Saül ; un politicien ambitieux et impitoyablequi a initié, approuvé, ou toléré le meurtre et l’assassinat comme moyen d’éliminer ses rivaux politiques, royaux ou autres ; un vassal des Philistins qui utilisa une armée de mécontents pour terroriser et conquérir le royaume de Juda quand Saül était encore sur le trône ; un usurpateur qui est allé en guerre contre Israël après la mort de Saül et s’est imposé comme roi sur la nation d’Israël par la force militaire ; un tyran cruel et injuste qui utilisa des mercenaires étrangers pour centraliser le pouvoir sous son contrôle direct et qui opprimait le peuple d’Israël avec des impôts élevés et le travail forcé ; un militaire impérialiste qui mena des guerres de conquête contre ses voisins et exposa les Israélites pacifiques à des contre-attaques militaires faisant de nombreux morts, blessés, ou veuves ; et le bénéficiaire de contes et légendes qui ont fait de lui l’auteur de faits héroïques d’autres personnes, comme la fausse allégation selon laquelle le jeune David tua le géant philistin Goliath. »
Noter que les critiques de David sont anciennes : Tertullien(ca 200), « considéré comme le plus grand théologien chrétien de son temps, »reconnaissait déjà que « David,ce prince “selon le cœur de Dieu”[1 Sam. 13:14.] est souillé du double crime d'adultère et d'homicide24 »
Il manque à ces jugements le qualificatif d'auteur de crimes de guerre, qui l'enverrait de nos jours devant le TPI.
Le personnage dont il est question, est celui dont les victoires « consacrent la suprématie du peuple d’Israël sur l’ensemble de la Terre d’Israël, » ce qui explique le soin mis par les éditeurs de wikipedia.fr à rédiger une fiche d’une honnêteté scrupuleuse destinée à corriger l’opinion défavorable qu’un innocent pourrait avoir à la simple lecture de ses exploits.
– Le regroupement d'Israël en une nation est exclusivement son œuvre, car il fut le premier à unifier ce qui jusqu'alors n'était qu'un conglomérat de clans et de tribus.
– David « est présenté dans le récit biblique, avec son fils Salomon, comme l'un des deux fondateurs de l'ancien État israélite. »
– « La Bible, selon Ben Gourion, était la troisième composante de la “sainte trinité” juive : peuple, terre et réserve. »[SHA. A25]
– « Ben Gourion reconnaissait la revendication biblique sur Israël […] La Bible est notre mandat » [NYTimes, 8/1/1997]
– Le fabuliste Elie Wiesel (suivant Alexandre Cockburn) félicitait les colons « qui nous rejoignent dans la Cité de David » [Mondoweiss]
Alors, lisez les notices accompagnant les produits qui vous sont vendus, afin de ne pas vous faire piéger par les publicités mensongères qui ont la vie dure !
1 KIRSCH, Jonathan, King David : The Real Life of the Man Who Ruled Israel, p. 4.
2 ANNET, Peter, Review of The Life of David, The History of the Man After God's Own Heart,1766
4 “Royal Baby Circumcision : Will Prince George Be Circumcised ?”, Huffington Post, 30/07/2013.
5 GREENBERG, Gary, King David Versus Israel : How a Hebrew Tyrant Hated by the Israelites Became a Biblical Hero.
6 The Electronic Text Corpus of Sumerian Literature, The Sumerian king list.
8 Article “David”, Jewish Encyclopedia.
9 BREASTED, J. H., “Historical Records of Ramses III”, in Studies In Ancient Oriental Civilization, p. 13-14.
10 Römer Thomas, Bonjour Loyse, L'homosexualité dans le Proche-Orient ancien et la Bible, pp. 69-70.
11 Voltaire,Dieu et les hommes, œuvre théologique mais raisonnable, p. 90.
12 ATTALI, Jacques, L’Homme nomade, p. 174.
13 MCKENZIE, Steven L., Le roi David : le roman d’une vie, p. 25.
14 DAVIES, Philip, “The End of Biblical Minimalism ?”
15 VOLTAIRE, article “David” dans Questions sur l’Encyclopédie, 1775, t. III, p. 243.
16 KIRSCH, Jonathan, King David : The Real Life of the Man Who Ruled Israel.
17 Rebecca Harrison, “King David : mighty warrior, fabled monarch and…villain ?”
20 BERLIN A., BRETTLER M. Z., The Jewish Study Bible : Jewish Publication Society Tanakh Translation, p. 1282.
22 ATTALI, Jacques, Le capitalisme peut-il être moral ?,Akadem.
25 Anita Shapira, The Bible and Israeli Identity, Cambridge University Press
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