L’Union méditerranéenne : la mutation pré-fondatrice !
Cet article vise à étudier la proposition du président français Nicolas Sarkozy d’œuvrer pour la création d’une Union méditerranéenne. Quels sont les objectifs de ce nouveau partenariat. Répondait-il aux attentes des riverains. Dans quelle mesure est-ce que ce rêve a des chances de réussites, malgré les désillusions du processus de Barcelone et le re-équilibrage européo-centriste de « la politique de voisinage » ?
Projet ambitieux, un grand rêve, l’Union méditerranéenne doit réussir sa mue prénatale, avant de s’institutionnaliser comme structure effective au service d’une Méditerrannée solidaire... Il serait exagéré, certes, de parler d’un accouchement dans la douleur ; mais les réticences qu’elle a suscitées au sein de l’Europe non-méditerranéenne - certains parleraient d’un phénomène de rejet - ont incité ses auteurs à réviser leurs copies, pour dissiper les malentendus de certains de leurs partenaires de l’Union européenne, sinon à revoir leurs ambitions à la baisse, pour tenir compte des pesanteurs du contexte.
On parle désormais d’une union à géométrie variable, d’une institutionnalisation minimum, d’une privilégisation de la réalisation de projets. Peu importe ! Ce qui compte, c’est d’abord et avant tout, de s’engager dans la destruction du mur, transféré de Berlin à la Méditerranée, par la magie de l’ère post-guerre froide. Eriger la Méditerrannée en espace partagé de solidarité au service de la prospérité, l’enjeu est de taille puisqu’il engage le Méditerranéen à défier l’Histoire, alors que les extrémistes des deux bords oeuvrent pour réveiller ses démons et tenter de réactualiser ses contententieux ! Serait-il utopique d’espérer pouvoir corriger les relations asymétriques hégémoniques ou du moins assurer les meilleures conditions à l’établissement d’un partenariat égalitaire. Peut-on exclure des négociations les revendications du Sud, relatives à la libre circulation des hommes ? Pour être crédible, l’Union méditerranéenne doit impérativement répondre aux attentes de tous les partenaires.
Le discours fondateur du projet se fonde sur une appréciation lucide des résultats modestes du processus de Barcelone, de l’abandon de son approche multilatérale dans « la politique de voisinage » et de l’occultation des dimensions socio-économiques, géopolitiques et culturelles du partenariat. Ce diagnostique originel, qui réhabilite les partenaires du Sud et évoque, en conséquence, une redynamisation des processus de solidarité, a suscité de l’intérêt et de l’entousiasme. La définition collective des enjeux et des objectifs au cours d’un sommet fondateur, - un postulat faisant valoir la multipolarité - prend en compte les exigences citoyennes de tous. Espérons cependant que les concessions de la genèse : recherche coûte que coûte du compromis, élargissement du périmètre, exclusion des questions d’actualité, ne réduisent pas les enjeux et les ambitions de ce projet historique. Sachons garantir cette mue du rêve en réalité, fut-elle l’œuvre d’un processus progressif.
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