L’Oréal, l’éthique, et nous...
Les journalistes économiques et les autres se font l’écho, en cette fin de semaine, du rachat par l’Oréal de la firme britannique The Body Shop. Nouvelle acquisition pour l’Oréal, et une des premières dans la catégorie des produits très typés ultra branchés écolos.
Libération nous indique que : « Anita Roddick, Dirigeante de la société anglaise, entend bien continuer à jouer sa partition chez L’Oréal pour modifier les règles dans le domaine des droits de l’homme, de la protection des animaux et de l’environnement ». Libération ajoute encore : « Il y a quelques semaines déjà, l’Oréal annonçait le rachat de SkinEthic, une société française spécialiste de la reconstitution tissulaire de la peau, réputée pour bannir les tests sur les animaux, ce qui ménage la susceptibilité de leurs défenseurs, prompts à pointer du doigt les essais menés par les grandes firmes pharmaceutiques »
Cet acte de foi de l’Oréal à propos du commerce éthique et du respect des droits de l’homme et des animaux serait pour nous réjouir, si dans le même temps, il n’y avait ceci :
Extrait du communiqué du Conseil de la concurrence du 14 mars 2006 :
- « Le Conseil de la concurrence sanctionne à hauteur de 46,2 millions d’euros 13 sociétés exploitant des marques de parfums et cosmétiques de luxe ainsi que 3 chaînes nationales de distribution ».
Et entre autres sociétés, il condamne L’Oréal Produits de luxe France à 4,1 millions d’euros d’amende. La marque s’était entendue avec ses distributeurs pour que chaque produit soit vendu au détail à un prix unique, supprimant de ce fait toute possibilité de faire jouer la concurrence entre les points de vente de ce produit.
J’ai relu avec un certain plaisir la charte des valeurs de L’Oréal, dont voici un extrait :
-
Une charte éthique pour diffuser les valeurs et principes d’action
de L’Oréal
Respectueux de la personne humaine, de ses consommateurs, de ses partenaires et de son environnement, la culture de L’Oréal repose sur des principes éthiques forts qui ont fondé son développement.
Ces principes ont été formalisés au sein d’une charte éthique rappelant les valeurs fondamentales et les principes d’action auxquels L’Oréal est attaché et qui étaient jusqu’à présent toujours transmis par la parole et par l’exemple.*
Le côté « respectueux de ses consommateurs » me laisse quelque peu dubitatif au regard de la décision du Conseil de la concurrence. Il y a donc un réel problème de respect de la charte, notamment pour ce qui concerne les consommateurs, sans doute une petite erreur de lecture ou bien d’écriture. Il va falloir demander au rédacteur de supprimer les termes "de ses consommateurs" de la charte.
Trop d’entreprises ( cf. l’article sur Auchan publié auparavant) surfent sur le politiquement correct en créant des chartes éthiques. En fait, il s’agit bien trop souvent de vulgaire bout de papier sans valeur, juste un habillage de communicant destiné à séduire les esprits les plus innocents. S’il leur fallait un exemple de la manipulation dont ils sont quotidiennement l’objet, l’Oréal en est une superbe illustration.
Pour être complet et impartial, à noter : L’Oréal a indiqué, mercredi 15 mars dans un communiqué, qu’il "conteste formellement toute accusation d’entente verticale avec les distributeurs de ses marques" et envisage de faire appel de la décision du Conseil de la concurrence.
La suite : challengestempsreel.nouvelobs.com
L’article de Libé : www.liberation.fr
Communiqué du Conseil de la concurrence : conseil-concurrence.fr
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