L’ouverture : la grande forfaiture
Dans une récente déclaration, le Président de la République a explicité le sens de ce qu’il appelle « l’ouverture ». Celle-ci se révèle en fait n’être qu’une « forfaiture » contre le débat démocratique républicain.
« Depuis 2002, j’ai toujours une idée d’avance . Il faut mobiliser les électeurs tout en démobilisant les adversaires. Toute la stratégie de l’ouverture est là. "Je sais que ça vous gêne l’ouverture" a-t-il dit à son camp, "mais je dois vous mener à la victoire". KOUCHNER, BESSON, MITTERRAND, ROCARD, voilà ce que dit SARKOZY hier, "L’ouverture ne fait pas gagner une seule voix, mais elle démobilise l’adversaire. "On a bouffé", apparemment c’est le terme du Président, « on a bouffé la crédibilité de la gauche sur l’écologie, idem sur la culture, idem sur l’ouverture", a-t-il estimé. "Une des leçons des européennes c’est qu’il faut poursuivre l’ouverture", a poursuivi le président "y compris face au sectarisme du PS incarné par Bertrand DELANOË".
Outre le fait que la droite a gagné les élections européennes parce que 70% des moins de 30 ans se sont abstenus - dégoutés par le traité de Lisbonne que l’on fait passer au mépris du référendum de 2005 - on comprend mieux la stratégie purement cynique de Nicolas Sarkozy.
Lui qui a filtré l’accueil de Barack Obama aux cérémonies du débarquement à 300 militants UMP triés sur le volet, lui qui effectue régulièrement des déjeuners limités à ses seuls soutiens de l’ump, lui qui au sein même de l’UMP a créé un clivage entre les siens et les chiraco-villepiniste, lui qui programme des mesures pour ses catégories électorales (paquet fiscal, travail le dimanche, loi hadopi, défiscalisation d’heures supplémentaires, monopole de la publicité aux chaines privées, garantie de marchés publics à ses quelques amis, centaines de milliards d’euros donnés en cadeau au milieu bancaire et financier), M. Sarkozy attaque par le flanc droit Bertrand Delanoé pour lui accoler une étiquette de "sectaire".
Cette déclaration du Président, toute en finesse, est une réaction à ce qu’a déclaré Bertrand Delanoé à propos de l’ouverture des magasins le dimanche sur tout Paris, par un détournement des lois régissant le tourisme. Nicolas Sarkozy veut en effet faire de Paris une zone touristique dans son intégralité, afin de permettre l’ouverture le dimanche de tous les commerces parisiens.
Outrepassant le suffrage universel des parisiens, et donc les élus de la majorité parisienne dont c’est la compétence de déterminer les zones touristiques à Paris, le Président a décidé d’attaquer celui qui apparait déjà comme son principal opposant.
Mais ce qui frappe, à la lecture des propos de Nicolas Sarkozy, c’est l’usage de l’ouverture comme une arme de pure destabilisation, au mépris de toute attitude constructive et de tout respect démocratique de l’opposition. On ne cherche pas à faire de l’ouverture un mode de politique, mais simplement un outil qui vise à miner l’opposition, par la simple distribution de prébendes.
Ce ne sont pas les Ministres d’ouverture qui vont remercier le Président pour cette déclaration. Ils apparaissent en effet comme de simple instruments de destruction de l’opposition. Car l’objectif, derrière tout cela, c’est d’éliminer le système démocratique qui a fait la France en fusionnant au sein de la sarkozie tous les courants politiques afin d’assurer une réélection en 2012, et d’affaiblir suffisamment la gauche pour amener à la destruction du PS, et la multiplication de "petits partis d’opposition" qui, incapables de se coaliser, ne pourront remonter la pente. La droite deviendrait propriétaire de la République, et débaucherait régulièrement quelques personnalités de gauche pour intégrer l’opposition à la Monarchie Républicaine voulu par un dictateur, "Nicolas le Petit", accroché au pouvoir, rêvant d’attribuer sa succession à son propre fils.
Cette situation est strictement inacceptable pour n’importe quel démocrate. Elle devrait faire honte à ceux qui ont accepté cette trahison de toutes les valeurs pour se vendre à un Président qui les méprise, qui méprise l’opposition, qui méprise le suffrage universel. Kouchner, Besson, Amara, sont la lie de la politique, l’incarnation d’un nihilisme cupide et assoiffé de pouvoir et de positions sociales. Ils ne sont que la réplique, 65 ans après, de la trahison de la gauche par quelques collaborationnistes du type de Doriot ou de Déat, et de tous ceux qui ont voté, à gauche, les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.
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