L’irresponsabilité majeure des « gilets jaunes »
« Les miroirs feraient bien de réfléchir un peu avant de renvoyer les images. » (Jean Cocteau, 1932).
La journée de samedi 24 novembre 2018 va-t-elle être dramatique ? Tout porte à le croire, hélas. Le mouvement des "gilets jaunes", en voulant marcher vers l’Élysée, montre sa volonté d’en découdre. Malheureusement, cette démarche agressive aura des conséquences humaines graves. Les deux morts et les centaines de blessés du 17 novembre 2018 n’auront-ils pas suffi pour démontrer que ce mouvement est dangereux et irresponsable ? Socialement et civilement. Mettre en péril la sécurité des personnes est un acte honteux d’irresponsabilité lorsque c’est délibéré.
Ceux qui, sincèrement, voyaient ce mouvement avec sympathie voire y participaient pour exprimer leur colère parfois légitime vont amèrement regretter d’avoir été instrumentalisés par des groupuscules extrémistes qui n’ont aucune volonté de construire un ordre social meilleur mais qui n’ont que des objectifs de destruction. Deux morts la semaine dernière, combien ce week-end ?
Personne n’a jamais interdit de manifester ni d’exprimer son ras-le-bol. Ils avaient la possibilité de se rassembler au Champ de Mars, à Paris. C’était pourtant l’endroit idéal pour rendre ce moment populaire et sympathique. Un lieu idéal de pique-nique familial (certes, le temps s’y prête mal), pour un mouvement bon enfant.
Certaines réactions avant ce samedi étaient hallucinantes. Ainsi, cette porte-parole, à la géographie parisienne douteuse, qui disait qu’il n’était pas ici question de fêter la Coupe du monde de football et qu’ils voulaient marcher aux Champs-Élysées. Justement, les joueurs de l’équipe de France de football n’ont pas été célébrés au Champ de Mars, mais précisément aux Champs-Élysées. Un autre disait qu’ils n’étaient pas des animaux et qu’il n’était pas question que l’État les parquât là où il voudrait. Les descendants des victimes des rafles du Vel’ d’Hiv’ apprécieront sans doute la comparaison…
L’irresponsabilité politique est encore plus forte lorsqu’on est député et qu’on fait partie de ces "marcheurs" vers l’Élysée. Irresponsabilité de François Ruffin qui se met hors-la-loi alors qu’il est l’un des représentants de la loi, quelle honte ! Irresponsabilité et complète incohérence politique pour cet homme pourtant sincère et qui ne comprend pas qu’il est instrumentalisé par des officines extrémistes.
Le meilleur moyen de se rendre compte de cette instrumentalisation, c’est de voir l’évolution des positions des responsables politiques qui, tous, de toute façon, favorables ou défavorables, sont largement dépassés par ce phénomène. Les responsables LR qui participaient aux rassemblements locaux du 17 novembre 2018 (sans volonté de bloquer la circulation) semblent bien silencieux aujourd’hui. Seules, les oppositions les plus extrémistes expriment leur adhésion totale à ce mouvement des "gilets jaunes" dont les revendications réelles sont inconnues car multiples et parfois incompatibles. Le constat le plus clair, c’est que le mouvement qui soutient le plus activement les "gilets jaunes" est le Rassemblement national de Marine Le Pen qui avait même proposé son expertise pour l’organisation de la manifestation du 24 novembre 2018.
Les "gilets jaunes" s’apparentent à ces salariés en colère sans contrôle des syndicats qui ont arraché la chemise du directeur des ressources humaines de la compagnie Air France. La diffusion des adresses du domicile privé des députés LREM par les "gilets jaunes" est un véritable scandale et un appel à la haine. Imaginez un enfant de ce député, qui n’y peut rien, et qui voit sa maison entourée d’individus agressifs. On n’est plus en République avec de tels agissements. Force doit rester à la loi, celle de pouvoir vivre en sécurité et en liberté. Les "gilets jaunes" bafouent ces deux valeurs essentielles de la République.
En quelques sortes, les "gilets jaunes", en refusant l’interdiction de marcher aux Champs-Élysées et en voulant obstinément se rendre devant le Palais de l’Élysée, montrent une volonté clairement subversive. Ceux qui vont s’en étonner ne devront pas se plaindre après les faits.
Rappelons l’histoire. Le 6 février 1934, des groupes d’extrémistes et de ligueurs ont défilé devant l’Assemblée Nationale pour protester contre la mutation du préfet de police Jean Chiappe (touché par le scandale Stavisky). Certains ont décidé de marcher vers l’Élysée et Matignon. Résultat, les émeutes Place de la Concorde ont fini en véritable boucherie humaine. Il y a eu 37 morts et plus de 2 000 blessés.
Le gouvernement, conscient de cette histoire lourde et chargée, veut éviter le bain de sang. Les "gilets jaunes", au contraire, le cherchent. Quelle irresponsabilité devant l’histoire ! La démocratie, c’est le pouvoir aux urnes, pas à la rue. Qu’ils se calment et qu’ils respectent les personnes !
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (24 novembre 2018)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
L’irresponsabilité majeure des "gilets jaunes".
Gilets jaunes : démocratie des urnes et grognement des rues.
Les taxes sur les carburants compenseraient-elles la baisse de la taxe d'habitation ?
Le bilan humain très lourd de la journée des "gilets jaunes" du 17 novembre 2018.
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Emmanuel Macron, futur "gilet jaune" ?
Le Mouvement du 17-novembre.
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La taxation du diesel.
L’écotaxe.
Une catastrophe écologique ?
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