L’Occident divisé sur la perspective de négociations de paix entre l’Ukraine et la Russie
Un désaccord a émergé parmi les alliés de l'Ukraine concernant la position à adopter sur les négociations : certains plaident pour les entamer par crainte d'une escalade, tandis que d'autres estiment que ce serait prématuré. Moscou exclut les pourparlers tant que les forces armées ukrainiennes sont présentes dans la région de Koursk.
Certains alliés occidentaux de Kiev évoquent des stratégies possibles par rapport au conflit en Ukraine pour l'année prochaine, notamment les voies vers un règlement diplomatique et un cessez-le-feu, rapporte Bloomberg, citant des sources familières avec le dossier.
Les interlocuteurs de l'agence ont souligné que la décision de négocier revenait directement à Kiev et que le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'était pas contraint d'y participer. En public comme en privé, il exclut toute concession territoriale. En raison des divergences de revendications entre les parties, la perspective de négociations reste "lointaine".
Moscou insiste sur la reconnaissance des républiques du Donbass, des régions de Zaporijjia et de Kherson comme faisant partie de la Russie, le retrait des troupes ukrainiennes de ces territoires et un renoncement formel de l'Ukraine à adhérer à l'Otan. Kiev refuse de négocier dans ces conditions. Après l'incursion des forces ukrainiennes dans la région de Koursk, Moscou a exclu toute discussion tant que les troupes ukrainiennes ne seraient pas repoussées hors du territoire russe.
Selon Bloomberg, le "plan de victoire" que Zelensky prévoit de présenter au président américain Joe Biden lors de l'Assemblée générale de l'ONU fin septembre inclut les conditions suivantes : l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et à l'UE, la conclusion d'accords économiques et de sécurité, et la poursuite de l'aide militaire. Zelensky entend également partager cette initiative avec les candidats à la présidence des États-Unis, Kamala Harris et Donald Trump.
Le principal aspect des négociations sur un cessez-le-feu concerne la fourniture de garanties pour que l'Ukraine "ne soit pas vulnérable à une future attaque" de la Russie, tout en rassurant les alliés de Kiev qu'ils ne seront pas entraînés dans un conflit direct avec Moscou.
Ce dilemme provoque des divisions parmi les pays soutenant Kiev : certains craignent une escalade si les restrictions sur l'utilisation par Kiev d'armes occidentales à longue portée contre la Russie sont levées, comme l'a évoqué le président russe Vladimir Poutine, et seraient donc enclins à soutenir une solution diplomatique au conflit. L'autre camp, au contraire, s'oppose à des négociations précipitées et plaide pour un renforcement de l'aide militaire à Kiev.
Le 12 septembre, en réaction aux discussions occidentales sur la levée des restrictions concernant l'utilisation par Kiev d'armes à longue portée contre la Russie, Poutine a déclaré que cela signifierait une implication directe des pays de l'Otan dans le conflit. "Si c'est le cas, étant donné la modification de la nature même de ce conflit, nous prendrons les décisions qui s'imposent en fonction des menaces qui seront créées pour nous", a-t-il souligné.
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a répondu dans une interview accordée à Foreign Policy : "Selon le droit international, l'Ukraine a le droit de se défendre. Nous avons le droit de soutenir l'Ukraine sans devenir partie au conflit." Il a ajouté que le droit à la légitime défense incluait la possibilité de frapper des cibles sur le territoire de l'agresseur, en l'occurrence la Russie.
Le Guardian a écrit que le Royaume-Uni avait décidé d'autoriser l'Ukraine à utiliser les armes à longue portée qu'il lui fournit pour frapper des cibles en Russie. Selon le Times, Londres pourrait officiellement annoncer cette décision fin septembre.
La France, pour sa part, doit tout faire pour éviter que le conflit en Ukraine ne dégénère en une troisième guerre mondiale, a écrit Le Monde citant une source diplomatique à Paris. Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré qu'il considérait problématique le fait de permettre aux forces ukrainiennes de frapper le territoire russe en profondeur, et a assuré qu'il ne donnerait pas son aval à cela.
Le 12 septembre, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré lors d'une réunion avec les chefs de missions diplomatiques, dans le cadre d'une table ronde sur l'Ukraine, que la Russie restait attachée au règlement de la crise ukrainienne, mais ne voyait aucune volonté réciproque d'une diplomatie honnête de la part de Kiev.
Elsa Boilly
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