L’opacité du Qatar
Bien évidemment il n'a jamais été question de cela dans l'esprit des fondamentalistes, s'appuyant par effet de levier, sur les émeutes populaires pour arriver au pouvoir, comme les Frères Musulmans en Egypte ou Enna ha en Tunisie.
Ce qui est notable à présent c'est un double langage du Qatar qui a financé d'abord les printemps arabes puis l'arrivée des islamistes en Lybie -en cheval de Troie de l'Otan- jusqu'à l'envahissement du Sahël donc du Mali par les groupes djihadistes d'Aqmi...
Ainsi les insurgés djihadistes de Syrie (que la France soutient de fait objectivement) sont les mêmes que la France combat au Mali...
On retrouve dans cette aberration, encore le Qatar, étrangement mêlé aux évènements actuels lequel pousse les insurgés Syriens en les armant, en les finançant, en les exaltants par "Allah est grand", en les infiltrant de combattants djihadistes d'Al-Qaïda. Il faut comprendre que ceci est entrepris sous couvert de la "libération du peuple Syrien" qui est constitué en fait de plusieurs nations communautaires (il y en a sept qui vivent de façon séculaire). Le dessein du Qatar étant d'éradiquer les diverses peuplades ethnico-religieuses pour une créer une unité essentiellement sunnite sur l'ensemble des terres arabo-musulmanes.
La Syrie comme la Lybie ou le Mali sont bien des Etats. Mais ils ne sont pas des Etat/Nations au sens classique du terme car, à l'image de l'ex-Yougoslavie ce sont avant tout des partitions communautaires, ethnico-religieuses voir tribales, constituant diverses sociétés de traditions séculaires.
Ceci se joue avec la bienveillance des USA qui n'ont de cesse de conspuer l'Iran, pour en changer le régime, tout comme le souhaiterait l'Arabie Sahoudite. Cette terre sunnite spirituelle, qui déteste le frère ennemi, à savoir : l'Iran Chiite et sa mouvance religieuse installée par l'histoire à des degrés divers, sur l'Irak, la Syrie, le Liban.
Les américains de leur côté développent également une stratégie d'alliance d'opportunité avec les deux ténors sunnites pour dessouder le régime Iranien, ceci afin d'épouser au passage l'objectif Israëlien dans sa quête de colonisation de l'ensemble du territoire Palestinien de Cisjordanie, Gaza étant isolé donc neutralisé militairement.
Ainsi la question Syrienne est exemplaire de la volonté des Emirats de déstabiliser Bachar par un soulèvement manigancé -au sens machiavélique- dans la foulée des printemps arabes. Ceci afin d'instaurer des régimes sunnites absorbant les communautés alaouites, chiites, chrétiennes, kurdes -qu'ils veulent voir dissoutes- et imposer le wahhabisme fondamentaliste (et la Charia en tant que Loi qui codifie la société dans son ensemble).
En remontant le fil chronologique il devient probable de considèrer que l'on a poussé à la révolte populaire contre Bachar El Assad (qui n'est certainement pas un démocrate : on le découvre ?) car la Syrie est l'ennemi de poids (comme le Liban) qui gêne Israël dans ses desseins.
La question Iranienne suivra logiquement dans ce nettoyage de la région, riche en ressources de pétrole et de gaz.
Pour l'instant les américains -et l'occident- s'accommodent des actions salafistes, pour leurs vues expansionniste. Avec le dessein d'asseoir des dirigeants sunnites coopérants même s'ils sont fondamentalistes religieux par essence.
Autrement dit, on échange les libertés fondamentales en pactisant sur les rentes bien comprises du pétrole et du gaz achetées par des régimes dit "impies et mécréants".
Tout ceci est incohérent a priori du point de vue des droits de l'homme, des libertés démocratiques, des libertés religieuses, donc des valeurs. C'est bien la mascarade à laquelle on assiste.
Il faut toutefois admettre que si ces peuples veulent en arriver à une conception wahhabite par pur rejet de l'occident cela reste leur droit.
Le peuple Tunisien vient de comprendre -un an après- qu'on lui a volé sa révolution et que les libertés sociétales et laïques ont été confisquées par une propagande d'islamisation à marche forcée. Ce sont des soubresauts nébuleux qui soulèvent également le peuple égyptien vis à vis des Frères Musulmans au pouvoir, depuis ce début d'année.
Ancien ambassadeur de Tunisie à l'UNESCO
Philosophe, écrivain, journaliste et ancien ambassadeur de Tunisie à l'UNESCO, Mezri "Hadad est maitre de conférences
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