L’UE exhortée à créer un organisme de renseignement pour contrer les menaces extérieures
L'Union européenne devrait progressivement créer un organisme de renseignement à part entière pour mieux contrer les menaces des acteurs étrangers et répondre plus énergiquement à l'espionnage à l'intérieur de ses frontières, selon un récent projet de rapport demandé par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Le 17 septembre 2021, Ursula von der Leyen a appelé à la création d’un nouveau centre du renseignement : « Il est temps pour l’Europe de passer au niveau supérieur en matière de défense. Pour cela, nous avons besoin d’une meilleure coopération en matière de renseignement avec un centre conjoint de connaissance de la situation (Joint Situational Awareness Centre), une interopérabilité améliorée, une politique européenne de cyberdéfense, avec une législation sur des normes communes ». Cependant, la différence entre cette structure et les autres structures des services secrets reste floue.
« Le nouveau service de renseignement recueillerait ses propres renseignements sur les menaces provenant de l'extérieur des frontières de l'UE qui ciblent l'ensemble du bloc, selon des personnes au courant du rapport », fait savoir Bloomberg. L'objectif est d'éviter les chevauchements avec les agences nationales et d'aider à contrer l'espionnage visant les institutions de l'UE. Plus tôt cette année, von der Leyen a chargé l'ancien président finlandais Sauli Niinisto de formuler des recommandations sur la manière d'améliorer la préparation du bloc à faire face à diverses crises possibles. « Il devrait publier ses conclusions dès la semaine prochaine et le projet est encore sujet à modifications », précise le média anglophone.
« L’UE devrait apporter une réponse unifiée et coordonnée aux menaces en utilisant tous ses instruments politiques, ainsi que les instruments nationaux de ses États membres », stipule le Forum d'Helsinki sur la sécurité. L’UE veut lutter contre les menaces hybrides. « Les fonctions vitales [de l’UE] sont constamment mises à rude épreuve par les menaces hybrides provenant de la Russie et de la Chine, et une réponse efficace nécessite de prêter attention à tous les aspects de la résilience », est-il rajouté. « Ces initiatives devraient améliorer la préparation aux crises militaires et non militaires, y compris aux événements qui mettent l’Europe à l’épreuve au quotidien, en deçà du seuil d’agression armée », souligne le Forum d'Helsinki sur la sécurité suite à la demande d’Ursula von der Leyen de fonder ce centre conjoint de connaissance de la situation.
Selon Bloomberg, « le rapport fait partie des efforts déployés par l’UE pour renforcer sa préparation en matière de défense et de sécurité dans un contexte de risques croissants, notamment les actions du président russe Vladimir Poutine auprès des membres orientaux de l’UE, les retombées potentielles des conflits au Moyen-Orient et les inquiétudes concernant la montée en puissance de la Chine à l’Est. L’UE est également devenue plus méfiante à l’égard de nouvelles menaces hybrides, telles que les vagues de migrants envoyées dans l’UE par la Russie et la Biélorussie pour déstabiliser les États membres. L’UE manque d’un service de renseignement approprié, les responsables analysant actuellement les sources publiques disponibles et les informations reçues des États membres. Cela limite la capacité des institutions de l’UE à détecter les menaces potentielles et à réagir ».
Sauli Niinisto devrait proposer d’élargir le mandat du Centre de renseignement et de situation de l’UE pour inclure la collecte de renseignements, ainsi que d’exploiter les délégations diplomatiques de l’UE à cette fin, ont déclaré les personnes sous couvert d’anonymat car le rapport n’est pas définitif. Le nouveau centre, en collaboration avec d’autres acteurs de l’UE, pourrait alors mener des activités de contre-espionnage et soutenir les décideurs politiques en mettant en évidence les risques potentiels.
En outre, le projet de rapport appelle l’UE à renforcer ses défenses contre les espions hostiles en alignant le cadre juridique de l’espionnage et des activités clandestines illégales dans les États membres afin d’éviter les refuges. Il devrait également proposer d’établir des restrictions pour les diplomates de pays tiers voyageant au sein de l’UE s’ils représentent une menace en termes de sabotage ou d’activités d’espionnage, ont ajouté les sources. « La Commission européenne a refusé de commenter », note Bloomberg.
La proposition d’un nouveau service de renseignement de l’UE est susceptible de susciter la controverse au sein de l’Union, compte tenu des inquiétudes concernant la centralisation du pouvoir à Bruxelles, ainsi que de la réticence des agences de sécurité nationales à partager des informations et des sources classifiées avec d’autres pays et institutions de l’UE. De hauts responsables et législateurs de l’UE avaient appelé par le passé à renforcer le partage d’informations entre les pays de l’UE à la suite des attentats terroristes de Paris en 2015 ou de Bruxelles en 2016, mais peu de progrès ont été réalisés.
Lors des discussions préliminaires visant à préparer le rapport Niinisto, certains États membres ont souligné l’importance de respecter les différentes responsabilités des autorités nationales et des institutions de l’UE. Certaines capitales ont fait remarquer la nécessité d’une réponse au niveau de l’UE compte tenu de la nature transfrontalière de certaines crises, ont indiqué des personnes au fait du dossier. Le rapport appelle également à renforcer l’utilisation des outils de financement déjà disponibles aux niveaux national et européen, ont indiqué les personnes interrogées. L’une des suggestions consiste à élargir le champ de financement de la Banque européenne d’investissement pour le secteur de la défense au-delà du double usage. Il devrait aussi proposer un plan d’investissement européen qui regrouperait divers outils de financement sous un seul instrument, ce qui pourrait permettre d’affecter une part du budget de l’UE à la préparation, à la sécurité et à la défense. « Les États membres devraient également consacrer un pourcentage spécifique de leur PIB à ces fins, selon les personnes interrogées », conclut Bloomberg.
Aux accusations de l’UE portées contre la Russie et la Biélorussie de faire venir des migrants en UE, il est, ici, « amusant » de citer la première chaîne de télévision allemande (ARD) qui rapporte de manière officielle le rôle de Berlin dans ce trafic des êtres humains. « L'Allemagne financera le sauvetage civil en mer jusqu'en 2026 », rapporte l’ARD, pointant directement le ministère allemand des Affaires étrangères qui finance les ONG, qui importent les migrants en Europe.
Le Merkur en date de ce 23 octobre stipule, d’ailleurs : « Grâce à une astuce domestique [de financement], Baerbock (la ministre allemande des Affaires étrangères) permet de financer les sauveteurs privés en mer en Méditerranée ». Pour cela, elle utilise ses ressources budgétaires, c'est-à-dire les impôts des Allemands.
Est-ce que les services secrets de cette nouvelle structure de l’UE vont mener des investigations au ministère allemand des Affaires étrangères ?
Philippe Rosenthal
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