L’uniforme à l’école : Le retour de l’autorité légitime ?

Dans mon livre : Éducation positive, Inclusion scolaire, Hauts Potentiels : LES NOUVEAUX MYTHES ici sur AMAZON,

je décris précisément pourquoi ce retour aux valeurs du passé est indispensable.

L'interview réalisée il y a quelques mois explique en quoi une éducation aujourd'hui devenue trop permissive nous conduit au drame que nous connaissons aujourd'hui avec une jeunesse qui n'a plus aucun respect pour la police (affaire Nahel) ou même qui tue pour un mauvais regard (affaire Enzo) :

Jean-Luc ROBERT, pourquoi parler de mythe au sujet de l'éducation positive ? Et qu'est-ce qu'un mythe selon vous ?

Le mythe est un récit fabuleux qui met parfois en scène des êtres surnaturels, des actions imaginaires, ou des fantasmes collectifs.

Concernant l'éducation positive, je considère en effet qu'il s'agit d'un fantasme collectif qui n'est donc pas en connexion avec la réalité. Nous aimerions en effet qu'il soit possible que l'éducation se passe d'une autorité jugée néfaste aujourd'hui. Nous fantasmons un monde idéal qui relaierait au placard une psychanalyse rétrograde qui affirmait qu'il était nécessaire que l'enfant soit castré pour bien grandir. Il s'agit à mon sens bien d'un mythe et je vais vous dire pourquoi.

J'estime en effet que l'éducation positive est dangereuse lorsqu'elle veut supprimer l'autorité qui permet un ordre et un fonctionnement sain dans notre société. Pour quelle raison, un maître, un entraîneur, un patron, qui n'a pas l'autorité avec lui, est-il en difficulté selon vous ?

Supposons que vous soyez un coach sportif : Allez-vous devoir entendre le souhait de chaque joueur et les positionner sur le terrain comme eux le souhaitent ? Et si vous arriviez à satisfaire tous les joueurs titulaires, que ferez-vous des réclamations des remplaçants qui voudront aussi un temps de jeu ? NON Le leader doit trancher, désigner les titulaires et les remplaçants. Il ne peut pas se perdre dans des négociations et faire plaisir à tout le monde. Et la cohésion d'équipe existe bien parce que chacun accepte son sort, se soumettant à une autorité. Vous entendez, la cohésion ! Autrement, l'équipe ne peut pas fonctionner. Sans soumission à une autorité, il n'y a pas de direction, il n'y a pas d'équipe qui fonctionne. Si vous saisissez mon analogie vous remplacez l'équipe sportive par l'entreprise, le foyer, l'école, comme vous voulez... rien ne peut se faire et fonctionner correctement sans autorité. La cohésion découle naturellement de cette autorité que l'on souhaite naïvement supprimer.

Mais pourquoi décrivez-vous ce fantasme comme collectif ?

Eh bien, je pense qu'il nous faut sortir du fantasme que nous pouvons, au nom de l'égalité et de notre bonté d'âme, avoir tous les mêmes rôles. Une entreprise ne peut fonctionner que parce que les rôles sont différents et parce que les learders se trouvant à sa tête, mènent la barque. Les décideurs peuvent certes concerter les employés, mais la décision finale leur revient.

Avec l'éducation positive, on est dans le fantasme de décisions collégiales qui seraient donc toujours prises à la lumière de l'avis de tous. C'est une illusion totale. Pour poursuivre mon analogie, la voix du jeune qui vient d'être recruté sera certes intéressante, mais il devra accepter que les aînés, et les learders de l'entreprise, au nom de l'expérience qu'ils ont, n'aillent pas dans son sens. Il sera lui-même légitime dans quelques années, à ne pas donner satisfaction aux requêtes des jeunes qu'il formera.

Un monde où la jeunesse se considère l'égale de ses maîtres est un monde où l'anarchie ne peut que régner.

Et pour répondre à votre question sur le fantasme qui serait collectif, je vais vous poser une question à mon tour : Quels sont les livres qui se vendent le mieux ? Les rares livres comme le mien, affirmant ouvertement que l'éducation positive est en réalité négative pour l'humanité, où les nombreux livres qui vous donnent la recette miracle pour devenir un parent positif ? Devinez en quel livre les parents ont collectivement envie de croire aujourd'hui ?

Comment expliquez-vous que l'on en soit arrivé là Jean-Luc ROBERT ? A ce fantasme collectif ?

Le problème est qu'en matière d'éducation, nous avons en effet souffert d'un excès d'autorité qu'il fallait, il est vrai, faire évoluer. Mais cela ne signifie pas pour autant qu'il faille aujourd'hui complètement bannir l'autorité de l'éducation.

Nous sommes passés d'un extrême à l'autre, considérant à tort les enfants comme de petits adultes doués de raison. Le discours Doltoïen défendant l'idée que : "l'enfant est une personne", et qui a correspondu à l'après révolution de 1968, a certainement été un des éléments du basculement. Mais l'enfant, par définition, n'est pas raisonnable, il est immature ! Je dirai que oui, l'enfant est une personne, mais il faut ajouter, "une personne immature". Lui faire systématique croire, par l'éducation positive, que l'on peut tout négocier avec lui, est le bercer d'illusion, et forger une personnalité qui posera bien des problèmes à la société. Nous verrons les dégâts occasionnés par cette idéologie dans une dizaine d'années à mon avis.

Le livre est ICI : Éducation positive, Inclusion scolaire, Hauts Potentiels : LES NOUVEAUX MYTHES,

Jean-Luc ROBERT Psychologue