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L’Iran joue au Palestinien plus que les Palestiniens

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Dans le contexte de la présence fluctuante de Mohammad Javad Zarif sur la scène politique officielle de l’Iran, ses récentes actions ont attiré l’attention. Zarif, ancien ministre iranien des affaires étrangères, a été nommé vice-président chargé des affaires stratégiques par le nouveau président Masoud Pezeshkian. Il a toutefois démissionné de ce poste au bout de dix jours seulement, invoquant son objection à la liste des ministres que Pezeshkian avait soumise au parlement. Zarif s’est ensuite rétracté peu de temps après. Dans ce contexte, de nombreuses personnes ont commencé à faire circuler à nouveau la précédente déclaration de M. Zarif  : «  [Nous sommes] fatigués d’être plus palestiniens que les Palestiniens eux-mêmes. [Nous devrions] les défendre, mais pas [nous] battre en leur nom ».

L’importance de cette déclaration dépasse son timing ou même sa source, bien qu’elle émane de l’un des principaux architectes de la diplomatie iranienne contemporaine. Son importance réside dans l’articulation d’une illusion que l’Iran cherche à propager, en particulier dans la région. Cette illusion est une construction du régime des mollahs, qui a manipulé la cause palestinienne depuis la révolution de Khomeini pour servir ses intérêts stratégiques, notamment son programme sectaire expansionniste.

Certains analystes suggèrent que la réapparition de cette déclaration a été stratégiquement programmée pour exercer une pression maximale sur Zarif, le forçant potentiellement à se retirer de l’arène politique interne de l’Iran. Cela pourrait à son tour affaiblir la position du président Pezeshkian, car de nombreux électeurs l’ont soutenu sur la base de l’approbation de Zarif. Toutefois, cette interprétation ne me semble pas convaincante.

Je soutiens que la réapparition de cette déclaration à ce stade sert principalement à apaiser la colère de l’opinion publique et à atténuer l’indignation suscitée par l’assassinat d’Ismail Haniyeh sur le sol iranien. Le fait que la déclaration soit attribuée à un homme politique associé à la faction réformiste, plutôt qu’à un membre ou à un dirigeant des gardiens de la révolution, est significatif. Elle permet aux partisans de la ligne dure de détourner les accusations de malhonnêteté ou de négligence à l’égard de ce que l’on appelle l’axe de la résistance.

La résurgence de la déclaration est moins importante que son essence et son contenu. Dans notre région arabe, certains croient encore aux affirmations de l’Iran concernant son soutien à la cause palestinienne, comme en témoignent les relations du Hamas terroriste avec le régime des mollahs.

Certains affirment que le mouvement palestinien va là où il trouve du soutien parce que les pays arabes refusent d’apporter une véritable solidarité qui aiderait à rétablir les droits palestiniens qui ont été bafoués.

Toutefois, il convient de se demander si ce prétendu soutien iranien a rétabli les droits des Palestiniens ou s’il n’a fait qu’inverser les progrès accomplis, entraînant une destruction massive à Gaza et, plus grave encore, plus de quarante mille morts et cent mille blessés à la suite de l’attaque du 7 octobre.

Si les Iraniens rationnels sont peut-être fatigués de soutenir la cause palestinienne en raison des coûts associés, ils ont renoncé aux avantages stratégiques que le régime tire de son statut d’acteur clé dans le conflit israélo-palestinien. Les coûts matériels sont insignifiants par rapport aux avantages stratégiques. Après tout, ce sont les dirigeants iraniens qui choisissent de gaspiller les richesses du pays dans ce que l’on appelle l’axe de la résistance et dans de vaines guerres par procuration.

La déclaration de M. Zarif sur la défense des opprimés sans se battre pour eux contredit des vérités connues. L’Iran ne défend pas les opprimés et ne poursuit pas la justice, comme le montrent de nombreux exemples de sa politique étrangère.

En réalité, les Palestiniens, en particulier les habitants de Gaza, sont las de l’ingérence de l’Iran, car ils ont payé un lourd tribut de sang à cause du rôle de l’Iran. L’Iran a abandonné ses milices et ses armes terroristes dans les territoires palestiniens, au Liban et au Yémen, désavouant leurs actions lorsque le danger menace et s’enorgueillissant lorsqu’il s’éloigne.

La position du régime iranien à l’égard de la cause palestinienne est utilitaire et fondée sur les intérêts, incarnant le machiavélisme politique dans ce qu’il a de pire. Elle illustre la tromperie et l’exploitation de la douleur et des causes des peuples. Les archives historiques confirment objectivement que, depuis 1979, les mollahs iraniens n’ont pas offert grand-chose aux Palestiniens, si ce n’est des déclarations grandiloquentes et des menaces creuses, dans le but de maintenir le Moyen-Orient sous tension à leur profit. La cause palestinienne sert de cheval de Troie pour le rapprochement de l’Iran avec le monde arabe et islamique, et d’outil de promotion pour leur «  axe de résistance  » trompeur, la défense des valeurs sacrées et d’autres slogans banals.

L’Iran fournit sans aucun doute un financement substantiel aux organisations palestiniennes extrémistes telles que le Hamas, mais cet argent ne profite pas au peuple palestinien et sape son rêve d’avoir un État. L’Iran finance un projet d’expansion régionale et utilise ces organisations comme monnaie d’échange pour obtenir la reconnaissance internationale de son influence au Moyen-Orient. Conscientes de cette dynamique, les organisations terroristes palestiniennes soutenues par l’Iran, comme le Hamas, donnent la priorité à leurs intérêts étroits plutôt qu’à ceux du peuple palestinien.

Ces groupes extrémistes sont des outils de négociation essentiels pour Téhéran, qui peut contrôler leurs décisions, orienter leurs menaces et les manipuler à volonté. Zarif et d’autres politiciens iraniens le comprennent, mais la peur de la répression des gardiens de la révolution et leurs intérêts personnels les poussent à exploiter la cause palestinienne, même dans les conflits internes.


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4 réactions à cet article    



    • Lynwec 13 septembre 21:23

      Si on suit le « raisonnement » du bon docteur, compatir aux souffrances et chercher des moyens d’aider, bons ou mauvais (à chacun d’en juger), c’est pire que d’infliger les souffrances en question...

      Je ne sais pas si les Iraniens jouent au Palestinien, mais notre bon docteur joue régulièrement une partition reconnaissable, et son jeu est plus vrai que nature...

      D’un autre côté, quand les Américains utilisent l’outil ukrainien dans leur guerre par procuration contre la Russie, ça ne semble pas du tout gêner notre bon docteur... Le double standard, il faut le maîtriser avec finesse, indiscutablement, sinon, ça finit par se voir...


      • Parrhesia Parrhesia 14 septembre 09:53

        @Lynwec
        Dans le même esprit : l’exemple Irakien !
        Saddam Hussein s’éloigne de la Russie pour se rapprocher des USA.
        Puis il croit entendre des voix célestes portées par le vent d’ouest lui donnant une sorte de « green light » pour attaquer le Koweït.
        Et vlan !!! Fini Saddam, fini l’Irak indépendant, et le pétrole irakien change de main !


      • Julian Dalrimple-sikes Géronimo howakhan 14 septembre 07:31

        Dr est bien sur un raccourci pour Drôle !

        ami sinistre c’est dur de se cacher ..de plus en plus.

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