« l’UE se fout de la démocratie » dit l’ex-directeur général des affaires européennes grec
Leonidas Chrysanthopoulos a démissionné de son poste de diplomate au minisère des affaires étrangères Grec. Il a été ambassadeur d'Athènes en Pologne, en Albanie et au Canada, et, enfin, le directeur général des affaires européennes au sein du ministère. Aujourd'hui, il ne mache pas ses mots sur la nature réelle de l'UE.
Ce n'est pas un complotiste qui s'exprime ainsi. Jeune officier fraichement émoulu à la fin des années 1970, Leonidas Chrysanthopoulos a contribué à l'époque au processus d'adhésion de Grèce à la CEE, l'ancêtre de l'UE.
A l'époque, la Grèce sortait de 9 ans de dictature et la CEE paraissait être le couronnement de son retour à la démocratie.
Des lois inconstitutionelles
Aujourd'hui, le diplomate, qui connait les relations UE-Grèce de l'interieur tient un tout autre discours, un discours désabusé :
"La démocratie n'existe plus en Grèce. Les mesures d'austérité récemment adoptées (le mémorendum imposé par la Troïka) étaient inconstitutionnelles selon les plus hauts tribunaux de la Grèce. Un membre du Parlement et ancien ministre a indiqué à la télévision que les mesures sont inconstitutionnelles, mais qu'ils doivent les voter. De cette façon, il ouvertement violé le serment qu'il a pris quand il a prêté serment de protéger la Constitution."
Blackwaters remplace la police
"Le gouvernement grec n'a pas confiance en sa police, dont les salaires ont également été réduits."
"Il a récemment conclu un accord avec la société remplaçante de Blackwater pour engager des mercenaires pour la protection du Parlement. Cependant, le Parlement, dans les démocraties, ne requiert aucune protection."
Les médias muselés
"Des directives ont été données aux médias sur ce qui peut être dit et toléré et ce qui ne peut être toléré. Les journalistes qui ne se conforment pas sont harcelés par des agents du gouvernement ou arrêtés. Un autre journaliste a été sommairement congédié de la télévision d'Etat, car il a montré le premier ministre qui était hué lors des célébrations de la fête nationale. Et l'UE se fout de la démocratie en Grèce comme elle le fait à propos de la démocratie dans d'autres pays, comme la Turquie."
Les militaires ne bougeront pas
Cependant il précise que via ce qu'il entend par les contacts qu'il entretient parmi ses anciens collègues et des politiciens, il est convaincu qu'il n'y aura pas de coup d'Etat militaire, contrairement à 1967.
"Il y a des contacts de certains hommes politiques avec des éléments des forces armées afin de garantir que, dans le cas d'une agitation sociale importante, l'armée n'interviendra pas."
"Je ne veux pas aller trop dans les détails ici car il s'agit d'une question délicate", poursuit-il. "Mais à la suite de ces contacts, je pense que cela va être un succès."
Métamorphose de l'UE
Ce diplomate regrette aujourd'hui d'avoir consacré sa carrière à faire entrer la Grèce dans l'UE : "Je faisais partie de l'équipe de négociation en tant que jeune diplomate qui a amené la Grèce à l'UE. L'UE que nous avons rejoint en 1981 n'existe plus." "Nous avons besoin d'un changement de cap."
Bientôt le chaos social
"A un certain moment, très bientôt, il y aura une explosion des troubles sociaux. Cela sera très désagréable"
Dans les dernières semaines, les bureaux des partis au pouvoir ont été incendiés, ainsi que les maisons de journalistes pro-gouvernementaux. Le siège du parti de la Nouvelle Démocratie au pouvoir a été mitraillé et quelques jours plus tard, une bombe a explosé dans un centre commercial appartenant au 2ème citoyen le plus riche du pays. Personne n'a été gravement blessé par les attaques.
"Il s'agit d'une escalade des actions", s'inquiète Leonidas Chrysanthopoulos, ajoutant qu'il s'attend à ce que "l'explosion" se produise tôt ou tard, quand les nouveaux impôts et les nouvelles taxes avec effet rétroactif viendront à échéance dans les prochains mois et que les gens ne pourront tout simplement pas payer. "Il y aura de nouvelles hausses des actions armées. Il y aura des manifestations sanglantes."
"Ces actions sont condamnables, bien sûr, mais je pense que ce genre d'activité armée augmentera aussi longtemps que le gouvernement continue d'imposer des mesures oppressives contre le peuple grec."
Il reste 6 mois.
"Nous n'avons pas six mois. Si l'UE veut changer quelque chose, ils doivent le changer hier. Nous avons même des problèmes à enterrer les morts parce que les gens ne peuvent plus payer les frais d'obsèques. Nous nous dirigeons sur la voie de la destruction. (...) La situation en Grèce est dramatique. Si nous poursuivons la voie de l'austérité, nous finirons par un désastre. Si la Grèce abandonne l'euro et revient à la drachme, la situation serait difficile, mais plus facile à gérer. Si nous devions revenir à la drachme, cela se ferait progressivement avec les deux monnaies en coexistence pour une période d'un an, ce que nous avons fait lorsque nous avons adopté l'euro. Mais avec une monnaie nationale, la Grèce sera en mesure de la dévaloriser et de rendre son économie plus compétitive."
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