L’UMP devient le parti des idées. A quand un ministère des idées ?

2012 se prépare maintenant. L’UMP a lancé un vaste chantier industriel visant à produire des idées, par dizaines, par centaines, au kilo, à la tonne. Cet été 2010, les gens étaient en vacances, ils ont oublié la politique. Ils se sont massés sur la route du tour, pour voir passer la caravane publicitaire puis le cortège des stars à bicyclette mais personne ne se souvient de la caravane des idées lancée par Xavier Bertrand, sous-président de l’UMP. Christian Estrosi s’est mis aux petits soins pour des Français qu’il ne faut pas situer en bas et associer à la politique. Ils doivent désigner quels sont les sujets méritant d’être approfondis, ajoutant de plus, lors de son passage à Arcachon, que cette chasse aux idées est nécessaire pour que l’édifice bâti par Sarkozy pour la France ne soit pas démoli. Ah bon ? Mais qui aurait cette sotte idée de casser un édifice ? Peut-être Martine Aubry, accusée de vouloir momifier la France.
En ce mercredi 3 novembre, l’UMP passe à la vitesse supérieure et deux de ses ministres, Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez lancent le premier rendez-vous de la série. Une journée pour cogiter sur l’éducation à la Cité de la Science, la première d’une série de dix rencontres cogitantes (les prochains porteront sur les aînés et la dépendance ou l’identité nationale) dont l’objectif est d’accoucher de propositions à présenter au candidat Sarkozy dès l’automne 2011. Les Inrocks n’hésitent pas à titrer sur une guerre des idées lancée par l’UMP. Cette formule étant sibylline à souhait, car on ne sait pas qui sont les belligérants et quel est le conflit qui se joue. On peut aisément penser à un combat électoral contre le PS mené avec comme armes les idées, mais aussi des luttes intestines internes à l’UMP. Nous avons ainsi ces rendez-vous pour la France, lancés par Wauquiez et NKM, mais aussi le vieux club 89 né d’Alain Juppé et présidé par Benoît Apparu, jeune premier du gouvernement décidé à réactiver cette officine pensante pour se placer en 2012 et enfin, la grosse écurie forte de réseaux locaux, dirigée par Jean-François Copé qui se verrait bien quelque part en 2012 dans la perspective d’une réélection de Sarkozy. Le billet des Inrocks est sans ambiguïté. Ce sont bien les lieutenants de l’UMP qui se livrent une concurrence pour séduire le président et lui offrir en guise d’armement de campagne un stock inépuisable d’idées dans lequel il devra piocher. Soyons certains que le PS sortira aussi ses idées. Ce qui permet de penser que chaque politicien à une idée derrière la tête et un stock d’idées à revendre dans sa besace de représentant du peuple.
En 1974, c’était la crise de l’or noir. Un slogan est apparu sur les ondes. En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées. En 2010, Benoît est apparu (désolé) avec un autre slogan, en France, on n’a plus d’argent, plus de budget, mais on a des idées. Ce sera le mot d’ordre pour 2012. Prendre le pouvoir et gouverner avec des idées. Cette tendance en dit long sur le cours de la « chose politique » en cette seconde décennie du millénaire qui s’annonce plutôt difficile pour les pays européens. Le message crypté que veut faire passer l’UMP, c’est qu’il n’est pas une formation partisane, ancrée dans une idéologie, mais un parti du peuple qui utilise des idées pour tous les Français, où qu’ils soient, pour gérer leur situation et quoi de mieux que présenter ces idées, surtout quand on n’a plus d’argent dans les caisses. Cette tendance mériterait une analyse profonde de la vie politique au 21ème siècle. Nous avons le sentiment que le marasme n’est ni causé, ni solutionné par une mauvaise voie idéologique prise par les nations, voire des orientations, des choix de société mettant au centre des valeurs privilégiée (argent, croissance, profit, technologie) mais que tout peut être amélioré par des petites et grandes réformes soutenues par des tonnes d’idées. Comme si une société se résolvait à être une hyper machine industrielle dans laquelle les mécanos de la politique sévissent en jouant des idées comme d’un lego à déconstruire et construire. Ce qui signe la fin de l’Etat providence au profit d’un Etat bâti sous forme de modules qu’on assemble et désassemble en se servant d’un plan à géométrie variable que chacun écrit ou efface en mettant ses idées. Et comme les ingénieurs réfléchissant dans les partis sont légion, alors il faudra, après que chacun eut rédigé sa copie, faire une synthèse et diligenter un super Grenelle des idées qui devrait peser tout autant en 2012 que le Grenelle de l’environnement en 2007. Il manque néanmoins une personnalité en vue, une sorte de Monsieur Hulot des idées, pour devenir le VRP en chef capable de vendre le programme aux Français. Mais peut-être que ce VRP, ce sera notre président du pouvoir des idées, thème sans doute en vogue quand on ne peut plus proposer le pouvoir d’achat.
Au fait, que fait-on des idées ? On peut penser qu’elles seront transformées en textes de lois qui s’ajouteront aux milliers existants, plus les décrets d’application. C’est compliqué mais il faut savoir que la majorité des textes ne servent à rien parce qu’ils ne sont pas suivis de décret d’application. Tenez, j’ai une idée. Si on faisait un permis à point pour les parlementaires. Chaque texte inutile ferait perdre deux points et quand le député n’a plus de point, il est rendu inéligible pendant cinq ans, le temps de récupérer ses points. Gageons qu’il aura du temps pour produire des idées. Alors, elle pas bonne mon idée ?
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