L’odeur du caca brun
L'extrême-droite - qui ne se reconnaît jamais sous ce vocable ni sous celui de « fasciste » - envahit l'espace médiatique depuis des décennies à présent. Cette infiltration n'a-t-elle pas fini par porter ses fruits ?.
Le frein à ces manœuvres de propagande venait de la Loi : depuis 1945 et la victoire officielle contre les fascismes et ses corollaires : racisme, ségrégation, génocides... ces menées ont été condamnés internationalement et leur expression restait prétendument limitée, encadrée.
Néanmoins au gré d'intérêts, du « négationnisme » entretenu lui-même par certains états, la Bête, plus ou moins muselée, ressurgit.
Après 1945, en France, que restait-il de l'extrème-droite française (1) hormis la figure emblématique mais souillée du Maréchal Pétain, condamné à mort mais gracié, à laquelle les nostalgiques de Vichy, espéraient encore se raccrocher ? « Requinquer ses étoiles dans le ciel de Verdun » aurait permis en effet de faire oublier massacres et exécutions de sa Milice dont il avait été jugé responsable (2).
Et qui se souvient alors de Georges Valois (3), créateur pionnier du Parti Fasciste Français en 1925, finalement déporté par les Allemands à Berchstein-Belsen ?
Mais déjà d'anciens ministres ou secrétaire d'Etat du régime honni, bénéficiant du courant anti communiste d'alors, ont refait surface, comme Tixier-Vignancour, dont Jean-Marie Le Pen sera le directeur de sa campagne présidentielle de 1965.
Entretemps, la guerre d'Algérie, les « ratonnades » dans les banlieues, laissent entrevoir « Le retour » possible. De Gaulle est la cible de plusieurs attentats fomentés par l'OAS dont il échappe de justesse. Et la France échappe de peu à la tentative de coup d'état de Salan de 1960.
Après 1968, l'extrème-droite est réduite à quelques groupuscules, réglant parfois leurs compte entre eux, faisant le coup de poing contre les gauchistes. On y distingue un borgne alors accusé d'avoir été un tortionnaire pendant la Guerre d'Algérie. Les anciens miliciens ou partisans vichystes, comme François Brigneau, s'ils finissent par se mettre d'accord pour fonder le Front National en 1972, comprennent aussi qu'ils sont trop « marqués » pour profiter alors d'un quelconque « succès » médiatique. Il leur faut un « champion ». Ce sera Jean-marie Le Pen.
« Tout beau-tout nouveau », comme dans les habitudes de l'extrème-droite, le Front Ntional, ne trouve cependant au départ, ses partisans que dans les anciens d'Algérie, chez d'anciens Pétainistes, chez des étudiants boutonneux des facs de Droit. Mais la déception de la gauche au Pouvoir et des partis politiques traditionnels d'un côté, l'abandon des positions ultralibérales du Front National de l'autre, lui fait bénéficier progressivement d'un appui populaire.
Même si certaines conceptions comme le racisme et la xénophobie ne peuvent apparaître ouvertement, le Rassemblement National – ex-Front National – reste fidèle à ses origines. L'immigration est un cheval de bataille où l'ignorance et la haine sont faciles à entretenir : « des-pauvres-fénéants-sales-et -malades-nous-envahissent... ». Et « L'anti racisme ne devient-il pas un paravent du totalitarisme » questionne dignement un cadre du RN.
L'anti communisme en parallèle avec l'anti-intellectualisme » - le mot « prof » devient une insulte - réduit à l'invective et au mensonge, se veut un argument imparable.
Fake news, condamnations (4)... tels sont les circonvolutions de l'extrème-droite.
Qu'importe les mensonges, les condamnations pour racisme ! L'odeur n'est pas si gênante après tout, nous dit Michel Onfray (5)...
Portes ouvertes, tapis rouge, vous sont donc offerts dans les médias, messieurs Zemmour, Finkelkraut (6), « hommes de liberté » « courageux » pourfendeurs de ce prétendu totalitarisme de gauche. Dieudonné attend le « come back » qu'on va lui offrir.
Et que la fachosphère, s'épanche donc, se défoule sans retenue dans sa fange et sur le net !
(1) Dans l'extrème-droite on range souvent les monarchistes. Même si Charles Maurras, leur leader, avait qualifié la défaite de la France en 1940 et la venue au pouvoir du Maréchal Pétain de « divine surprise », nombre de partisans de l'Action Française se distinguèrent dans les rangs de la Résistance...
(2) Parmi ceux qui payèrent un lourd tribut à la victoire contre les occupants et les fascistes, se trouvent les communistes, morts par dizaines de milliers. Il est profondémment injuste de ne pas reconnaître ce sacrifice de s'en tenir à l'attitude des chefs du Parti restés fidèles jusqu'en 1941 au pacte Staline-Ribentrop.
En 1945, ce sont les Soviétiques qui sont considérés comme les principaux vainqueurs de la guerre...
(3) Georges Valois, de son vrai nom Alfred-Georges Gressent (1878-1945) se réclamait d'une nouvelle forme d'organisation économique et sociale ainsi que de la synthèse du national et du social. Il oscille entre les radicalités de gauche et de droite. Avec le soutien financier de deux milliardaires, François Coty et Jean Hennessy, il fonde en 1925 un nouveau mouvement, le Faisceau. Mais ce soutien lui étant retiré, celui-ci s'effondre. Après un étrange périple, il meurt du typhus en janvier 1945 au camp de Bergen-Belsen.
(4) La vente de l'Alsace-Lorraine à l'Allemagne en est une dernière bien bonne !
« A l’extrême droite, les « fake news » se partagent à la pelle avant les européennes - Le Rassemblement national (ex-FN) et Debout la France multiplient les contre-vérités, amplifiées par les réseaux sociaux. » Lucie Soullier Le Monde 12/02/2019)
(5) Pour Michel Onfray le pire des maux serait d'être communiste. Fréquenter un Zemmour, par contre, n'est ce pas une preuve d'ouverture ?
(6) Voilà deux personnages qui ont été condamnés par la Justice pour racisme...
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