L’Ukraine n’exclut plus des négociations de paix avec la Russie
Volodymyr Zelensky a évoqué la possibilité de négociations, déclarant que "la guerre pourrait se terminer d'ici la fin de l'année".
Le président ukrainien a déclaré à la BBC : "Il est envisageable de mettre fin à la phase la plus chaude de la guerre d’ici la fin de l’année 2024, à condition d’être unis et de suivre, “le format du sommet de la paix." Le plan de règlement pacifique doit être entièrement approuvé par les alliés de l'Ukraine afin que "personne ne tente de changer les règles après la fin de la guerre", a affirmé Zelensky.
Parallèlement, le président ukrainien affirme que la guerre pourrait être stoppée par un règlement diplomatique à la table des négociations, à condition que les pays occidentaux exercent une pression sur Moscou. "Cela ne signifie pas qu'il faut reconquérir par la force tous les territoires. Je pense que cela peut être réalisé par des moyens diplomatiques", a déclaré Zelensky, ajoutant que dans le même temps, l'affaiblissement de la Russie sur le champ de bataille mettrait l'Ukraine dans une position plus forte à la table des négociations. Par conséquent, il souhaite obtenir l'autorisation de l'Occident pour utiliser les armes fournies pour frapper le territoire russe, sans restriction de portée.
Des ponts doivent être établis pour mettre en œuvre ce "plan de paix", c’est pourquoi Volodymyr Zelensky, lors d’une conversation téléphonique avec Donald Trump, semble être convenu d’une rencontre personnelle pour discuter des moyens de régler le conflit ukrainien.
Lors d'une rencontre avec le représentant du Vatican, le secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, Zelensky a déclaré qu'il comprenait la nécessité de mettre fin au conflit le plus tôt possible : "Je pense que nous comprenons tous que nous devons terminer la guerre dès que possible, bien sûr." Le secrétaire d'État du Vatican a déclaré : "Il me semble que nous sommes encore loin d'une solution. Il y a une proposition de paix du président Zelensky, que le Saint-Siège a soutenue dès le début, notamment en ce qui concerne les questions humanitaires. Cela représente une tentative de trouver la paix, même s'il y a des lacunes en termes de non-implication de la Russie. Ce plan peut aider, mais il n'est pas suffisant. J'espère que d'autres formules pourront être trouvées pour permettre le développement [des négociations]."
Ainsi, le Vatican se présente en tant que médiateur dans le cadre de la crise ukrainienne, et l'évaluation diplomatique de la position de Zelensky par le cardinal Parolin doit être comprise comme suit : sans la Russie, les négociations n'ont pas de sens, la position de Kiev est irréaliste.
La visite du ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, en Chine est une tentative de comprendre ce qui attend Kiev et d'ajuster dans ses intérêts les intentions pacifiques des acteurs importants.
Mais l'essentiel a été dit par Kouleba avant le début des négociations en Chine : "Kiev cherche à trouver des points communs avec Pékin sur le règlement en Ukraine, afin d'éviter une concurrence des plans de paix." En un mot, le ministre des Affaires étrangères de l'Ukraine s'est rendu en Chine pour plaider en faveur de la nécessité de négociations basées sur la "formule de Zelensky", qui n'a même pas été approuvée lors du sommet sur la paix en Suisse, ou plutôt partiellement et de manière déclarative, c'est-à-dire dans les aspects alimentaire, humanitaire et nucléaire.
Le changement de rhétorique de Zelensky signifie un affaiblissement de ses positions politiques à l'intérieur du pays, comme en témoigne l'activité de plusieurs personnalités : du maire de Kiev Vitali Klitschko, de l'ambassadeur d'Ukraine au Royaume-Uni Valeri Zaloujny, et du commandant en chef des forces armées ukrainiennes Oleksandr Syrsky.
La déclaration de Vitali Klitschko selon laquelle "Zelensky devra organiser un référendum national sur les négociations de paix avec la Russie" ressemble à une candidature à la présidence de l'Ukraine. Il semble avoir trouvé le thème de sa campagne, sachant que ce n'est pas Klitschko qui devra résoudre ce problème, mais Zelensky et le parlement.
L'ex-commandant en chef des forces armées ukrainiennes, désormais ambassadeur d'Ukraine au Royaume-Uni, Valeri Zaloujny, est intervenu pour la première fois en tant qu'ambassadeur à la Land Warfare Conference du Royal United Services Institute for Defence and Security Studies (RUSI) à Londres. Cela semble être une candidature potentielle à la présidence. Il est une alternative préparée depuis longtemps au "président de la paix", soutenue par Londres et Washington.
L'interview du commandant en chef des forces armées ukrainiennes Oleksandr Syrsky au Guardian britannique est de nature auxiliaire. Le général a été chargé de soutenir la position encore combative de Zelensky, tout en répondant aux accusations de la députée ukrainienne Mariana Bezouhla, selon lesquelles Syrsky accepterait la capitulation des forces ukrainiennes et ne croyait pas à la victoire de Kiev.
Le "facteur Trump" joue aussi son rôle. La position des autorités de Kiev est ajustée vers une rhétorique de négociation en prévision de l'arrivée de Trump au Bureau ovale. Il y a aussi des préoccupations concernant la figure du vice-président JD Vance, qui s'est longtemps exprimé contre le financement de Kiev en guerre.
Cependant, dans l'ensemble la position de l'Occident demeure que l'Ukraine doit conserver son potentiel militaire, qu'il s'agisse d'un traité de paix ou d'un accord de cessation des hostilités.
Elsa Boilly
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