L’UMP sous contrôle de l’Elysée
C’est en juillet 2007, tout le monde s’en souvient, que l’UMP a choisi de se lier pieds et poings au bon vouloir de l’Elysée. Du reste, Raffarin déclarera le 3 juin 2007 au grand jury RTL Figaro LCI : « Nicolas Sarkozy doit rester le leader naturel de l’UMP, même s’il n’en est pas le leader juridique. » Ensuite le bureau politique de l’UMP décide une nouvelle gouvernance pour le parti et Sarkozy impose Jerôme Peyrat, un de ses conseillers, comme directeur général (on se croirait dans une multinationale) de l’Union pour Ma Personne, l’œil de Moscou en somme. Cet œil de Moscou regardera aussi ailleurs à Matignon par exemple car ce même Jérôme Peyrat assistera à toutes les réunions du fantôme de la rue de Varennes, ainsi qu’à celles des dirigeants de la majorité. Par ailleurs, Dominique Paillé, conseiller de Gargantua dans ses relations avec le Parti (payé par l’Etat !) se verra nommé secrétaire général adjoint de l’UMP. Ces dispositions semblent combler d’aise le 7 juillet (Figaro) Renaud Dutreil le futur double battu municipal qui soulignera que le système de direction de l’UMP est « dérogatoire » : « Il a pour objet d’organiser l’intérim à la tête du parti jusqu’en 2012, puisque le vrai président de l’UMP est Nicolas Sarkozy ». Tout était clairement dit et du reste en contradiction avec l’impartialité de l’Etat et le mélange des cassettes, tous les mercredis à l’Elysée Sarkozy, chef de parti réunira les dirigeants de l’UMP à l’Elysée aux frais de la princesse.
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Mais voilà que ça tonne au sein de l’UMP. On a entendu les Baroin, les Tron, les Raffarin, les Novelli dirent tout le mal qu’ils pensaient de leur UMP et du besoin de rénovation (en contradiction totale avec les discours avant municipales, et avec l’ironie méprisante toujours d’actualité sur les dissensions au sein du PS ainsi que sur le manque de programme et d’idée de celui-ci). Le plus virulent, missile télécommandé par le château, Estrosi. Celui qui, en toute modestie, annonçait que, maintenant qu’il était le magistrat de la seconde ville de France, plus rien ne pouvait se passer en France sans son avis. Modeste non ? Nous avions appris à quel point il était modeste avec le budget de son ministère en billets d’avion, quelques roupies indiennes, il me semble. Dans L’Express, il nous livre deux éléments bien intéressants :
Quelle part de responsabilité attribuez-vous au secrétaire général, Patrick Devedjian ?
E Il a commis beaucoup de maladresses, il n’a pas su créer de synergies entre les différents acteurs de notre mouvement. Je suis inquiet quand je vois que, dans nos fédérations, plus personne ne réfléchit, plus personne ne travaille.
et plus loin :
Comptez-vous vous réinvestir dans la vie de l’UMP ?
J’entends, sous une forme ou sous une autre, être l’un de ceux qui seront les garants d’un retour aux fondamentaux, ceux que Nicolas Sarkozy nous a légués : l’ouverture, la réforme, le mouvement permanent. Il y a urgence : si nous ne retrouvons pas ces fondamentaux, nous irons à l’échec à chacune des prochaines échéances électorales.
D’abord le second point car le discours est une œuvre d’art de stéréotype de discours élyséen : l’ouverture, la réforme. Bon ça, ça passe on sait, quoique l’ouverture s’est refermée avec la Castafiore et la langue de vipère Jégo. Mais le mouvement permanent, là c’est plus fort ! Il faut lui donner le prix Lépine. Il répète tellement son texte qu’il ne se rend pas compte que le mouvement permanent est le total opposé de l’efficacité. Il a aussi bien retenu la leçon de Noël dernier car il y a Urgence. Cela fait bientôt un an qu’il y a urgence. A mon avis, si vous avez une appendicite évitez l’hôpital UMP ou Elysée, à force d’urgence vous mourrez de péritonite car on vous expliquera combien on est efficace dans l’équipe chirurgicale, combien tout cela est urgent qu’on oubliera juste de vous opérer. Vous noterez aussi bien qu’en hurlant de rire les ténors de l’UMP se gaussent et vilipendent l’opposition qui selon eux n’a ni programme ni idée (Estrosi ne dit-il pas ? : nous ne faisons plus bouger aucune ligne, nous ne portons plus aucun message, nous n’apportons plus aucune proposition concrète.) Voilà donc que M. Mimosa dit que l’UMP ne vaut pas mieux. Quant aux divisions (Combien ? disait Staline en parlant de celles du pape) nous l’avons vu l’UMP n’a rien à envier aux autres partis.
Le second passage est fort intéressant car il tire comme une canonnière sur Devedjian, l’homme à la salope, celui également qui ironisait que l’ouverture pouvait aussi se faire avec l’UMP. En fait, s’il a gagné la présidence des Hauts-de-Seine, il ne s’est pas fait un ami de Sarkozy. Il y a deux solutions pour supprimer un arbre qui pousse dans son jardin et qui fait de l’ombre. La première le couper au bas du tronc. Mais là il y a un risque qu’en tombant il en écrabouille quelques-uns et que le trou ne se voie de trop loin. la seconde c’est de planter tout autour de lui tant d’arbres à poussée rapide qu’à la fois il respirera nettement moins bien et à la fois il sera moins visible.
Le premier missile était niçois, une salade bien salée. Un autre coup de canif est venu du côté des meilleurs amis du cheftain, les Balkani, ceux qui font payer leurs travaux par leur municipalité, puis font abandonner les sommes dues par le conseil municipal. En effet, Isabelle Balkani, qui bien qu’invitée avec Martinon et Dati au mariage de la future Mme Attias, n’y est pas allée - amitié éternelle quand tu nous tiens - a traité (ambiance) Devedjian de Mao. Tout ceci est bien délicieux.
Le décor est planté. Voici la nouvelle ruse de l’Elysée, après avoir avancé comme un crabe : ce n’est pas une défaite, puis c’est de l’impatience par rééquilibrage, voilà maintenant le troisième volet du triptyque. Si les élections ont été perdues ce n’est pas que Sarkozy ait commis de vénielles erreurs, ni qu’il y ait une petite désaffection à son égard, et quelques interrogations sur ses frasques son côté bling bling et sa capacité à gouverner, non c’est la faute de l’UMP (cf. Estrosi). Et, en fait, ce n’est pas la faute vraiment de l’UMP, mais de Devedjian. Alors que Dati et Yade font du shopping londonien en calèche - si quelqu’un peut m’expliquer la présence de Dati, entre autres, à Wolfeboro (la seule invitée), à New York, en Chine (là c’est peut-être pour suivre les conseil de la Madone du Poitou pour copier le modèle judiciaire chinois) et maintenant à Londres, je lui serais reconnaissant d’éclairer ma lanterne car moi je ne vois pas l’intérêt de sa présence alors qu’il n’y a aucune rencontre prévue entre ministre de l’échiquier - et que le couple napoléonien fait des courbettes à Elisabeth (une monarque héritée, elle), il trouve le moyen, notre aimé guide, plutôt que de s’occuper de la France de traiter du problème de l’UMP. On dirait qu’il y a urgence. En effet notre bon, Figosky nous apprend que l’Elysée tout puissant est bien le maître à l’UMP. C’est à frémir. Sarkozystes renforcés au gouvernement et Elysée dirigeant à l’UMP. C’est le PCC. Balkani a raison, mais non avec Devedjian. Son mot est juste, mais c’est notre République qui se règle sur le modèle chinois. Le pouvoir se confond intégralement avec le parti dominant. L’UMP est aux commandes du pouvoir, et Sarkozy est aux manettes de l’UMP. La boucle est bouclée. C’est en effet lui qui décide. On apprend ce qui est relativement estomaquant et peu rassurant par exemple que : Le président a supervisé le remaniement qui devrait être annoncé vendredi matin, après une dernière mise au point avec Patrick Devedjian et Jean-Pierre Raffarin. La direction bicéphale de l’UMP planche depuis le 17 mars sur la modification de l’exécutif du parti. Elle a rendu compte à plusieurs reprises de l’avancement de ses travaux soit à Nicolas Sarkozy directement, soit au secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant.
Estrosi sera remercié de sa salve (un poste opérationnel), le "mauvaise foi faite homme", Xavier Bertrand va prendre la place de Dominique Paillé qui va prendre celle d’Yves Jégo. On s’amuse comme des petits fous à l’Elysée. On aime les chaises musicales. Mais c’est triché, car ce sont les opposants et qu’eux qui se trouvent sans chaise à la fin de la musique. Sarkozy a décidé de couper les têtes qui pourraient lui faire de l’ombre. Fillon n’a qu’à bien se tenir.
Les deux points qui posent des questions primordiales de fond :
Comment un ministre peut-il diriger un parti et s’occuper de son portefeuille correctement ? Où est l’impartialité de l’Etat si un des membres de l’exécutif est aussi dirigeant opérationnel de parti et le président en est le dirigeant de fait ?
Est-ce bon pour la démocratie qu’un chef d’Etat suive de si prêt le parti majoritaire à tel point qu’il choisisse lui-même la structure et les hommes ? Tant la démocratie au sein de l’UMP, que la démocratie en France ?
PS : à ceux qui sont plus malins que moi, je leur demande instamment de m’expliquer ce salmigondis d’Estrosi : Avec Nicolas Sarkozy, chacun jouait la bonne partition. Le violoncelliste n’était pas en désaccord avec le pianiste. Aujourd’hui, cet orchestre a disparu, car il n’y a plus de chef d’orchestre ! La direction bicéphale apporte une bonne réponse, car l’autorité morale reste celle du président de la République.
En effet, une direction monocéphale est une bonne chose et une direction bicéphale est une bonne chose. Ceux qui y voient de la contradiction sont des mauvais coucheurs. J’ai bien compris que la différence était que seul Sarkozy a le droit d’être le monocéphale, avec la tête gonflée comme une outre d’orgueil qu’il a je peux le comprendre. Et maintenant une direction à quinze têtes et encore mieux. Un petit effort et on arrivera à la démocratie.
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