L’ultra-islamisme au service de l’utra-capitalisme
La révolution tunisienne sert de révélateur de la véritable face de l’occident.
La révolution tunisienne, dans sa dynamique propre, son déroulement, sa surprise, révèle la face cachée de l'occident.
Ce dernier n'a pas et n'a jamais eu comme volonté la libération des peuples, l'accès à la démocratie pour tous, le libre choix du système politique et économique par la population.
Il s'est servi de la démocratie, de l'appel à la démocratie, comme d'une arme contre le soviétisme. C'était dans ces pays une aspiration réelle et légitime, l'occident en étant alors le fer de lance apparent. Mais avec la démocratie, l'occident a fourgué sa face négative, ce qu'il appelle "libéralisme", mais qui n'est qu'en fait que l'ultra-capitalisme : rien ne doit échapper au marché, au privé, à l'emprise de la quête sans fin du profit.
Les mots ont un sens apparent et caché. Le "libéralisme" est de ceux-là. Chacun aspire à la liberté, mais le libéralisme vu par Friedman peut très bien s'accorder avec le régime de Pinochet. Il s'agit purement et simplement de la liberté des capitalistes, libres de fournir ou non, de l'énergie, de prodiguer ou non des soins à la population, de spéculer sur le riz, etc. Même les prisonniers politiques peuvent être détenus dans des prisons privées.
La réalité de ces théories c'est ce que l'on voit se réaliser sous nos yeux, l'accaparement de la richesse produite par une petite minorité, et l'appauvrissement généralisé de la population du monde (même si provisoirement certaines régions gagnent grâce à un différentiel social, mais là aussi, ce ne sont que des minorités qui en bénéficient). L'ensemble des services sociaux disparaît, et la misère croît. Apparaît le capitalisme radical, via un mécanisme mis en évidence par Naomie Klein, la stratégie du choc. Suite à un événement dramatique, soit provoqué volontairement (Chili, Irak) soit une catastrophe (Haïti :naturelle, Europe : financière), les structures de l'Etat social sont démantelées, les entreprises privatisées, les droits sociaux et démocratiques réduits, et l'accaparement de la minorité étendu.
On peut voir que ce qui est nommé "libéralisme" n'est en rien un facteur de démocratisation. Étant donné que celui-ci, via l'école de Chicago, prône une destruction, au nom de la liberté de l'individu, des systèmes de protection sociale, dont a besoin la population, il a besoin d'affaiblir la lucidité de cette population par la propagande, l'organisation du chaos, et si besoin l'instauration d'une dictature.
C'est dans cette stratégie que l'ultra-islamisme est un allié objectif de l'ultra-capitalisme. Il permet en effet via le terrorisme de terroriser la population et de lui imposer des réformes anti-sociales et anti-démocratiques qu'il n'accepterait pas sinon. L'exemple caricatural de la France où le gouvernement a sortit la menace terroriste pour limiter les grèves contre sa réforme inique des retraites en est un révélateur.
Les pays bases de l'ultra-islamisme, l'Arabie Saoudite et le Pakistan ne sont pas inquiétés par les étatsuniens. En Irak, les firmes étasuniennes prospèrent dans les domaines de la sécurité. Dans les pays du Maghreb, la menace islamique a permis de maintenir des régimes corrompus et dictatoriaux avec l'assentiment de l'Europe, et surtout de la France (où les ministres se villégiatisent). En France, la chasse à la Burka, notamment, permet au gouvernement de poursuivre ses réformes antisociales et de faire croître l'influence du FN (un second tour NS-MLP serait idéal pour NS). Le chaos dans les banlieues va dans le même sens, permettant au président d'apparaître comme un sauveur qui va faire restaurer l'ordre tout en conservant ce précieux désordre dans la réalité.
En ce sens l'ultra-islamisme est un vecteur de la propagation de l'ultra-capitalisme, par le choc qu'il crée, par la déstabilisation de la population, par la peur qu'il engendre.
Ce qui se passe en Tunisie, a contrario, ne va pas dans le sens souhaité par l'occident. Qu'un peuple, de lui-même, se débarrasse d'un dictateur adulé par les gouvernants, pour des raisons sociales et démocratiques, sans que les ultra-islamistes ne soient à l'origine de cette révolution, et veuille instaurer une vraie démocratie où la population décide du régime qui lui sied le mieux, ceci ne va pas dans le sens des intérêts objectifs de l'occident.
Mais ceci pourrait s'étendre, et peut-être inciter la population européenne elle-même à se débarrasser de ses dirigeants machiavéliques qui ne gouvernent que dans le sens de leurs intérêts privés.
Peut-être Tunis est-il le point nodal d'un nouveau changement vers une démocratie réelle, étymologique.
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